Sunday, 15 January 2023

Et si vous m'expliquiez le bouddhisme? - L'histoire d'Ajatashatru

(*) Look for original English version below

La purification des mauvaises actions par le pouvoir de la confiance, c'est se réfugier dans les Trois Joyaux et cultiver l'esprit vers l'illumination suprême. Dans les temps anciens, Ajatashatru, le malfaiteur qui a tué son père, a purifié ses mauvaises actions et est devenu un bodhisattva en pratiquant le pouvoir de la confiance. Ainsi il est dit :

Celui qui manque de guidance
Et plus tard possède la pleine conscience
Est comme une lune radieuse libre des nuages.
Par exemple, Nanda, Angulimala, Ajatashatru et Udayana.

L'histoire d'Ajatashatru se déroule ainsi :

A Rajgir, il y avait un roi nommé Bimbisara qui était un grand protecteur du Bouddha et de ses disciples. Le roi eût un fils et fut nommé Thongden, qui signifie « Significatif à Voir » ou « Vision Vertueuse ». Mais il s'appelait aussi Ajatashatru, ce qui signifie « Ennemi Avant Naître ».

À cette époque, le cousin du Bouddha, Devadatta, était constamment en compétition avec le Bouddha et avait de mauvaises intentions pour lui faire du mal. Devadatta pratiquait la méditation et faisait d'autres efforts pour atteindre les cinq clairvoyances afin de nuire au Bouddha. Peu de temps après avoir atteint ces qualités, il est allé voir le prince Ajatashatru et lui montra ses pouvoirs miraculeux. Ajatashatru fut très impressionné et développa une grande dévotion pour lui. Il satisfit Devadatta avec beaucoup d’offrandes et plaisirs.

Le prince dit à Devadatta : « O Noble Seigneur, je voudrais avoir une fleur de mantra. »[1] Utilisant ses pouvoirs miraculeux, Devadatta se rendit au royaume divin des Trente-Trois et demanda aux dieux de lui donner une fleur. Mais comme il n'avait pas assez de vertu, aucun des dieux ne lui en donna une. Pensant que ce ne serait pas une grosse faute, il alla à la campagne dans le royaume des dieux et cueillit une fleur sauvage qui ne semblait appartenir à personne. Au moment où il a cueilli cette fleur, il perdit tous ses pouvoirs miraculeux. Il devint une personne ordinaire séjournant à Rajgir, comme avant. Il avait tellement honte d’avoir perdu tout son prestige qu’il ne pouvait pas affronter le prince Ajatashatru pour le moment.

Devadatta pensait récupérer sa position en allant voir le Bouddha et en lui demandant tous ses moines. « S'il me donne ses étudiants, je leur donnerai des enseignements. » Alors il alla voir le Bouddha et demanda : « Voudriez-vous me donner tous vos moines et votre centre de retraite ? Je voudrai enseigner ces moines et apprivoiser leurs esprits. »

Le Bouddha répondit : « Imbécile ! Même Shariputra qui est très brillant et a une vision profonde et une sagesse si spéciales que beaucoup de gens ont de la dévotion et du respect pour lui — je ne lui ai même pas donné mes disciples. Comment pourrais-je te les donner ? »

D’un coup, Devadatta devint très en colère. Il dit à Gautama Bouddha : « En ce moment, vous avez peut-être un bel environnement, mais il disparaîtra naturellement bientôt. » À ce moment, la terre trembla six fois et une tempête de poussière souffla sur Devadatta de sorte que tout son corps se couvrit de poussière. Cela rendit Devadatta encore plus en colère qu'avant. Déterminé à se débarrasser de son ennemi, il alla directement voir le prince, Ajatashatru.

Ajatashatru vit que Devadatta était très triste et que son visage était tout poussiéreux et sombre. « Ô Noble Seigneur, pourquoi ton visage est-il si laid et sans lueur ? Que s'est-il passé ? »

Devadatta dit : « N'avez-vous pas perçu que j'ai toujours cette humeur triste ? » Ajatashatru le pria de raconter les causes et les conditions d'un si grand deuil. Devadatta parla de cette façon : « Je suis l'un de vos amis les plus proches. Partout dans le pays, les gens disent des choses désagréables à votre sujet, donc mon esprit est bouleversé à ce sujet. »

« Quel genre de choses désagréables les gens disent-ils à mon sujet ? » demanda Ajatashatru.

Devadatta répondit : « Les gens vous appellent ‘Ennemi Avant Naître’. Ce sont les mots désagréables qu'ils utilisent. »

Ajatashatru a demandé, « Qui m'a donné ce nom, ‘Ennemi Avant Naître ?’ »

Devadatta répondit : « Avant votre naissance, alors que vous étiez encore dans le ventre de votre mère, le voyant prédit que vous tueriez votre père. Par conséquent, ils disent que vous étiez déjà l'ennemi de votre père avant votre naissance. Bien sûr, à l'intérieur du palais l'entourage t'appelle ‘Vertueux’ juste pour te faire plaisir. Mais dehors, les gens parlent comme ça. Parce que le voyant l'avait prédit, ta mère t'a jeté du toit quand tu es né pour te tuer. Tu n'es pas mort, mais tu as perdu un doigt alors. Alors, chaque fois que j'entends des gens t'appeler ‘Ennemi Avant Naître’, je me fâche, mais je n’osais pas osé te l'expliquer de cette façon. Maintenant, il semble que le moment soit venu de tuer votre père. Si vous pouviez tuer votre père le roi, je prendrais des mesures pour tuer Gautama le Bouddha. »

Après avoir entendu cela, Ajatashatru a convoqué deux ministres proches et leur a demandé d'expliquer la signification de ‘Ajatashatru’. Ils ont confirmé l'explication donnée par Devadatta. Après une discussion, le prince et les ministres mirent son père, le roi Bimbisara, en prison et l'entourèrent de forces militaires.

La reine-mère voulut voir le roi et courra vers lui, mais les gardes la retinrent. Les gardes informèrent Ajatashatru que la reine-mère voulait voir le roi-père et lui ont demandé s'il le permettrait. Cela le rendit encore plus en colère qu'avant. Prenant une épée à la main, il se précipita vers sa mère et était sur le point de lui couper la tête lorsque le Grand Médecin arriva et dit : « Peu importe le type de crime grave qui a été commis, les grands rois ne punissent généralement pas les femmes. Comment pouvez-vous tuer votre mère ? » Alors le prince libéra sa mère. Puis il empêcha d'atteindre son père emprisonné tous les médicaments, la nourriture, les vêtements et les boissons. Après sept jours, son père, le roi Bimbisara, mourut.

Après la mort de son père, Ajatashatru ressentit un profond regret au souvenir du mal qu'il avait créé. Le Grand Médecin vint vers lui et lui dit : « Toi, grand roi, s'il te plaît, comprends ceci. Avec cet acte non vertueux, tu as commis deux des crimes odieux : tuer ton père et tuer un entré dans le courant. »[2] En plus de cet acte non vertueux, lui et Devadatta avaient également blessé le Bouddha en lançant un rocher aux pieds du Bouddha. Le karma de toutes ces actions non vertueuses mûrit dans le corps d'Ajatashatru, et il tomba malade avec des furoncles couvrant son corps. Les furoncles produisaient du pus dont l'odeur imprégnait le royaume.

Des voix du ciel disaient qu'il mourrait bientôt et renaîtrait dans le royaume de l'enfer. Il consulta de nombreux médecins et autres maîtres, mais il ne reçut aucun soulagement. Le médecin-chef dit : « Avec le genre de mal que vous avez créé, personne ne peut vous aider sauf le Bouddha. »

Ajatashatru cria : « Si je vais voir le Bouddha, m'accepterait-il ? M'aiderait-il ? »

Le médecin-chef répondit : « Bien sûr. Pour le Bouddha, il n'y a aucune différence entre son fils et son ennemi acharné. Sa grande compassion et sa sagesse, ses excellentes qualités illimitées, imprègnent tous les êtres sensibles, même vous. »

Alors le médecin et Ajatashatru montèrent sur un éléphant et allèrent voir le Bouddha. Le Bouddha était assis sur un haut trône entouré de centaines et de milliers de moines, de grands êtres, de dieux et d'êtres humains, et donnait des enseignements. Lorsque le Bouddha vit Ajatashatru s'approcher au loin, il dit : « Ô grand roi ! Bienvenu. »

Ajatashatru pensa, "Il doit y avoir un autre monarque, il ne peut pas prendre- moi en compte."

Alors qu'il s'approchait, le Bouddha dit à nouveau : « Ô grand roi ! Bienvenu. » Ajatashatru pensait toujours qu'il parlait de quelqu'un d'autre. Puis une troisième fois, le Bouddha dit : « Ô grand roi Ajatashatru ! Tu es le bienvenu. » A ce moment, il s'est évanoui. On aspergea de l’eau sur son visage et, lorsqu'il reprit vie, il devint inexprimablement joyeux. Le respect, la confiance et la dévotion ont surgi dans son esprit et il fit de nombreuses prosternations. Le Bouddha dit : « Maintenant, vous devez purifier votre karma négatif. »

Ajatashatru dit, « Je purifie tout mon karma négatif et le négatif karma de tous les êtres sensibles. »

Le Bouddha a dit : « Vous avez bien fait de purifier non seulement votre propre karma négatif, mais aussi les mauvaises actions de tous les êtres sensibles. » Le Bouddha ensuite lui donna de nombreux enseignements, mais en particulier le Seigneur lui donna les enseignements de la bodhicitta et le vœu du bodhisattva. Ajatashatru pratiqua avec un grand effort et une grande persévérance et réalisa ce qu'on appelle « atteindre l'état de patience du non-né ». En raison de ces causes, il prit refuge sur le Bouddha, le Dharma, la Sangha et la bodhicitta et purifia tout son karma négatif.



