Saturday, 28 May 2022

Et si vous m'expliquiez le bouddhisme? - Hommage à Manjushri

 Manjushri (source: wikipedia et manjushri.com)

Le bodhisattva est considéré comme le prince héritier des enseignements bouddhistes, ou celui qui peut le mieux expliquer la sagesse bouddhiste, qui est capable d'éteindre les afflictions et d'apporter l'illumination. Manjushri a ce titre parce qu'il y a des éons, il était l'instructeur de sept bouddhas différents, le dernier étant le bouddha Sakyamuni.

Manjushri est souvent représenté avec sa main droite tenant une épée flamboyante à double tranchant et sa main gauche tenant une fleur de lotus sur laquelle repose le Prajnaparamita (Grande Sagesse) Sutra. On le voit souvent chevauchant un lion. Le Prajnaparamita Sutra sur la fleur de lotus symbolise la sagesse aussi pure que le lotus. L'épée représente l'acuité de la sagesse qui coupe à travers l'illusion. Le lion est appelé le roi des cent animaux, et cela symbolise la majesté sévère de la sagesse.

Ses différents aspects sont inspirés de son image dans les soutras, où les subtilités philosophiques et métaphysiques sont souvent présentées par le biais de débats entre bodhisattvas. Il représente l’un des éléments nécessaires pour atteindre l’illumination, la sagesse; les trois autres principaux bodhisattvas représentent Avalokiteśvara, la compassion, Samantabhadra, la pratique, Kshitigarbha, le vœu. Son importance grandit parfois jusqu’à en faire le maître des autres, il représente alors la réalisation spirituelle au plus haut niveau.

Voir: Le debat dans la tradition bouddhiste comme méthode d'enseignement.

Les trois types d'hommage

Les enseignements du Bouddha sont classés en trois groupes appelés pitakas (voir post 8 janvier).  Au IXème s. le rois du Tibet établirent une règle, de sorte qu'il y avait un hommage du traducteur spécifique pour chaque type d'enseignement du canon bouddhiste Tibétain (Kangyur et Tengyur):
  • Vinaya (comportement de la communauté monastique): hommage au Bouddha
  • Abhidharma (psychologie et philosophie bouddhiste): hommage à Manjushri
  • Sutras (instructions de méditation): hommage aux bouddhas et bodhisattvas

Les cinq familles de bouddhas et les cinq sagesses (source centrebouddhisteparis.org)

Chacun des cinq bouddhas symbolise un aspect différent de la sagesse. Ces aspects de la sagesse sont collectivement appelés les « cinq jñanas », les « cinq sagesses » ou les « cinq connaissances ».

La première des cinq sagesses est la sagesse du dharmadhatu, et est symbolisée par Vairocana. C'est la sagesse de base, les quatre autres en étant des aspects particuliers. Le terme dharmadhatu est un terme difficile. Dhatu signifie « domaine », ou « royaume », ou « champ », et représente ici l'ensemble du cosmos. Dharma signifie ici « réalité », « vérité », l'« ultime ». Le dharmadhatu est donc l'univers considéré comme le domaine de manifestation de la réalité, ou l'univers conçu comme étant entièrement pénétré par la réalité. Tout comme la totalité de l'espace est remplie par les rayons du soleil, la totalité de l'existence, avec ses systèmes galactiques, ses soleils, ses dieux et ses hommes, est remplie par la réalité elle-même. C'est un champ pour la manifestation, le jeu, l'expression et l'exubérance de la réalité.

La sagesse du dharmadhatu est donc la connaissance directe de l'ensemble du cosmos comme n'étant pas différent de la réalité. Non pas que le cosmos soit effacé ou oblitéré. Le cosmos est toujours là et vous le voyez toujours. Les maisons, les arbres, les champs, les hommes et les femmes, le soleil, la lune et les étoiles sont tous là, tout comme avant, mais ils sont maintenant remplis par la réalité. Vous voyez en même temps le cosmos et la réalité, l'un ne fait pas obstruction à l'autre. Vous voyez le cosmos, vous voyez la réalité. Vous voyez la Réalité, vous voyez le cosmos. Le cosmos est la réalité, la réalité est le cosmos. Le rupa est la shunyata, la shunyata est le rupa.