[1] C’est une fleur que pousse seulement dans les royaumes divins.

[2] Le roi Bimbisara avait attint le niveau ‘entré dans le courant’

(*) Traduit du « THE JEWEL ORNAMENT OF LIBERATION » édition en anglais par Khenpo Konchog Gyaltsen Rinpoche

The Story of Ajatashatru

The purification of evil deeds through the power of reliance, is taking refuge in the Three Jewels and cultivating the mind toward supreme enlightenment.  In old times, Ajatashatru, the evildoer who killed his father, purified his evil deeds and became a bodhisattva by practicing the power of reliance. Thus it is said:

One who lacks self guidance
And later possesses mindfulness
Is like a radiant moon being freed from clouds.
For example, Nanda, Angulimala, Ajatashatru, and Udayana.

Ajatashatru's story goes like this:

In Rajgir, there was a king named Bimbisara who was a great sponsor of Buddha and his disciples.  A son was born to this king and was named Thongden, which means "Meaningful to See" or "Virtuous Seeing." But he was also called Ajatashatru, meaning "Enemy Before Birth."

During that time, Buddha's cousin Devadatta was constantly competing with the Buddha and had evil intentions of harming him.  Devadatta practiced meditation and made other efforts to achieve the five clairvoyances in order to harm the Buddha.  Soon after he achieved those qualities, he went to the prince Ajatashatru and displayed his miracle powers.  Ajatashatru was very impressed and developed great devotion for him.  He satisfied Devadatta with all the different offerings and enjoyments.

The prince said to Devadatta, "O Noble One, I would like to have a mantra flower."1 Using his miracle powers, Devadatta went to the God Realm of the Thirty-three and asked the gods to give him a flower.  But because he didn't have enough virtue, none of the gods would give him one.  Thinking that it wouldn't be a large fault, he went to the countryside in the god realm and picked a wild flower that did not appear to be owned by anyone.  The moment he picked that flower, he lost all his miracle powers.  He was an ordinary person staying in Rajgir, just as before.  He was so ashamed that he had lost all his prestige.  For the time being, he could not face the prince, Ajatashatru.

Devadatta thought to regain his position by going to Buddha and asking for all his monks.  "If he gives me his followers, I will give teachings to them." So, he went to Buddha and requested, "Would you give me all your monks and surroundings?  I would like to give teachings to those monks and tame their minds."

Buddha responded, "You fool!  Even Shariputra who is very bright and has such special insight and wisdom that many people have devotion and respect for him—I haven't given my followers even to him.  How can I give them to you?"

In an instant, Devadatta became very angry.  He said to Gautama Buddha, "Right now you may have nice surroundings, but these will naturally disappear soon." At that moment, the earth shook six times, and a dust storm blew on Devadatta so that his entire body was filled with dust.  This made Devadatta even more angry than before.  Determined to get rid of his enemy, he went directly to see the prince, Ajatashatru.

Ajatashatru saw that Devadatta felt very sad and that his face was all dusty and gloomy.  "O Noble One, why is your face so unsightly and without radiance?  What has happened?"

Devadatta said, "Haven't you perceived that I always have this sad mood?" Ajatashatru begged him to relate the causes and conditions for such great mourning.  Devadatta spoke this way, "I am one of your closest friends.  All over the country, people are saying unpleasant things about you, so my mind is upset over that."

"What sort of unpleasant things are people saying about me?" Ajatashatru asked.

Devadatta replied, "People are calling you 'Enemy Before Birth.' Those are the unpleasant words they are using."

Ajatashatru asked, "Who has given me this name, 'Enemy Before Birth?'"

Devadatta answered, "Before you were born, while you were still in your mother's womb, the sign reader predicted that you would kill your father.  Therefore, they say you were already your father's enemy before you were born.  Of course, inside the court the entourage calls you 'Virtuous' just to please you.  But outside, people are talking this way.  Because the sign reader predicted that, your mother threw you from the roof to the ground the moment you were born in order to kill you.  You didn't die, but you lost one finger then.  So, whenever I hear people calling you 'Enemy Before Birth' I get upset, but I dared not explain it to you this way.  Now it looks like the time has come to kill your father.  If you could kill your father the king, I will take steps to kill Gautama the Buddha."

After hearing this, Ajatashatru summoned two close ministers and asked them to explain the meaning of "Ajatashatru." They confirmed the explanation given by Devadatta.  After a discussion, the prince and the ministers put his father, King Bimbisara, in prison and surrounded him with military forces.

The mother-queen wanted to see the king and rushed toward him, but the guards restrained her.  The guards informed Ajatashatru that the mother-queen wanted to see the father-king and asked whether he would permit it.  This made him even angrier than before.  Taking a sword in his hand, he rushed toward his mother and was just about to cut off her head when the Great Physician arrived and said, "No matter what kind of grave crime has been committed, great kings do not usually punish women.  How can you kill your mother?" So the prince released his mother.  Then he stopped all medicine, food, clothes, and drink from reaching his imprisoned father.  After seven days, his father, King Bimbisara, died.

After his father died, Ajatashatru felt deep regret at the thought of the evil he had created.  The Great Physician came to him and said, "You great king, please understand this.  With this one nonvirtuous act, you committed two of the heinous crimes—killing your father and killing a stream-enterer."2 In addition to this nonvirtuous deed, he and Devadatta had also hurt Buddha by heaving a boulder at Buddha's feet.  The karma of all these nonvirtuous deeds ripened in Ajatashatru's body, and he fell ill with boils covering his body.  The boils produced pus, the smell of which permeated the kingdom.

Voices from the sky said that he would die soon and be reborn in the hell realm.  He consulted many physicians and other teachers but received no relief.  The chief doctor said, "With the kind of heavy evil you created, no one can help but the Buddha."

Ajatashatru cried, "If I go to Buddha, would he accept me?  Would he help me?"

The chief doctor replied, "Of course.  To Buddha, there is no difference between his son and his bitter enemy.  His great compassion and wisdom, his limitless excellent qualities, pervade to all sentient beings— even you."

So the physician and Ajatashatru rode on an elephant and went to see Buddha.  Buddha was sitting on a high throne surrounded by hundreds and thousands of monks, great beings, gods, and human beings, and was giving teachings.  When Buddha saw Ajatashatru approaching in the distance, he said, "O great king!  Welcome."

Ajatashatru thought, "There must be some other monarch, he can't mean me."

As he advanced closer, Buddha again said, "O great king!  Welcome." Still Ajatashatru thought he meant someone else.  Then a third time, Buddha said, "O great king Ajatashatru!  You are welcome." At that moment, he fainted.  Water was sprinkled on his face and, when he revived, he became inexpressibly joyful.  Respect, confidence, and devotion arose in his mind and he did many prostrations.  Buddha said, "Now you should purify your negative karma."

Ajatashatru said, "I purify all my negative karma and the negative karma of all sentient beings."

Buddha said, "You have done well to purify not only your own negative karma, but also the evil deeds of all sentient beings." Buddha then gave him many teachings, but in particular the Lord gave him bodhicitta teachings and the bodhisattva's vow.  Ajatashatru practiced very hard with great persistence and achieved what is called "attaining the state of patience of the unborn." Due to these causes, he relied on the Buddha, Dharma, Sangha, and bodhicitta and purified all his negative karma.

Et si vous m'expliquiez le bouddhisme? - L'histoire de Nanda

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En craignant la maturation future de la négativité, on cesse de commettre de mauvaises actions. Dans les temps anciens, Nanda, le malfaiteur qui était très attaché à une femme, attint le fruit de l'état d'Arhat en purifiant ses mauvaises actions par le pouvoir de la résolution. Ainsi il est dit :

Celui qui manque de guidance
Et plus tard possède la pleine conscience
Est comme une lune radieuse libre des nuages.
Par exemple, Nanda, Angulimala, Ajatashatru et Udayana.

L'histoire de Nanda se déroule ainsi :

Pendant que le Bouddha séjournait à Kapilavastu, il arriva que le neveu du Bouddha, Nanda, était tellement attaché à la beauté et aux talents de sa femme Pundarika qu'ils ne pouvaient pas se séparer ne serait-ce qu'un instant. De cette façon, leur vie était pleine de plaisir. Le Bouddha, avec sa pleine conscience, sa compassion et sa clairvoyance, comprit qu'il était temps d'aider Nanda.

Alors le Bouddha est allé avec Ananda mendier pour le déjeuner. Lorsqu'il arriva à la porte, le Bouddha irradia une lumière brillante dans la maison et les habitants se demandèrent quel était ce signe spécial. Ils ordonnèrent à un domestique d'aller voir. C'était le Bouddha, et le serviteur revint et rapporta cela. Nanda se leva immédiatement pour aller saluer le Bouddha. Tout de suite, sa femme Pundarika eût peur qu'il devienne moine. Elle ne voulait pas que cela se produise, alors elle s’accrocha à ses vêtements et le supplia de ne pas y aller. Nanda dit : « Je vais juste aller voir le Bouddha et faire des prosternations. Je reviendrai rapidement. » Elle mit une goutte d'eau sur sa tête et lui demanda de revenir avant qu'elle ne sèche ; il promit de le faire.