Puis, en second, vient la sagesse-semblable-au-miroir, symbolisée par Akshobhya. Cette sagesse est comme un miroir car, tout comme un miroir reflète tous les objets, l'esprit Éveillé reflète tout : il voit tout, de tout il comprend la vraie nature. Si vous regardez dans les profondeurs de l'esprit Éveillé, vous voyez tout.

Tous les objets du monde se reflètent dans les profondeurs de l'esprit Éveillé, mais l'esprit Éveillé n'est pas affecté par eux, ils ne s'y attachent pas. Si vous prenez un miroir et placez un objet en face de lui, l'objet est réfléchi. Si vous enlevez cet objet et mettez un autre objet en face du miroir, le miroir reflète ce dernier. Quand vous déplacez l'objet, ou quand vous déplacez le miroir, vous voyez que le reflet n'est pas attaché. L'esprit Éveillé est juste comme cela : il reflète mais rien ne s'y attache. Notre esprit, cependant, est très différent. Si vous poursuivez l'illustration, vous pouvez dire que notre esprit est une sorte de miroir, mais que tous les reflets s'y attachent. En fait non seulement ils s'attachent, mais ils se solidifient, ils s'empêtrent tous. Parfois, même, le miroir s'attache à l'objet de telle sorte que vous ne pouvez plus les séparer. En d'autres termes, dans l'esprit Éveillé il n'y a pas de réaction subjective, pas d'attachement subjectif ; il y a une objectivité pure et parfaite - tout comme un miroir réfléchissant tout ce qui existe.

La troisième est la sagesse de l'égalité ou de l'identité. Elle est symbolisée par Ratnasambhava. L'esprit Éveillé voit tout avec une objectivité complète. L'esprit Éveillé voit la même réalité dans tout, la même sunyata dans tout, et a donc la même attitude envers tout. Il voit qu'un homme est un homme, qu'une femme est une femme, qu'une fleur est une fleur, qu'un arbre est un arbre, qu'une maison est une maison, que le soleil est le soleil, et que la lune est la lune. Il voit tout cela, mais en même temps il en voit la Réalité commune, et a donc une attitude identique envers tout. L'esprit Éveillé a un esprit égal envers tout. Il y a le même Amour, la même Compassion pour tout, sans aucune distinction ni discrimination. On dit parfois que l'Amour et la Compassion de l'esprit Éveillé tombent sans discrimination sur tous les êtres, sur tous les objets, sur toutes les choses, tout comme les rayons du soleil tombent ici sur les toits d'or d'un palais et là sur une bouse de vache : c'est le même soleil. L'esprit Éveillé brille avec son Amour et sa Compassion sur le grand et sur le petit, sur le « bon » et sur le « mauvais ».

La quatrième est la sagesse toute-discriminante. Cette sagesse est symbolisée par Amitabha. Le miroir, nous l'avons vu, reflète également toutes les choses, mais en même temps ne confond ni ne rend flous leurs traits distinctifs : le miroir reflète les moindres détails. Ceci est très important. Ceci signifie que l'esprit Éveillé ne voit pas seulement l'unité des choses, ou seulement leur diversité, mais qu'il voit les deux à la fois.

L'esprit Éveillé, en particulier sous cet aspect de la sagesse toute-discriminante, ne voit pas que l'unité des choses ; il voit aussi la différence entre les choses, leur caractère unique, et il les voit simultanément. Il ne réduit pas la pluralité à une unité, il ne réduit pas l'unité à une pluralité : il voit l'unité et la pluralité.

Le bouddhisme, à un niveau philosophique, n'est ni un monisme, dans lequel toutes les différences sont éliminées, ni un pluralisme, dans lequel toute unité disparaît. Il n'est ni moniste ni pluraliste. Dans la vision bouddhique de l'existence, l'unité n'oblitère pas la différence, la différence n'oblitère pas l'unité. Nous ne pouvons nous empêcher de voir tantôt l'une, tantôt l'autre, mais l'esprit Éveillé voit en même temps l'unité et la différence. Il voit que vous êtes uniquement vous-même, et en même temps il voit que vous tous êtes un. Et vous êtes un en même temps que vous êtes individuellement vous-même. Et en même temps que vous êtes individuellement vous-même, vous épanouissant avec toutes vos particularités, vous êtes tous un. Ces deux choses, l'unité et la différence, le monisme et le pluralisme, ne sont pas des choses différentes ; nous ne disons pas qu'elles ne font qu'un, mais elles ne font pas deux.