Alors Nanda alla voir le Bouddha et fut des prosternations. Il prit le bol de mendiant du Bouddha à l'intérieur de la maison et le remplit de de délicieuse et excellente nourriture. Mais quand il sorti pour faire l'offrande à la porte, le Bouddha s'éloignait lentement, doucement. En raison de la puissance, de la dignité et de la splendeur du Bouddha, il ne pouvait pas l'appeler et demander de reprendre son bol de mendiant. Ananda refusa de le prendre et il ne pouvait pas simplement laisser le bol par terre, il donc dû suivre le Bouddha avec bol de mendiant.

Quand ils sont tous arrivés au temple, le Bouddha accepta le bol de mendiant et demanda à Nanda de s'asseoir avec lui. Le Bouddha apprécia la nourriture du déjeuner et donna les restes à Nanda en disant : « S'il te plaît, mange ça. » Alors Nanda mangea tous les restes. Et le Bouddha dit : « Es-tu intéressé à devenir moine ? » En raison du pouvoir et de la dignité du Bouddha, il ne pouvait pas refuser. Il juste répondit : « Si. » Le Bouddha dit alors à Ananda : « S'il te plaît, emmène Nanda pour qu'il se fasse couper les cheveux et la moustache. »

Alors Ananda l'emmena chez le barbier. Mais quand il commença lui couper les cheveux, Nanda lui dit : « Barbier, bientôt, je deviendrai un grand monarque. Si tu me coupes les cheveux, quand ça arrivera, je te couperai les deux mains. » Le barbier eût tellement peur qu'il s’enfuît.

Ananda rapporta immédiatement l’histoire au Bouddha. Le Bouddha s'avança doucement vers Nanda et demanda : « N'es-tu pas intéressé à devenir moine ? »

Nanda dit : « Oui, je veux être moine. » Le Bouddha l'emmena à un endroit approprié et demanda à Ananda d'apporter de l'eau. Il a lui-même lavé la tête de Nanda et coupé les cheveux et la moustache de Nanda.

Pour le moment, Nanda servait le Bouddha. Bien qu'il devînt physiquement moine, il ne pensait jour et nuit qu'à son désir de rentrer chez lui. Une nuit, il se préparait à rentrer chez lui et le Bouddha fit apparaître un énorme précipice pour qu'il ne puisse pas y aller. Nanda pensa : « J'irai demain. » Il souffrait beaucoup en se souvenant de sa femme. Connaissant l'état de son esprit, le Bouddha demanda à Ananda de dire à Nanda qu'il devait rester au temple et nettoyer pendant que le Bouddha et tous les moines allaient à Kapilavastu à déjeuner. Alors Nanda resta pour nettoyer le temple.

Lorsque le Bouddha et tous ses moines sont partis, Nanda devint très excité à l'idée que juste après avoir nettoyé le temple, il pourrait rentrer chez lui. Mais peu importe combien il nettoyait le temple, toute la poussière revenait sans cesse par le pouvoir de la manifestation du Bouddha et il se fatigua beaucoup. Même s'il ne finit pas de tout nettoyer, il ferma la porte et commença à partir. Juste il ferma la porte du temple, qu’elle se rouvrit d'elle-même. Lorsqu'il la referma, elle se réouvrit toute seule. Il pensa : « Je ne peux pas fermer la porte, mais même si le temple est détruit ou s'effondre, je pourrai le reconstruire quand je deviendrai roi. » Et avec cette pensée, il commença à courir.

Il se dit que s'il passait par la route principale, il rencontrerait le Bouddha et tous les moines et que ça ne marcherait pas. Il emprunta donc un petit sentier. Pour le Bouddha, bien sûr, tout est visible, et emprunta le même sentier. Quand Nanda vit que le Bouddha arrivait, il se cacha sous la branche d'un grand arbre, mais quand le Bouddha s’approcha, l'arbre simplement se souleva dans l'espace et il était là. Nanda avait très honte et peur. Le Bouddha a dit : « Aimerais-tu retourner au temple ? » et il dit oui.

Le Bouddha savait que Nanda souffrait tellement en pensant à sa femme. Alors un jour, le Bouddha lui demanda : « As-tu déjà vu ou visité cette montagne de l'autre côté, celle qu'on appelle la Montagne qui sent l'encens ? » Nanda répondit qu'il n'y était jamais allé, le Bouddha suggéra de s'y rendre, juste comme une promenade. Nanda accepta. Le Bouddha dit : « Maintenant, prends ma robe du Dharma ! » et avec son pouvoir miraculeux, ils volèrent dans le ciel et allèrent vers cette montagne forestière. Le Bouddha s’assit et dit à Nanda de simplement regarder une singe qui avait perdu un œil. Alors, le Bouddha lui demanda : « Nanda, laquelle est la plus belle — ta femme Pundarika ou cette singe ? » Il a répondu : « Pundarika, ma femme, est 100 fois plus belle que ça. Cette singe n'est pas du comparable. » Puis ils revinrent au temple.

Le lendemain, le Bouddha a demandé à Nanda s'il était intéressé à aller voir le royaume des dieux et Nanda a dit : « Oui, je le suis. » Le Bouddha dit : « Dans ce cas, tiens juste ma robe. » Il saisit la robe et tout suite, grâce à son pouvoir miraculeux, le Bouddha l'emmena dans le royaume divin des Trente-Trois. Le Bouddha s’assit et dit à Nanda se promener pour voir l’endroit. Il alla à la ville des palais des dieux. Il y avait beaucoup, beaucoup de palais, chacun occupé par des dieux et déesses. Il y avait luxe et des plaisirs partout. Il parcourut tous les palais.

Dans un palais se trouvait un trône vide — il n’y avait pas de dieu, seulement des déesses. Nanda était curieux et demanda aux déesses : « Les autres palais que j'ai vus avaient des dieux et déesses, mais ici il n'y a que des déesses, pas des dieux. Pourquoi c’est ainsi? » Elles repondèrent : « Au présent sur la Terre, le neveu du Bouddha, Nanda, est devenu moine. C’est pourquoi, après sa mort, il renaîtra ici. Ainsi, nous préparons cet endroit pour lui. » Il était si excité et se sentait si heureux qu'il se précipita vers le Bouddha et lui expliqua tout ce qu'il avait vu.

Cette fois, le Bouddha lui demanda : « Qui est plus belle, ta femme Pundarika ou ces déesses ? » Nanda répondit : « Ma femme Pundarika est comme la singe aveugle. Il n'y a pas de comparaison possible. Les déesses sont des centaines et des milliers de fois plus belles. » Alors le Bouddha dit, « Maintenant vas pratiquer la vie de moine célibataire, et tu réjouiras tous les délices du royaume des dieux. » Et ils retournèrent au temple d'Anatapindadasyarama. Afin d'atteindre les plaisirs des royaumes divins, Nanda fut des efforts pour maintenir sa vie de moine.

Connaissant l'état d'esprit de Nanda, le Bouddha ordonna à Ananda qu'aucun des moines ne devrait parler ou rester avec Nanda parce qu'il ne faisait que tenir le vœu de son moine d'atteindre le royaume divin. À cause de cette instruction, tous les moines le quittèrent ; ils ne lui parlaient pas et ne restaient pas près de lui. Nanda devint un peu déprimé et alla voir Ananda en pensant que, parce qu'Ananda était son neveu, peut-être qu'il lui parlerait. Mais Ananda l'avait également quitté. Nanda lui demanda : « Pourquoi fais-tu cela ? Les autres moines peuvent me quitter, mais tu es mon neveu. Comment peux-tu faire ça ? » Ananda reconnut que ce qu'il avait dit était vrai, mais que leurs chemins étaient différents. « Vous faites des efforts pour respecter votre vœu de célibat de moine juste pour atteindre les plaisirs des royaumes divins. Nous faisons des efforts pour atteindre le nirvana. Par conséquent, il n'est pas correct pour nous d’être avec vous. » En entendant ça, Nanda devint très bouleversée et encore plus déprimée.

Connaissant sa motivation, le Bouddha est allé vers lui et lui dit : « Nanda, as-tu vu le royaume de l'enfer ? » Quand Nanda répondit : « Non », le Bouddha lui dit : « Voudrais-tu aller le voir ? » « Oui, » dit Nanda. Le Bouddha lui demanda de tenir sa robe et, en un instant, le Bouddha l'emmena au royaume de l'enfer. Le Bouddha s’assit et lui dit : « Maintenant vas visiter cet endroit. »

Pendant qu'il marchait, Nanda vit de nombreux pots de cuivre géants, assis sur un sol brûlant et remplis de métal liquide. Les gens étaient cuits à l'intérieur des marmites par les gardiens du royaume de l'enfer et souffraient de manière inconcevable. Il alla de place en place, et à un endroit il vit une énorme marmite en cuivre comme les autres, mais il n'y avait personne à l'intérieur. Alors Nanda demanda aux gardiens de l'enfer : « Dans tous les autres pots contenant du métal brûlant liquide il y avait quelqu'un en train de cuire. Mais ici, il n'y a personne, seulement le métal liquide. Pourquoi cela ? »

Les gardiens ont répondu : « Sur la Terre se trouve maintenant le neveu du Bouddha, Nanda. Il devint moine et pratique le Dharma en gardant son vœu de célibat pour renaître dans le royaume des dieux. Après cela, il renaîtra dans ce pot et sera cuit. » Terrifié à l'idée qu'ils purent le reconnaître et le jeter dans la marmite, Nanda se précipita vers le Bouddha et expliqua tout ce qu'il avait vu et entendu.

Le Bouddha dit : « Si tu deviens moine avec l'aspiration de profiter des avantages des royaumes divin et humain, se produit également ce genre de désavantage. Ainsi, tu devrais garder tes vœux de moine afin d'atteindre le nirvana. » En suite, Buddha et Nanda retournèrent au bosquet de Jetavana.

Le Bouddha dit à tous les moines, et à Nanda, que chacun devrait faire des efforts pour purifier complètement les trois défauts du désir, de la haine et de l'ignorance. À partir de ce moment, Nanda fit des sincères efforts sans attachement à la jouissance et au confort temporaire des royaumes des dieux ou humain. Le Bouddha donné des enseignements selon sa disposition et Nanda médita profondément en la pratique. En raison de ça, il atteint le niveau d’Arhat peu de temps après.

(*) Traduit du « THE JEWEL ORNAMENT OF LIBERATION » édition en anglais par Khenpo Konchog Gyaltsen Rinpoche

The Story of Nanda

By fearing the future ripening of negativity, one ceases to commit evil deeds. In old times, Nanda, the evildoer who was very attached to a woman, attained the fruit ofArhatship by purifying his evil deeds through the power of resolve. Thus it is said:

One who lacks self guidance
And later possesses mindfulness
Is like a radiant moon being freed from clouds.
For example, Nanda, Angulimala, Ajatashatru, and Udayana.

Nanda's story goes this way:

While Buddha was staying in Kapilavastu, it happened that Buddha's nephew Nanda was so attached to his wife Pundarika's beauty and talents that they couldn't separate for even a moment.  In that way, their lives were full of enjoyment.  Buddha, with his great awareness, compassion, and prescience, came to know that it was time to help Nanda.

So, Buddha went together with Ananda to beg for lunch.  When he arrived at the door, Buddha radiated clear light into the house and the inhabitants wondered what this special sign was.  They asked a servant to go see.  It was Buddha, so the servant came back and reported this.  Nanda immediately prepared himself to greet Buddha.  At that moment, his wife Pundarika was afraid that he might become a monk.  She did not want that to happen, so she clung to his clothes and begged him not to go.  Nanda said, "I will just go see Buddha and do prostrations.  I'll be back quickly." She put a drop of water on his head and asked him to return before it dried; he promised to do so.

So, Nanda went to see Buddha and did prostrations.  He took Buddha's begging bowl inside the house and filled it with all the delicious excellent food.  But when he went outside to make the offering at the door, Buddha was slowly, gently walking away.  Because of the power, dignity, and splendor of the Buddha, he could not call after him and ask to take his begging bowl.  Ananda refused to take it and he could not just leave the bowl on the ground, so he had to follow after Buddha holding that begging bowl.

When they all arrived at the temple, Buddha accepted the begging bowl and asked Nanda to sit with him.  Buddha enjoyed the food for lunch and gave the leftovers to Nanda, saying, "Please eat this." So Nanda ate all the leftovers.  Then Buddha said, "Are you interested in becoming a monk?" Due to the power and dignity of Buddha, he could not refuse.  He just said, "Yes." Buddha then said to Ananda, "Please take Nanda to get his hair and mustaches cut."

So, Ananda took him to the barber.  But when the barber started cutting his hair, Nanda said to him, "Barber, not too long after this I will become a great monarch.  If you cut my hair, at that time I will cut both your hands off." The barber was so scared that he ran away.

Ananda immediately reported this news to Buddha.  Buddha just gently walked toward Nanda and asked, "Are you not interested in becoming a monk?"

Nanda said, "Yes, I want to be a monk." Buddha took him to a proper place and asked Ananda to bring water.  He washed Nanda's head himself and cut Nanda's hair and mustaches.

For the time being, Nanda served the Buddha.  Although he had physically become a monk, day and night he thought only of his desire to go to back home.  One night he was preparing to go home, and Buddha manifested a huge precipice so he could not go.  Nanda thought, "I will go tomorrow." He had so much suffering recollecting his wife.  Knowing the state of his mind, Buddha asked Ananda to tell Nanda that he should stay at the temple and clean while Buddha and all his monks went to Kapilavastu for lunch.  So, Nanda stayed behind to clean the whole temple.

When Buddha and all his monks left, Nanda was so excited at the thought that right after cleaning the temple he could go home.  But no matter how much he cleaned the temple, all the dust kept coming back by the power of the Buddha's manifestation.  He became very tired.  Even though he could not clean everything, he closed the door and started to leave.  When he closed the temple door, it opened again by itself.  When he closed it again, it opened by itself.  He thought, "I cannot close the door.  If the temple is destroyed or falls down, I can build it back later when I become king." So, with that thought, he started running.

He figured that if he went by the main road, he would meet Buddha and all his monks and that would not be good.  So, he started down a small trail.  To Buddha, of course, everything is very obvious, so Buddha came through on that same trail.  When Nanda saw that Buddha was coming, he hid under a branch of a big tree, but when Buddha approached, the tree just lifted up in space and there he was.  Nanda was very ashamed and afraid.  Buddha said, "Would you like to go back to the temple?" and he said yes.

Buddha knew that he was suffering so much with thoughts of his wife.  So, one day Buddha asked him, "Have you ever seen or been to that mountain on the other side—the one called the Incense-smelling Mountain?" When Nanda replied that he had not seen it or been there, Buddha suggested that they go there, just for a walk.  Nanda agreed.  Buddha said, "Now hold my Dharma robe!" and with his miraculous power they flew in the sky and went to that forest mountain.  Buddha sat to one side and told Nanda to just watch that ape who had lost one eye.  Then Buddha asked him, "Nanda, which one is more beautiful— your wife Pundarika or this ape?" He replied, "Pundarika, my wife, is 100 times more beautiful than this.  This ape is no match at all." Then they came back.

The next day, Buddha asked Nanda if he was interested in going to see the god realm and Nanda said, "Yes, I am."

"In that case, just hold my robe." He took hold of the robe and in that moment, Buddha took him to the God Realm of the Thirty-three through his miracle power.  Buddha sat to one side and told Nanda go see what he could see.  He went to the city of the palaces of the gods.  There were many, many palaces, each one containing gods and goddesses.  They were full of luxuries and enjoyments.  He just went to one palace after another.

In one palace was an empty throne—no god, only goddesses.  Nanda was curious and asked the goddesses, "The other palaces I saw had a mixture of gods and goddesses, but here there are only goddesses, not any gods.  Why is that?" They replied, "These days on the earth, Buddha's nephew Nanda has become a monk.  Because of that, after his death he will reborn here.  So this place is being prepared for him." He was so excited and felt so happy that he quickly rushed back to Buddha and explained all that he had seen.

That time Buddha asked him, "Who is more beautiful, your wife Pundarika or these goddesses?" Nanda replied, "My wife Pundarika is like the blind ape.  There is no comparison.  The goddesses are hundreds and thousands of times more beautiful." Then Buddha said, "Now go practice the celibate monk life, and you will enjoy all the delights of the god realm." And they went back to the Anatapindadasyarama Temple.  In order to achieve the enjoyments of the god realms, Nanda made efforts to maintain his monk's life.

Knowing Nanda's state of mind, Buddha instructed Ananda that none of the monks should talk to or stay with Nanda because he was just keeping his monk's vow to attain the god realm.  Because of this guidance, all the monks abandoned him; they did not talk to him, nor would they stay near him.  Nanda became a little depressed and went to Ananda thinking that, because Ananda was his nephew, maybe he would talk to him.  But Ananda had also given him up.  Nanda asked, "Why are you doing this?  The other monks may give me up, but you are my nephew.  How can you do this?" Ananda acknowledged that what he said was true, but that their paths were different.  "You are making efforts to keep your monk's celibacy vow just for the sake of the enjoyments of the god realms.  We are making efforts to attain nirvana.  Therefore, it is not right to keep company with you." Hearing that, Nanda became very upset and even more depressed.

Knowing his motivation, Buddha went to him and said, "Nanda, have you seen the hell realm?" When Nanda replied, "No," Buddha said, "Would you like to go see it?" "Yes," said Nanda.  Buddha asked him to hold onto his Dharma robe, and in an instant Buddha took him to the hell realm.  Buddha sat to one side and said, "Now you go look at all the different places."

While he was walking, Nanda saw many giant copper pots, sitting on burning ground and filled with molten liquid.  People were being cooked inside the pots by the surrounding hell realm guardians and were suffering inconceivably.  He went place to place, and in one spot he saw a huge copper pot like the others, but there was no being inside.  So, Nanda asked the hell guardians, "All the other pots with burning, molten liquid contained someone being cooked.  But here there is no being, only the burning liquid.  Why is that?"

The guardians replied, "On the earth now is Buddha's nephew, Nanda.  He is practicing the Dharma by becoming a monk and keeping his monk's vow so that he will be reborn in the god realm.  After that, he will be born in this pot and be cooked." Terrified that they might recognize him and throw him in the pot, Nanda rushed back to the Buddha and explained all that he had seen and heard.

Buddha said, "If you become a monk with the aspiration to enjoy the benefits of the god and human realms, this kind of disadvantage also occurs.  So, you should be keeping your monk's vow in order to attain nirvana." With that, Buddha and Nanda went back to the Jetavana Grove.