Cinquièmement et dernièrement, il y a la sagesse toute-accomplissante, symbolisée par Amoghasiddhi. L'esprit Éveillé se voue au bien-être de tous les êtres vivants. En faisant cela, il conçoit de nombreux « moyens habiles » pour aider les gens. L'esprit Éveillé aide naturellement et spontanément les êtres vivants. Nous ne devons pas imaginer le bodhisattva, ou l'esprit Éveillé, s'asseyant un matin et pensant : « Comment puis-je aller aider quelqu'un aujourd'hui ? Cette personne-là a-t-elle plus besoin d'aide que celle-ci ? Peut-être vais-je aller aider celle-ci aujourd'hui. » L'esprit Éveillé ne fonctionne pas comme cela : il fonctionne librement, spontanément, naturellement.

Les quatre incommensurables (source : rigpawiki.org)

  •  Équanimité (Tib. tangnyom), qui est le souhait que les êtres puissent être libérés de l'attitude d'attachement à certains et d'aversion pour les autres.
  • Amour (tib. jampa), qui est le souhait que les êtres vivants aient le bonheur et ses causes.
  • Compassion (Tib. nyingjé), qui est le souhait que les êtres vivants soient libérés de la souffrance et de ses causes.
  •  Joie (Tib. gawa), qui est le souhait que les êtres vivants puissent rester heureux et que leur bonheur puisse encore augmenter.


Comment pratiquer les quatre incommensurables

1. Équanimité

Au départ, nous devons former l'esprit à l'équanimité. La manière dont nous sommes actuellement attachés à nos amis et agressifs envers nos ennemis est une faute qui vient de ne pas avoir examiné la situation à fond. En réalité, les soi-disant « ennemis » d'aujourd'hui ont, au cours de nos nombreuses vies passées, été de chers amis qui nous ont énormément aidés. Et ceux que nous considérons actuellement comme nos « amis » ont été nos ennemis dans les vies passées, nous ayant causé un tort considérable.

Le Noble Katyayana a dit :

Il mange la chair de son père en frappant sa propre mère,
Et berce sur ses genoux l'ennemi qu'il a tué.
La femme ronge les os de son mari.
Samsara est suffisant pour vous faire rire aux éclats !

Reconnaissez que ce biais, qui nous amène actuellement à voir certaines personnes comme nos amis et d'autres comme nos ennemis, est le résultat d'être pris sous le pouvoir de l'ignorance. Entraînez votre esprit jusqu'à ce que vous ressentiez une attitude bienveillante, comme celle que vous avez maintenant envers votre mère et votre père actuels, envers tous les êtres, en particulier vos « ennemis » et ceux qui vous créent des obstacles.

2. Amour

Alors, puisque ces êtres vous ont témoigné la même gentillesse que vos parents actuels, cultivez l'amour pour eux tous et souhaitez-leur le bonheur de vous rendre leur gentillesse passée. Entraînez-vous à être comme des parents s'occupant d'un petit enfant, ou une maman oiseau s'occupant de son petit, afin que toutes vos actions du corps, de la parole et de l'esprit ne soient entreprises que pour assurer le bonheur et le bien-être des autres.

3. Bienveillance

Cultivez la compassion, qui est le souhait que les êtres soient libérés de la souffrance. Imaginez un prisonnier sur le point d'être exécuté, ou un animal à l'abattoir, et mettez-vous à leur place, ou imaginez qu'ils sont votre chère mère. Lorsque vous éprouvez un sentiment de compassion d'une intensité insupportable pour eux, considérez que bien que celui qui éprouve une telle souffrance ne soit pas réellement votre mère ou votre père dans cette vie, il ou elle a été votre mère et votre père d'innombrables fois au cours de vos innombrables vies. Entraînez-vous à cultiver cette compassion jusqu'à ce que vous ressentiez la même compassion pour tous les êtres sensibles que vous ressentez pour votre propre mère et votre propre père.