Buddha told all the monks, and Nanda, that everyone should make efforts to fully purify the three faults of desire, hatred and ignorance.  From that time, Nanda made wholehearted effort without any attachment to the enjoyment and comforts of the temporary high status of the god and human realms.  Buddha gave teachings according to his disposition and Nanda thoroughly meditated in the practice.  As a result, he achieved Arhatship a short time later.

Et si vous m'expliquiez le bouddhisme? - L'histoire d'Udayana

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La pratique de la vertu, étant l'antidote complet aux mauvaises actions, cause l'épuisement des afflictions. Dans les temps anciens, Udayana, le malfaiteur qui a tué sa mère, a pratiqué le pouvoir de l'antidote complet, a purifié son acte maléfique, a renaît dans un royaume divin et a obtenu le fruit de l'entrée dans le courant. Ainsi il est dit :

Celui qui manque de guidance
Et plus tard possède la pleine conscience
Est comme une lune radieuse libre des nuages.
Par exemple, Nanda, Angulimala, Ajatashatru et Udayana.

L'histoire d'Udayana va ainsi :

Il était une fois, à Shravasti, la femme d’un maître de famille donna naissance à un fils. Le mari était parti ailleurs, à la recherche de richesses, et la mère éleva assez bien son fils toute seule. Une fois, le fils et un ami rencontrèrent une jeune femme sur le toit d'une maison qui lui lança une guirlande de fleurs pour attirer son attention. Son ami se rendit compte qu'ils communiquaient de manière inappropriée par une langue des signes et il alla rapidement à la maison de la mère du jeune pour lui raconter.

Sa mère et son amie ont discuté de ça. L’ami lui dit : « S'il va dans cette maison pour rencontrer la jeune fille, il aura de grandes souffrances. Par conséquent, nous devons le protéger. Je le protégerai pendant la journée et vous devais le protéger pendant la nuit. » La mère fit pour son fils une pièce spéciale à l'intérieur de leur maison et l'a équipée d'un lit très confortable et de toilette. Elle ferma la porte de sa chambre et dormit à côté de la porte.

Pendant la nuit, le fils se réveilla et dit : « Mère, puis-je sortir pour aller aux toilettes ? » Elle répondit : « Non, tu n’en as pas besoin car vous tu as une toilette dans ta chambre. » Alors il resta silencieux pendant un moment. Après un peu de temps, il supplia : « Mère, s'il vous plaît, ouvrez cette porte, je veux sortir. » La mère répondit : « Il n'est pas correcte que tu sortes la nuit. Tu as un lit confortable, dort simplement ici. » De nouveau, un peu plus tard, il supplia : « Mère, puis-je sortir ? S'il vous plaît, ouvrez la porte ! » La mère répondit : « Je sais ce que tu veux faire. Je dormirai à la porte de ta chambre parce que je ne veux pas que tu sortes. »

D’un coup, il devenu si furieux qu'il sorti un couteau et coupa la tête de sa mère. Quand il arriva à la maison de la jeune femme, il tremblait de peur en pensant à l’exécrable acte qu'il avait fait. Trompée sur la cause de la détresse du garçon, la jeune femme le réconforta en lui disant : « Tu n'as pas à avoir peur de quoi que ce soit. Nous sommes seuls ici dans cette pièce. » Le garçon expliqua : « Pour toi, je viens de tuer ma mère. »

La jeune fille pensa : « Il doit être quelqu’un de pervers. S'il se met en colère à nouveau, il pourrait me faire la même chose. » Alors, elle dit : « Reste juste ici un instant. Je dois monter sur le toit et je reviens tout de suite. » Elle monta sur le toit et cria : « Voleur ! Voici un voleur ! Voici un voleur ! » Alors, le garçon partit en courant vers sa maison. Il laissa le couteau avec du sang à l’entrée de la porte et couri partout en criant que le voleur avait tué sa mère.

Le fils éprouvait beaucoup de regrets et de remords. Il cherchait une méthode pour purifier sa mauvaise action. Il voyagea d'un endroit à l'autre, d'un pays à l'autre, d'une forêt à l'autre, demandant à de nombreux enseignants et ascètes différents s'ils pouvaient lui montrer une telle méthode, mais il n'y en avait pas.

Enfin, il se rendit à Jetavana, où un moine chantait ce verset :

Celui qui a fait de mauvaises actions
Et les a purifiées avec vertu,
Comme le soleil et la lune sortent de derrière les nuages,
Est radieux dans ce monde.

Juste en entendant ces mots, il a développé la foi que ce moine connaissait définitivement une méthode pour purifier le karma négatif. Il s'avança vers le moine et lui dit : « Noble, puis-je devenir moine ? » Ce moine a effectué la cérémonie d'ordination et ainsi le fils est devenu un bhikshu.

Devenu moine, il persévéra et devint expert dans les trois pitakas et dans la récitation des prières. Voyant qu'il faisait un si grand effort, les autres moines vinrent vers lui et lui demandèrent pourquoi il persistait dans cette voie. Il a dit : « Je ne suis pas comme vous. J'ai tué ma mère, donc je suis une mauvaise personne. Pour purifier cet acte, je persévère dans cette voie. » Ce récit arriva au Bouddha. Quand il entendit cette nouvelle, le Bouddha a dit à tous les moines que ceux qui ont tué leur mère n'ont aucune possibilité d'atteindre le fruit du Vinaya[1]. Alors le Bouddha lui demanda gentiment de quitter la communauté.

Il alla dans un pays frontalier où un chef de famille devint son protecteur. Il développa une telle dévotion pour Udayana qu'il construit un grand temple pour lui. Là, des moines de nombreux endroits se rassemblèrent pour les enseignements d'Udayana. Beaucoup devinrent Arhats.

Après un certain temps, Udayana tomba malade et, en prévoyant sa propre mort, il demanda qu’on construise des cabanes de moines en sa mémoire. Peu de temps après leur achèvement, il mourut et renaît dans le royaume de l'enfer. Dans le royaume de l'enfer, il dit : « Oh, ces cabines sont si chaudes. » Les gardiens de l'enfer dirent : « Infortuné ! Ce n'est pas la cabane d'un moine, c'est un royaume infernal ! » En suite, ils le frappèrent à la tête avec un marteau. Il mourut du coup et par la vertu qu'il avait créée en construisant des cabanes et en donnant des enseignements aux moines, il avait purifié une grande partie de son karma négatif et renaît dans le royaume divin des Quatre Rois Gardiens.

Peu de temps après, est allé sur terre comme fils des dieux pour servir le Bouddha et recevoir des enseignements. Il s’approcha du Bouddha et fit toutes les offrandes de fleurs du royaume divin, honora le Bouddha et se prosterna à ses pieds. Le Bouddha lui donna différents niveaux d'enseignements. Il fit beaucoup d’efforts dans l'étude et la pratique, et obtint le fruit des Entrés-dans-le-Courant et retourna au royaume des dieux.


[1] Ceux qui ont commis tous ou un des crimes odieux ne peuvent pas atteindre l’état d’Arhat dans une seule vie.

(*) Traduit du « THE JEWEL ORNAMENT OF LIBERATION » édition en anglais par Khenpo Konchog Gyaltsen Rinpoche

The Story of Udayana

The practice of virtue, being the complete antidote to evil deeds, causes the exhaustion of afflictions. In old times, Udayana, the evildoer who killed his mother, practiced the power of the complete antidote, purified his evil deed, was reborn in a god realm, and achieved the fruit of stream-entering. Thus it is said:

One who lacks self guidance
And later possesses mindfulness
Is like a radiant moon being freed from clouds.
For example, Nanda, Angulimala, Ajatashatru, and Udayana.

Udayana's story goes this way:

One time in Shravasti, there was a married householder whose wife gave birth to a son.  The husband went out to accumulate wealth in another place, but the mother raised their son quite well by herself.  Once, the son and his friend encountered a young woman on the roof of a house who threw a garland of flowers to the son to get his attention.  His friend noticed that they were communicating inappropriately through a sign language and quickly went to the house and told the youth's mother.

His mother and friend discussed the situation.  His friend said, "If he goes to that other house to meet the young woman, he will experience great suffering.  Therefore, we should protect him.  I will protect him during the daytime.  You, mother, must protect him during the night." The mother made her son a special room inside their house and equipped it with a very comfortable bed and a toilet.  She locked the door of his room and slept next to the door.

That night, the son woke up and said, "Mother, can I go outside to the bathroom?" She replied, "No, you don't have to do that because you have a toilet in your room." So, he stayed quiet for a while.  After some time, he begged, "Mother, please open this door.  I want to go outside." The mother replied, "It is not appropriate to go outside at night.  You have a comfortable bed, just sleep there." Again, after some time, he pleaded, "Mother, can I go outside?  Please open the door!" The mother replied, "I know what you are up to.  I intend to sleep at the door of your room because I don't want you to go out."

In a moment, he became so furious that he brought out a knife and cut off his mother's head.  By the time he arrived at that young woman's house, he was shivering with fright at the thought of the evil deed he had done.  Mistaking the cause of his distress, the young woman comforted him by saying, "You don't have to be afraid of anything.  We are alone here in this room." The boy explained, "For you, I just killed my mother."

The girl thought, "This must be an evil person.  If he becomes angry in the future, he may do same thing to me." So, she said, "You just stay here a moment.  I have to go to the roof.  I'll be right back." She went to the roof and shouted, "Thief!  Here comes a thief!  Here comes a thief!" So, at that moment, the son ran back to his own house.  He left the knife with the blood on it on the doorstep and ran around shouting that the thief had killed his mother.

The son experienced so much regret and remorse.  He searched for a method to purify his evil deed.  He traveled place to place, country to country, forest to forest, asking many different teachers and ascetics whether they could show him such a method but there was none to be found.

Finally, he went to Jetavana, where a monk was chanting this verse:

One who created evil deeds
And purified them with virtue,
Like the sun and moon come out from behind the clouds,
Is radiant in this world.

Just by hearing those words, he developed faith that this monk definitely knew a method to purify negative karma.  He went forward to the monk and said, "Noble one, may I become a monk?" That monk performed the ordination ceremony and so the son became a bhikshu.

After becoming a monk, he persevered and became expert in all three pitakas and in recitation of prayers.  Seeing that he made such a great effort, the other monks came to him and asked why he persisted in this way.  He said, "I am unlike you.  I killed my mother, so I am an evil person.  To purify that deed, I persevere in this way." This word went to Buddha.  When he heard this news, Buddha told all the monks that those who have killed their mother have no opportunity to attain the fruit in the Vinaya.[1] So Buddha gently asked him to leave the community.

He went to a border country where a householder became his sponsor.  He developed such great devotion for Udayana that he built a big temple for him.  There, monks from many places gathered around for Udayana's teachings.  Many became Arhats.

After some time, Udayana fell sick and, in anticipation of his own death, he asked that monks' cabins be built as his memorial.  Not too long after they were completed, he died and was reborn in the hell realm.  In the hell realm he said, "Oh, these cabins are so hot." The hell guardians said, "You unfortunate one!  This is not a monk's cabin; this is a hell realm!" With that, they struck him on the head with a hammer.  He died that moment and by the virtue he had created building cabins and giving teachings to the monks he had purified a lot of his negative karma and was reborn in the god realm of the Four Guardian Kings.

Not too long after that, the son of the gods went to the earth to serve Buddha and receive teachings.  He approached Buddha and made all the different offerings of God realm flowers, honored Buddha and prostrated to his feet.  Buddha gave him various levels of the teachings.  He made great effort in study and practice, achieved the fruit of Stream- Entering and went back to the god realm.



[1] Those who have created all or any one of the heinous crimes have no opportunity to attain Arhatship in one lifetime.


Et si vous m'expliquiez le bouddhisme? - L'histoire du roi Bala Maitreya

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Le pouvoir de pratiquer l'amour bienveillant est également bon pour protéger les autres, comme dans l'histoire du roi Bala Maitreya.

Son histoire se déroule ainsi :

Une fois, alors que Bouddha séjournait à Shravasti, Ananda se demanda quel genre de vertu fondamentale avait poussé Kaundinya et les autres — les cinq premiers disciples du Bouddha — à recevoir l'enseignement du Bouddha lorsqu'il tourna pour la première fois la Roue du Dharma, à être satisfaits par l'enseignement du Bouddha, et réaliser ainsi l'état d'Arhat. Avec cette pensée, Ananda demanda à Bouddha d'expliquer comment cela s'était produit. Bouddha dit : « Non seulement j'ai aidé à soigner ces cinq disciples dans cette vie, mais, dans ma vie précédente, j'ai également apaisé leur faim et soif en leur fournissant mon propre sang et ma propre chair. Cela s'est produit grâce au pouvoir de l'aspiration que j'avait fait alors : « Quand j'atteindrai l'illumination, puis-je les établir dans l'état de paix ultime. » Ananda lui demanda de raconter ces événements plus en détail, alors Bouddha raconta l'histoire suivante.

Il y a des innombrables kalpas à Jambudvipa, il y avait le roi Bala Maitreya, qui régnait sur 84,000 royaumes différents. Il était de nature aimante et compatissante ; il pratiquait constamment les quatre pensées illimitées. Il avait si bien établi tous ses sujets dans l'éthique des dix vertus que même le mot « ennemi » ou « voleur » n’existait pas dans ce pays. Le peuple avait toujours joui de la paix, du bonheur, de toutes sortes de richesses glorieuses et de récoltes abondantes. Parce qu'il avait établi l'esprit, le corps et la parole de tous ces gens dans la vertu, il n’y avait pas aucune maladie ou affection.

Pendant ce temps, il y avait cinq yakshas qui vivaient et appréciaient avidement le sang et la chair des autres. Ils avaient du plaisir à envoyer des fléaux et maladies. Mais dans ce royaume, aucun de leurs souhaits ne pouvait être accompli. Ils avaient faim et soif, et souffraient de ne pas pouvoir faire du mal aux autres. Ils s'approchèrent du roi Bala Maitreya et lui expliquèrent : « Nos vies se soutient en mangeant la chair et en buvant le sang des êtres humains. Mais grâce au pouvoir de vos règles de vertu que tout le monde respecte, nous n'avons aucune possibilité de nuire à qui que ce soit, pas leurs vies ni leurs corps. A cause de ça nous souffrons de la soif et de la faim et nous approchons de la fin de nos vies. N'avez-vous aucune compassion pour nous ? »

Une compassion sans limite pour ces êtres naquit dans l'esprit du roi. En disant : « Vous pouvez boire du sang de mon corps », il se coupa les mains, les jambes et le cou et permit à ces cinq yakshas de boire son sang de ses cinq extrémités. Ils burent son sang jusqu'à ce qu'ils furent complètement satisfaits. Par la suite, le roi dit : « Vous les yakshas, à partir de maintenant vous devez toujours vous engager dans des action vertueuses » et fit cette prière d'aspiration : « Cette fois, je leur ai donné du sang de mon corps pour dissiper la souffrance de leur faim et de leur soif. Par le pouvoir de ce mérite, puissé-je les établir dans l'éthique, la méditation et la sagesse lorsque j'atteindrai l'illumination. Grâce à cela, que leurs souffrances prennent fin et puissent-ils atteindre l'état insurpassable du nirvana. »

Bouddha dit à Ananda : « Je suis moi-même l'ancien roi Bala Maitreya. Les cinq yakshas sont maintenant mes cinq premiers disciples, Kaundinya et les autres. Par le pouvoir de cette prière d'aspiration, ils ont reçu mon premier enseignement et ont eu l'opportunité de voir la vérité ultime juste en recevant ces enseignements. C'est ainsi que la connexion a été établie. »

(*) Traduit du « THE JEWEL ORNAMENT OF LIBERATION » édition en anglais par Khenpo Konchog Gyaltsen Rinpoche

The Story of King Bala Maitreya

The power of practicing loving-kindness is also good for protecting others, as in the story of King Bala Maitreya.

His story goes this way:

One time when Buddha was staying in Shravasti, Ananda wondered what kind of root virtue had caused Kaundinya and so forth—the Buddha's first five disciples—to receive the Buddha's teaching when he first turned the Wheel of Dharma, to be satisfied by the Buddha's teaching, and to realize Arhatship thereby.  With this thought, Ananda requested Buddha to explain how this had come about.  Buddha said, "Not only have I helped treat these five disciples in this lifetime, but I have also dispelled their hunger and thirst in my previous lifetime by providing them my own blood and flesh.  So, this came about through the power of the aspiration that I made then: 'When I attain enlightenment, may I establish them in the state of ultimate peace.'" Ananda requested him to relate these events in more detail, so Buddha told the following story.

Limitless kalpas ago in this Jambudvipa, there was a King Bala Maitreya, who ruled 84,000 different kingdoms.  His nature was loving and compassionate; he persistently practiced the four limitless thoughts.  He established all his subjects in the moral ethics of the ten virtues so well that not even the word "enemy" or "robber" appeared in that country.  The people always enjoyed peace, happiness, all types of glorious wealth and bountiful harvests.  Because he established all these people's minds, bodies, and speech in virtue, no sickness or disease existed at that time.

During that time, there were five yakshas who lived on, and eagerly enjoyed, others' blood and flesh.  The pleasure of their lives was to send different plagues and diseases.  But here, none of their wishes could be accomplished so they were hungry and thirsty, and suffering from a lack of causing harm to others.  They approached King Bala Maitreya and explained, "We sustain our lives by eating the flesh and drinking the blood of human beings.  But through the power of your rules of virtue by which all the people abide, we have no opportunity to harm anyone, not their lives nor their bodies.  So now we are suffering thirst and hunger and draw close to the end of our lives.  Have you no compassion for us?"

Limitless compassion for these beings arose in the king's mind.  Saying, "You can drink blood from my body," he cut his hands, legs, and neck and allowed these five yakshas to drink blood from his five branches.  They drank his blood until they were completely satisfied.  Afterward, the king said, "You yakshas, from now on you must always engage in virtuous action" and made this aspiration prayer: "This time, I gave them blood from my body to dispel the suffering of their hunger and thirst.  By the power of this merit, may I establish them in moral ethics, meditative concentration, and wisdom awareness when I achieve enlightenment.  Through that, may their suffering be ended and may they attain the unsurpassable state of nirvana."

Buddha said to Ananda, "I myself am the former King Bala Maitreya.  The five yakshas are now my first five disciples, Kaundinya and so forth.  By the power of that aspiration prayer, they received my first teaching and had the opportunity to see the ultimate truth just by receiving those teachings.  This is how the connection was made."