4 . Joie

Chaque fois que vous voyez quelqu'un qui est riche et puissant, et appréciant apparemment tous les plaisirs des royaumes supérieurs, ou chaque fois que vous voyez quelqu'un qui possède les qualités pour apprendre et réaliser le Dharma, ne ressentez pas de ressentiment ou d'envie envers lui, même si vous le considérez être un ennemi. Au lieu de cela, soyez joyeux et faites le vœu que leurs richesses et leur pouvoir augmentent encore davantage. Et priez pour que tous les êtres sensibles puissent connaître le même genre de bonne fortune. Entraînez votre esprit de cette façon, encore et encore.


Si, lorsque vous pratiquez l'entraînement de l'esprit à ces quatre incommensurables, vous procédez graduellement — en considérant d'abord vos propres parents ; puis y compris vos amis et parents ; et enfin étendre la pratique à vos ennemis — vous ressentirez le même amour et la même compassion pour vos ennemis que pour vos parents. C'est la mesure de votre entraînement mental.

Saturday, 21 May 2022

In love with the world - 12. A day at the Ghats

Contributors

Goedele, Carles

Summary of the chapter

The chapter starts with a walk along the river. That inspires Mingyur Rinpoche for walking meditation. Just as the river flows, he also let his thoughts flow, he doesn’t block them, but invites them in.

He thinks about the letting go of Mingyur Rinpoche, of his self, his monk robes, his habits. He feels very unsafe in the world now he is alone, unprotected by the monastery, by the habits. He is out his comfort zone, on a retreat.

He thinks about 3 aspects of a retreat:
  • Outer retreat: refers to the physical environment, the space in which you do the retreat
  • Inner retreat: refers to the body, the speech, the action
  • Secret retreat: refers to the intention: he wants to make the world a better place, and in order to do so, he needs to make himself a better person. He says: transforming ourselves is transforming the world. He concludes that when we travel into ourselves, there the real self-transformation can happen. Self-transformation has nothing to do with altering external circumstances.
And at this point, awareness comes up: is it possible to experience just what is there, not creating another story or longing for, “I which this or that was different, I wished to be somewhere else”.  This longing for is in fact an expression of basic goodness, that what is always there. With awareness, we can have more and more access to our loving qualities in us.

Then he talks again about the gap, that formless space , when there is a break. When there is a break, there is openness, a mind free from grasping, from attachments, free from pre-conceptions. You can experience that naked mind in daily life. Every time when there is a stop, as simple as a sneeze . When you sneeze, there is a shock, the mind stops. A glimpse of the naked mind. If we are willing to relax our fixed mind and let go of ideas, we find an emptiness, which is not nothingness. We find luminous emptiness of mind, which is always with us and also an expression of basic goodness

Question

  • When there is a challenge, a difficulty, or something that is lost (parents that pass away, end of a relation), how do we relate to that?
  • Can we experience that, without the longing for: “I wish it was different”.
  • Are there situations in your life in which it was too challenging to experience, and you retracted? What happened?
  • What happened when you actually went through the challenge?  

Meditation

Be with the experience vs pushing back and avoiding the experience

Saturday, 14 May 2022

In love with the world - 11. A Visit from Panic, My Old Friend

Contributors

Bonnie, Ann

Chapter 11 key points

Enough by Brother David Steindl-Rast

May you grow still enough to hear the small noises earth makes in preparing for the long sleep of winter, so that you yourself may grow calm and grounded deep within. 

May you grow still enough to hear the trickling of water seeping into the ground, so that your soul may be softened and healed, and guided in its flow. 

May you grow still enough to hear the splintering of starlight in the winter sky and the roar at earth's fiery core. 

May you grow still enough to hear the stir of a single snowflake in the air, so that your inner silence may turn into hushed expectation.

A reading from the Thich Nhat Hanh book, At Home in the World, (p. 178, 2nd paragraph).