Saturday, 7 January 2023

Quand un enseignant bouddhiste franchit la ligne, par Yongey Mingyur Rinpoche

Traduit de l'anglais "When a Buddhist teacher crosses the line", 26 OCTOBRE 2017 

La relation enseignant-élève dans le bouddhisme vajrayana est intense et complexe. Il est facile de se méprendre et peut même être mal utilisée. L'enseignant tibétain respecté Mingyur Rinpoché explique l'éthique du Vajrayana, comment trouver un véritable enseignant et que faire si un enseignant franchit la ligne.

En tant qu'enseignant bouddhiste, on me pose souvent des questions sur la méditation et les principes bouddhistes profonds, comme l'interdépendance et la vacuité. Je suis heureux de partager ce que je sais sur ces sujets. Mais j'ai remarqué que les gens me posent rarement des questions sur l'éthique et sur la manière de mener une vie vertueuse.

Il est vrai que la méditation est importante dans la tradition bouddhiste. Cela ne fait aucun doute. On peut en dire autant de l'étude des idées et des philosophies bouddhiques. Mais à bien des égards, l'éthique et la vertu sont le fondement de la voie bouddhiste.

La seule fois où les gens me posent des questions sur l'éthique, c'est lorsque des scandales ou des controverses surviennent dans les communautés bouddhistes.

Le Bouddha lui-même a vécu une vie de bienveillance, d'humilité et de compassion. Il a pleinement incarné les enseignements qu'il a donnés, et la sangha qui s'est développée autour de lui a suivi son exemple. Il y a eu de nombreuses fois où les étudiants se sont égarés et ont agi de manière inappropriée, parfois hilarante, mais ces incidents ont été utilisés comme des occasions de clarifier des valeurs importantes et de montrer à la communauté comment vivre une vie vertueuse. Dès les premiers jours du bouddhisme, la conduite éthique était aussi essentielle à la voie que la méditation, l'étude et la contemplation.

Ces jours-ci, la seule fois où les gens me posent des questions sur l'éthique, c'est lorsque des scandales ou des controverses surviennent dans les communautés bouddhistes. Malgré l'importance évidente de la non-violence et de la compassion dans la tradition bouddhiste, de nombreux étudiants ne savent pas comment gérer ces situations. Je peux comprendre pourquoi ils se confondent. Il existe de nombreuses lignées et écoles bouddhistes différentes, et il est difficile de garder une trace de tous leurs différents enseignements, pratiques et cadres éthiques.

Cela est particulièrement vrai dans la tradition tibétaine, où nous avons trois approches différentes - que nous appelons yanas ou «véhicules» - qui sont tissées ensemble dans une seule voie de pratique bouddhiste. Ce sont le véhicule fondamental de la libération individuelle, le véhicule mahayana de la grande compassion et le véhicule vajrayana de l'éveil indestructible. Cette combinaison est l'un des aspects uniques et magnifiques du bouddhisme tibétain, mais elle ne simplifie pas toujours les choses.

Éthique dans le bouddhisme tibétain

Dans le bouddhisme tibétain, nous pratiquons les trois yanas ensemble, et cela inclut la pratique de l'éthique. Permettez-moi de clarifier.

Le principe éthique le plus fondamental du yana de la libération individuelle est la non-violence, l'engagement d'éviter de nuire à autrui à tout prix.

La pratique du vajrayana est enracinée dans les idéaux de non-violence et de grande compassion. Il n'y a pas de Vajrayana sans eux.

Lorsque nous ajoutons le Mahayana, nous n'oublions pas la non-violence, mais allons un peu plus loin avec la pratique de la bodhitchitta. C'est l'engagement d'aider tous les êtres à devenir pleinement illuminés.

Enfin, le Vajrayana introduit la notion de perception pure. En pratiquant le Vajrayana, nous restons fermement ancrés dans la non-violence et la motivation altruiste de la bodhitchitta, mais adoptons la vision du fruit [resultat]. Nous traitons tout le monde et tout comme l'incarnation de l'éveil. Nous nous engageons à nous voir, à voir les autres et le monde qui nous entoure comme fondamentalement purs, complets et parfaits.

Cet idéal de perception pure est incarné dans le principe de samaya, les engagements formels auxquels adhère un pratiquant du vajrayana. Il existe de nombreux détails sur le samaya, mais en termes simples, l'essence du samaya est de pratiquer la perception pure au mieux de ses capacités.

Beaucoup de gens comprennent mal le samaya et pensent qu'il se réfère uniquement au fait de voir l'enseignant comme un bouddha, un être pleinement éveillé. Cela fait partie du samaya, mais il manque le point clé. Samaya consiste à voir tout le monde et tout à travers le prisme de la perception pure. Le seul but de considérer l'enseignant comme un bouddha est que nous puissions voir ces mêmes qualités éveillées en nous-mêmes, chez les autres et dans le monde qui nous entoure. C'est un outil qui nous aide à prendre confiance dans la pureté de notre vraie nature.

La pratique du vajrayana est enracinée dans les idéaux de non-violence et de grande compassion. Il n'y a pas de Vajrayana sans eux. Alors, comment utilisons-nous ces principes pour nous guider sur des questions importantes comme trouver un enseignant authentique et travailler avec les défis inévitables qui surviennent dans la vie d'une communauté ?

Le point de pratique

Le premier point que j'aimerais soulever est probablement évident. Notre pratique doit faire ressortir le meilleur de nous en tant qu'êtres humains. Cela devrait faire appel à notre sagesse intérieure, à notre santé mentale fondamentale et à la boussole morale que nous avons tous (que nous y prêtions attention ou non).

La façon la plus fondamentale de mesurer notre pratique est donc le degré auquel nous nous rapprochons des idéaux simples de gentillesse, d'humilité, d'honnêteté et de sagesse. Si, en tant qu'individus ou en tant que communautés, nous nous trouvons dans l'autre sens, quelque chose ne va pas. Aucun de nous n'agira parfaitement dans toutes les situations, mais avec le temps, il devrait y avoir un mouvement clair vers ces valeurs humaines fondamentales et universelles.

Cela est particulièrement vrai des maîtres spirituels. Les enseignants bouddhistes sont des modèles et des guides pour les communautés qu'ils dirigent, et ils représentent la tradition bouddhiste dans le monde non bouddhiste. Si, en tant qu'étudiants des enseignements du Bouddha, nous nous efforçons d'être gentils, humbles et dévoués à la pratique, alors il est logique que nos guides incarnent ces qualités. Ils devraient nous inspirer par leur gentillesse et leur dévouement. Ils devraient inspirer la confiance par le soin et le souci qu'ils montrent pour les autres. Bien sûr, nous ne devons pas nous attendre à la perfection, mais il va sans dire que les personnes qui guident les autres doivent mettre en pratique ce qu'elles prêchent.

Trouver un vrai maître

Lorsqu'il s'agit de trouver un véritable enseignant, il y a quatre choses qui sont particulièrement importantes.

La première est que l'enseignant doit faire partie d'une lignée authentique. Les vrais enseignants ne font pas leur propre promotion ; ils promeuvent leur lignée. Si un enseignant se vante de ses qualités et de sa réalisation et fait étalage de sa pratique, c'est probablement une indication que quelque chose ne va pas. Mais si un enseignant a étudié et pratiqué sous la direction d'autres enseignants respectés, et honore leur lignée en respectant ses valeurs et ses traditions, c'est bon signe. La lignée seule ne rend pas un enseignant authentique, mais elle est importante.

Un véritable enseignant doit respecter ses vœux et ses préceptes.

La deuxième qualité à rechercher est l'engagement à étudier et à pratiquer. Celui-ci est assez évident. Vous ne prendriez pas des cours de piano avec quelqu'un qui n'est pas un bon joueur, n'est-ce pas ? Bien sûr que non. C'est la même chose ici. Si vous faites confiance à quelqu'un pour votre bien-être spirituel, vous devez vous assurer que cette personne connaît le chemin de première main. Pour ce faire, ils doivent s'engager clairement dans leur propre pratique et formation.

La troisième qualité essentielle est la compassion. En tant qu'étudiants, nous devons être sûrs que notre enseignant est de notre côté, qu'il a nos meilleurs intérêts à cœur et se soucie profondément de nous et de nos progrès sur le chemin.

La confiance est essentielle ici. Un véritable enseignant est digne de confiance et accorde la priorité aux besoins de l'élève. Le signe d'un enseignant qui a cette qualité est que les élèves se sentent en sécurité et protégés dans leurs soins. Ils savent que peu importe ce qui se passe dans leur vie, leur professeur sera toujours là pour les guider et les soutenir.

La quatrième et dernière qualité est celle qui se rapporte le plus directement à l'éthique. Un véritable enseignant doit respecter ses vœux et ses préceptes. Dans la tradition tibétaine, cela signifie qu'ils maintiennent les vœux monastiques ou laïcs qu'ils ont prononcés, adhèrent aux vœux de bodhisattva du Mahayana et gardent les vœux de samaya du Vajrayana.

Ce n'est pas une mince affaire, mais c'est très important. Il y a beaucoup de détails inclus dans celui-ci, et en tant qu'étudiants, nous ne savons peut-être pas exactement quels vœux une personne détient. Mais nous pouvons demander autour de nous et vérifier s'il y a des questions sur le comportement ou la conduite d'un enseignant. C'est un bon point de départ.

De nos jours, il n'est pas facile de trouver un professeur parfait. L'époque du Bouddha, où les gens semblaient s'éveiller simplement en se montrant, est révolue depuis longtemps. Nous ne trouverons peut-être pas d'enseignant qui incarne parfaitement ces quatre qualités, mais il devrait les avoir toutes dans une certaine mesure. Si un enseignant manque complètement d'une ou plusieurs de ces qualités, il est probablement préférable de passer à autre chose.

Quitter un enseignant

Ces quatre qualités sont une bonne ligne directrice générale à suivre lors de la recherche d'un enseignant. Mais même lorsque nous faisons de notre mieux pour rechercher d'abord un enseignant, souvent nous ne le connaissons vraiment qu'après être devenu son élève. Dans le monde moderne, la plupart d'entre nous n'ont pas de monastère ou d'expert bouddhiste dans la rue. On ne connaît pas forcément tous les détails d'un enseignant, ni même quelqu'un à qui s'adresser. Alors, que faisons-nous lorsque nous découvrons qu'un enseignant n'est pas tout à fait ce que nous espérions ?

Si quelqu'un est blessé, la sécurité de la victime passe avant tout. Ce n'est pas un principe bouddhiste. C'est une valeur humaine fondamentale et ne devrait jamais être violée.

De nombreux étudiants du bouddhisme tibétain pensent à tort qu'ils ne peuvent pas ou ne doivent pas quitter un enseignant une fois qu'ils se sont engagés envers lui. Ce n'est pas le cas. Tout l'intérêt de la relation enseignant-élève est qu'elle doit profiter à l'élève. Ce n'est pas pour le gain ou le profit de l'enseignant. Si vous avez fait de votre mieux et que vous avez trouvé que cela ne vous convenait pas, vous pouvez chercher un autre enseignant. Ce n'est pas un problème ou un échec personnel. C'est un bon jugement.

La meilleure façon de partir est de le faire sans dire du mal de l'enseignant ou créer des difficultés pour ceux qui pourraient bénéficier de l'enseignant et de la communauté. Partez en bons termes, ou à tout le moins, ne partez pas en mauvais termes. Passez simplement à autre chose avec humilité et ne vous sentez pas mal du fait que cela n'a pas fonctionné.

La seule mise en garde que j'ajouterais ici est qu'il est important d'être honnête avec vous-même. Quitter un enseignant ou une communauté qui ne semble pas convenir est compréhensible, mais si vous trouvez que chaque enseignant est indigne de votre temps, alors vous voudrez peut-être approfondir vos propres habitudes pour voir ce qui se passe. Il peut être difficile de progresser sur le chemin si vous recherchez la perfection.

Violations éthiques graves

Cependant, c'est une tout autre affaire lorsqu'un enseignant commet de graves manquements à l'éthique. Laisser un enseignant en bons termes est logique lorsque le problème n'est qu'une question d'adéquation entre l'enseignant et l'élève. Lorsqu'il s'agit de blesser des gens ou d'enfreindre des lois, la situation est différente.

Dans ce cas, la violation des normes éthiques doit être traitée. Si des abus physiques ou sexuels ont eu lieu, ou s'il y a des irrégularités financières ou d'autres manquements à l'éthique, il est dans le meilleur intérêt des élèves, de la communauté et, en fin de compte, de l'enseignant, de résoudre les problèmes. Avant tout, si quelqu'un est blessé, la sécurité de la victime passe avant tout. Ce n'est pas un principe bouddhiste. C'est une valeur humaine fondamentale et ne devrait jamais être violée.

Les abus physiques, sexuels et psychologiques ne sont pas des outils pédagogiques.

La réponse appropriée dépend de la situation. Dans certains cas, si un enseignant a agi de manière inappropriée ou préjudiciable, mais reconnaît l'acte répréhensible et s'engage à l'éviter à l'avenir, il peut être approprié de régler le problème en interne. Mais s'il existe un schéma de longue date de violations éthiques, ou si l'abus est extrême, ou si l'enseignant ne veut pas assumer ses responsabilités, il convient de révéler le comportement au grand jour.

Dans ces circonstances, ce n'est pas une violation du samaya que de mettre en lumière des informations douloureuses. Nommer les comportements destructeurs est une étape nécessaire pour protéger ceux qui sont blessés ou qui risquent de l'être à l'avenir, et pour préserver la santé de la communauté.

Sagesse folle

La tradition Vajrayana a une histoire de yogis et de yoginis excentriques et d'enseignants qui ont utilisé des méthodes extrêmes pour guider leurs élèves. L'histoire de Marpa demandant à Milarépa de construire puis de démanteler une série de tours de pierre en est peut-être l'exemple le plus célèbre. Cette tradition de « sagesse folle » peut être authentique, mais malheureusement, elle est souvent invoquée pour justifier un comportement contraire à l'éthique qui n'a rien à voir avec la sagesse ou la compassion.

La chose la plus importante à savoir sur ces styles d'enseignement inhabituels est qu'ils sont destinés à bénéficier à l'élève. S'ils ne sont pas enracinés dans la compassion et la sagesse, ils ne sont pas authentiques. Les actions enracinées dans la compassion et la sagesse, même lorsqu'elles semblent étranges, excentriques ou même courroucées, n'instillent ni peur ni anxiété. Ils provoquent une floraison de compassion et de sagesse chez l'étudiant.

Nous devons distinguer les enseignants qui sont excentriques ou provocateurs, mais en fin de compte compatissants et habiles, de ceux qui nuisent réellement aux élèves et causent des traumatismes.

En d'autres termes, les résultats d'une véritable « sagesse folle » sont toujours positifs et visibles. Lorsqu'un enseignant utilise une approche extrême enracinée dans la compassion, le résultat est une croissance spirituelle, pas un traumatisme. Le traumatisme est un signe certain que le comportement de « sagesse folle » manquait la sagesse pour voir ce qui serait vraiment bénéfique pour l'élève, la compassion qui met l'intérêt de l'élève en premier, ou les deux.

Il convient également de noter que ces styles d'enseignement extrêmes que nous voyons dans l'histoire du Vajrayana ont eu lieu dans le contexte d'un lien spirituel très mature entre l'enseignant et l'élève. Ils n'étaient pas si communs. Marpa n'a pas obligé tous ses élèves à construire des tours de pierre. En fait, il a traité ses autres étudiants très différemment de la façon dont il a traité Milarepa. Mais il a vu le potentiel de Milarepa et l'approche qui lui profiterait le plus. Le reste appartient à l'histoire. Milarepa est devenu éclairé et l'un des plus grands adeptes du Tibet.

Non seulement ces méthodes d'enseignement extrêmes ne sont utilisées qu'avec des élèves très matures et dans le cadre d'une relation stable de confiance et de dévouement, mais elles sont aussi un dernier recours. On dit qu'il y a quatre sortes d'activités éclairées : pacifiques, magnétisantes, enrichissantes et courroucées. L'activité courroucée n'est utilisée que pour ceux qui ne sont pas réceptifs aux approches plus subtiles. Encore une fois, ce style n'est pas une norme, mais quelque chose qui n'est employé que dans certaines circonstances.

Ainsi, nous devons distinguer les enseignants qui sont excentriques ou provocateurs – mais finalement compatissants et habiles – de ceux qui nuisent réellement aux élèves et causent des traumatismes. Ce sont deux choses très différentes et il est important de ne pas les confondre. Il y a beaucoup d'enseignants qui poussent et provoquent les élèves pour les aider à découvrir leur esprit, mais ce n'est pas de l'abus. Les abus physiques, sexuels et psychologiques ne sont pas des outils pédagogiques.

Vajrayana dans le monde moderne

Maintenant que le monde est si interconnecté, l'éthique est plus importante que jamais. Dans un sens, nous pratiquants bouddhistes représentons tous les enseignements du Bouddha au monde. N'importe qui peut en savoir plus sur cet enseignant ou cette sangha en quelques clics de souris et une recherche rapide sur Google. C'est une bonne chose, car cela rend toute la tradition plus transparente. Les comportements éthiques - et les violations éthiques - sont plus visibles qu'ils ne l'étaient auparavant.

Il va sans dire que lorsque les écoles, les entreprises et les autres institutions publiques doivent adhérer à un code de conduite et aux lois du pays, les organisations spirituelles doivent être des modèles de comportement éthique. Et les enseignants encore plus. Tout au long de l'histoire, l'un des rôles les plus importants des enseignants bouddhistes et de la sangha bouddhiste était exactement cela. Ils ont modelé le comportement éthique aux communautés qu'ils ont servies.

Le bouddhisme Vajrayana est considéré comme un trésor précieux par les Tibétains. C'est notre héritage spirituel et notre cadeau au monde. Maintenant que les enseignements et les pratiques de cette tradition se répandent à travers le monde, il est important que nous comprenions la tradition et comment travailler avec ses puissants enseignements.

Comme je l'ai dit, le cœur de la tradition vajrayana est que nous nous efforçons d'incarner la perception pure. Nous considérons nos pensées et nos émotions, même les plus difficiles, comme des manifestations d'une conscience intemporelle. Nous voyons chaque personne comme un bouddha et nous la traitons comme telle. Nous considérons le monde dans lequel nous vivons comme un royaume pur, illuminé tel qu'il est.

Cette tradition de traiter tout et tout le monde comme si nous rencontrions le Bouddha face à face est notre principale pratique dans le Vajrayana. C'est le sang de notre tradition et la norme éthique la plus élevée à laquelle nous puissions aspirer. De nos jours, avec la confusion et les conflits qui nous entourent, le monde en a plus que jamais besoin.