Our true home is the present moment, whatever is happening right here and right now. Our true home is  a place without discrimination, a place without hatred. Out rue home is the place where we ae no longer seeking anything, no longer yearning for anything, no longer regretting anything. When we return to right here and right now with the energy of mindfulness, we will be able to establish our true home in the present moment.

Chapter 11 review:

In this chapter, Rinpoche revisits his experience of panic attacks from when he was a young boy. His physical symptoms of nausea, sweating and dizziness would block his ability to reason. 

His last and worst panic attack was just before he turned 14, but he knew in his mind that his panic would not be permanent. He made a vow to try to stop this self-created suffering by supporting it with the Buddha’s teaching that ultimately all suffering is self-created. He states, “As anyone in the hell of hatred knows, nothing binds you to the object of hatred more than your own aversion.” 

He unsuccessfully tries to fix these attacks by way of the two aspects of craving. The first was by pushing the problem away to dispose of it, but it actually did the opposite by refuelling it.  

The second way was by pulling his life in the opposite direction of inviting only happy things. He realized this type of thinking would only be divisive. He knew that all things change and then examined the transitory nature of all phenomena.  

He discovered the only reliable liberation from suffering was to not try to dispose of the problem. Instead, he decided to become more familiar with his rigid sense of self. He knew even if he got rid of panic, difficult circumstances would occur but if he viewed them with a more spacious and open mind, he believed he could rise above his panic. But then his inner voice of fear would say just because it can change, does not mean it will. 

In Rinpoche’s private meeting with Tai Situ Rinpoche, he was told, “When the affliction of negative emotions is blazing like fire, then wisdom, is also blazing like fire.’ This was an awakening for Yongey Mingyur Rinpoche because he realized that there was a possibility that panic and wisdom might coexist without discord. 

He had learned the difference between the self and the mere self. The ‘mere I’ functions without attachment and does not engage in manipulation of the world for self-satisfaction. He continue this dialogue in his mind to try to relieve his fear and impending panic of the present situation. 

He had learned about trusting in awareness and staying within that recognition. It only required a change in his perception. 

However, faced with another night on the floor of the Varanasi train station, he found that the panic he thought he had stilled was not quieted. He then retreats back for a second night on the cot in the railway dormitory to ease his fear.     

Summary

Video: working with difficult emotions

Question

1. Can you identify a problem that really was self-created and has caused you to suffer in the past or that is still causing you to suffer in the present?

Were you able to diminish the suffering or stop it through some action you have taken, and what was that action?

2. Does the quote by Tai Situ Rinpoche resonate with you? 
                         "When the affliction of negative emotions is blazing 
                          like fire, then wisdom is also blazing like fire."
 Can you think of a time in your life when this happened?

Meditation


Saturday, 7 May 2022

Et si vous m'expliquiez le bouddhisme? - La lignée de Gampopa

L'importance du maitre et de la lignée

Dans la tradition bouddhiste on met beaucoup d'emphase à l'importance du maître, dont une de qualités essentielles est la lignée à laquelle il/elle appartient.

Les enseignements du bouddha se sont rependus de maître à disciple de génération en génération pendant plus 2500 ans.  C'est pas la transmission de mots qui garantit la lignée, mais la confirmation du maitre au disciple que l'expérience du dernier correspond au vrai sens des mots, que sont seulement une faible représentation de l'expérience.  Comme le Bouddha Sakyamuni dit à son éveil:

Le Dharma comme le nectar que j'ai trouvé est 
profond, immaculé, lumineux et inconditionné. 
Même si je l'explique, personne ne comprendra. 
Je pense que je vais rester silencieux dans la forêt. 
Ce qui est exempt de mots ne peut être compris par les mots, 
de même, la nature des phénomènes est comme l'espace, 
totalement libre des mouvements de l'esprit et de l'intellect.

Mingyur Rinpoché donne un exemple comment la simple lecture sans la guidance d'un maitre qualifié peut nous induire à l'erreur.  Rinpoché se promenait dans un parc quand il rencontra un jeune assis dans la pelouse et faisant des mouvements bizarres avec les bras.  Le jeune en voyant les habilles de moine, lui demanda pour quoi il fallait faire la posture du vouture pour méditer, comme il avait lu dans un libre sur la méditation.  Rinpoché en rigolant lui expliqua que la posture du vouture voulait dire simplement laisser un peu d'espace entre les bras et le torse, c'était tout.

Tilopa (source: wikipedia et tibetanbuddhistencyclopedia.com)

Tilopa est né à Chativavo (Chittagong) ou à Jagora au Bengale, en Inde, dans la caste sacerdotale -- selon certaines sources, une famille royale -- mais il a adopté la vie monastique sur ordre d'une dakini (bouddha féminin dont l'activité est d'inspirer les pratiquants) qui lui a dit d'adopter une existence mendiante et itinérante. Dès le début, elle a fait comprendre à Tilopa que ses vrais parents n'étaient pas les personnes qui l'avaient élevé, mais plutôt la sagesse primordiale et la vacuité universelle. Conseillé par la dakini, Tilopa entre progressivement dans la vie de moine, prononce les vœux monastiques et devient un érudit. Les visites fréquentes de la dakini ont continué à guider son chemin spirituel et à l'approcher l'éveil.




Il voyagea à travers l'Inde, recevant des enseignements de nombreux gourous :
  • de Saryapa, il a appris la chaleur intérieure ( sanskrit : caṇḍalī , Tib. tummo , chaleur intérieure );
  • de Nagarjuna, il a reçu les enseignements de la lumière rayonnante ( sanskrit : prabashvara ) et du corps illusoire ( sanskrit : maya deha , tib. gyulu ) ( Cakrasaṃvara Tantra ), Lagusamvara tantra ou Heruka Abhidharma ;
  • de Lawapa, le yoga du rêve ;
  • de Sukhasiddhi, les enseignements sur la vie, la mort et le bardo (entre états de vie et transfert de conscience) (phowa) ;
  • d'Indrabhuti, il a appris la sagesse (prajña);
  • et de Matangi, la résurrection du cadavre.
Sur les conseils de Matangi, Tilopa a commencé à travailler dans un bordel au Bengale pour une prostituée appelée Dharima en tant qu'avocate et videuse. Pendant la journée, il broyait des graines de sésame pour gagner sa vie. Au cours d'une méditation, il reçut une vision de Vajradhara et, selon la légende, l'intégralité du mahamoudra fut directement transmise à Tilopa. Après avoir reçu la transmission, Tilopa a médité dans deux grottes et s'est attaché avec de lourdes chaînes pour maintenir la posture de méditation correcte. Il a pratiqué pendant de nombreuses années et a ensuite rencontré l'esprit de tous les bouddhas sous la forme du Buddha Vajradhara. Il est considéré comme le grand-père de la lignée Kagyu d'aujourd'hui. Naropa, son élève le plus important, est devenu son successeur et a porté et transmis les enseignements.

Dans les locaux du temple de Pashupatinath, le plus grand sanctuaire hindou du Népal, il y a deux grottes où Tilopa a atteint Siddhi et a initié son disciple Naropa.

Nagarjuna et Tilopa

Bien qu'en tant que roi, il ait toujours possédé la richesse et le titre, son esprit n'était pas complètement satisfait et il quitta son royaume pour trouver un enseignant du Dharma. Il chercha l'Inde dans toutes les directions à la recherche d'un tel maître.

Nagarjuna, sachant que Tilopa cherchait un enseignant et allait bientôt s'approcher, prétendit qu'il était coincé au milieu d'une rivière très large.  Quand Tilopa y arriva, il demanda à Nagarjuna ce qu'il faisait. Nagarjuna répondit qu'il voulait traverser la rivière mais qu'il était coincé au milieu, incapable de traverser et incapable de revenir. Tilopa promit qu'il le porterait de l'autre côté. Nagarjuna répondit que puisqu'il était très grand et que Tilopa était très petit, comment pourrait-il être capable de le transporter de l'autre côté d'un si grand fleuve ?

Tilopa, cependant, était déterminé à tenir parole et, grâce à ça, il transporta Nagarjuna de l'autre côté. Après que Tilopa aida Nagarjuna à traverser la rivière, Nagarjuna lui dit: «Oh fils courageux d'une famille noble, c'est ton courage et ta détermination qui nous ont permis de traverser la large rivière!»  Nagarjuna prédit que parce que le courage et la volonté de Tilopa étaient si fortes, il serait capable de travailler au profit des êtres vivants, et lui conseilla de rentrer dans son royaume et de redevenir roi.

Tilopa le roi

Lorsque Tilopa est retourné dans son royaume pour s'occuper de son peuple, il a trouvé son pays en état de crise et engagé dans une guerre avec un autre état puissant en Inde. Les sujets de Tilopa craignaient de ne pas pouvoir vaincre leur ennemi car il semblait si petit, faible et impuissant. Tilopa fut une déclaration publique dans laquelle il dit à son peuple qu'ils n'avaient rien à craindre; il savait un moyen de vaincre l'ennemi sans effusion de sang.

Tilopa parta pour défendre son pays. L'armée marchant contre son royaume était nombreuse et déterminée à remporter la victoire. Seul, Tilopa s'approcha de la forêt où campait l'armée. Quand les soldats le virent approcher, ils se préparèrent à charger ; Tilopa transforma instantanément tous les arbres de la forêt en soldats prêts à suivre son commandement.  Lorsque Tilopa ordonné, «Regardez l'ennemi!» tous les arbres transformés en soldats regardaient l'ennemi.  Lorsque Tilopa ordonna, «Chargez !» ils coururent tous vers l'ennemi. Puisqu'il y avait d'innombrables arbres, les arbres se sont transformés en d'innombrables soldats dont le nombre était si effrayant que l'ennemi fuit le pays sans bataille. De cette façon, la promesse de Tilopa à son peuple, selon laquelle il pourrait vaincre l'ennemi sans effusion de sang, s'est réalisée.

Tilopa pratique le Dharma au nord de l'Inde

Après, Tilopa parta au nord de l'Inde, ou il obtint des enseignements des dakinis et alla méditer dans une grotte. Après s'être engagé à y méditer pendant douze ans, il s'enchaîna les deux jambes pour ne pas pouvoir sortir de la grotte. Il médita ainsi pendant douze ans.

Au bout de douze ans, les chaînes qui étaient attachées aux jambes de Tilopa se brisèrent d'elles-mêmes ; il avait atteint une certaine réalisation à la suite de sa méditation diligente mais n'avait pas encore accompli la réalisation ultime de Vajradhara. Il souhaitait sortir et errer et mener la vie simple d'un siddha.

Cependant, les dakinis hésitaient à laisser Tilopa quitter sa grotte et sa pratique. Comme il ne lui convenait pas de désobéir, il pensait essayer de les influencer en démontrant sa réalisation. Il prit un poisson dans sa main et a transféré sa conscience hors de son corps. Les dakinis témoignes de ça virent qu'il était un être hautement réalisé et lui donnèrent la permission d'errer comme un simple siddha, comme il le souhaitait. Son objectif était de se rendre dans la partie orientale du Bengale et de trouver Nagarjuna.

Lorsque Tilopa demeurait dans une grotte, Nagarjuna envoya la dakini Matongha pour lui donner des enseignements. Quand Matongha apparut, Tilopa lui demanda à propos de Nagarjuna et elle lui dit que Nagarjuna n'était pas dans le royaume humain à ce moment-là, mais qu'il donnait des enseignements dans le royaume des dieux.  Matongha dit également à Tilopa que Nagarjuna savait qu'il serait dans cette grotte particulière et l'avait envoyée pour lui donner des enseignements.  Alors Matongha donna enseignements à Tilopa. Matongha remarqua que parce que Tilopa avait été roi et de caste royale, son esprit possédait une forte fierté qui entravait sa progression, et elle lui dit qu'il devait supprimer son arrogance.

Mathonga ordonna Tilopa de se rendre dans un certain village pour y chercher une femme qui se prostituait et travailler pour elle. La femme travaillait pendant la journée à fabriquer de l'huile à partir de graines de sésame et travaillait la nuit comme prostituée. Selon ses instructions, il travaillait pour la femme le jour en pilant des graines de sésame et la nuit en sollicitant ses clients. De cette façon, Tilopa vivait comme l'assitant de la prostituée.

Un jour, pendant que Tilopa pilait des graines de sésame, il réalisa la bouddhéité ultime, l'aspect Vajradhara de l'illumination.  En signe de sa réalisation complète, Tilopa lévita à la hauteur de sept palmiers royaux tout en tenant toujours le mortier et le pilon dans ses mains et en continuant à broyer les graines de sésame.

La nouvelle que Tilopa planait dans les airs à la hauteur de sept palmiers royaux se répandit rapidement dans le village.  Quand la prostituée apprit que quelqu'un lévitait très haut dans le ciel, elle s'empressa de voir de qui il s'agissait.  À sa grande surprise, elle vit son assistant dans le ciel, et que même qu'il planait, il continuait à moudre des graines de sésame.  Elle eut honte d'avoir donné un tel travail à un être hautement réalisé, et avec un grand regret, elle l'avoua à Tilopa et lui demanda de l'accepter comme son élève. Alors qu'elle faisait mentalement cette demande, Tilopa lui lança une fleur du ciel. La fleur l'a frappée à la tête, la faisant instantanément atteindre la réalisation complète. Elle a ensuite lévité à la même hauteur que Tilopa.

Alors encore une fois, la nouvelle s'est rapidement répandue parmi un grand nombre de personnes. Le roi lui-même sorti pour assister à l'événement béni avec tout son peuple. Avec tout le monde réuni ci-dessous, Tilopa a chanté une doha [chanson du Dharma], en utilisant l'exemple de la graine de sésame dans son enseignement. Dans sa chanson, Tilopa explique que bien qu'une graine de sésame contienne de l'huile, elle ne peut pas produire d'huile par elle-même ; sans le travail acharné de broyage de la graine, l'huile ne peut pas être extraite. Ainsi, bien que la nature de bouddha soit à l'intérieur de chaque être vivant, sans le travail acharné de la pratique du dharma, il n'y a aucun moyen de réaliser notre nature de bouddha inhérente.

Alors que Tilopa chantait cette chanson, le roi et tout son peuple comprirent immédiatement son enseignement et en vinrent à la réalisation complète. A l'instant de leur illumination, le village parut momentanément vide de tous ses habitants.

Après ce jour, Tilopa est devenu très célèbre. Sa grande renommée est due non seulement à sa profonde réalisation, mais aussi parce que, comme il l'a chanté dans plusieurs dohas, il n'avait pas de gourou humain. C'était pour montrer qu'il avait reçu sa transmission directement de l'aspect Vajradhara de l'illumination.

Naropa (source: kagyuoffice.org)

Naropa était un grand érudit et maître du mahamoudra. Connu sous le nom d'Abhayakirti ('jig med grags pa) Jnanasiddhi, est né au Cachemire dans la caste brahmane, selon Taranatha et d'autres sources, qui disent qu'il est né dans un endroit appelé Jambu (Shrinagar, selon Guenther) dans l'est partie de l'Inde. Son père était Shantivarman et sa mère, Shrimati.

Selon Taranatha, dès son plus jeune âge, il commença à recevoir une éducation complète et devenit un tirthika pandit (érudit des enseignements non bouddhistes), pratiquant également les tantras de l'hindouisme. Pendant ce temps, Naropa alla chez une femme qui vendait de la bière et rencontra un jeune pandita bouddhiste. Après le départ du pandita bouddhiste, Naropa trouva un volume de sutras qu'il avail laissé et commença à les lire. Il devint très inspiré par les enseignements et son cœur remplit de dévotion pour le dharma.


Naropa ensuite alla à Madhyadesha où il devint un moine ordonné, s'instruisant dans les enseignements bouddhistes. Naropa, qui avait été un pandita tirthika, est devenu le pandita le plus savant du Bouddha-dharma. Il était honoré pour cet accomplissement avec le titre « gardien du nord » des universités de Nalanda et de Vikramashila. Il enseigna dans ces universités et devint l'un des abbés les plus connus de l'époque. Pendant ce temps, il pratiqua la méditation tantrique vajrayana de Cakrasamvara tous les soirs et eut de nombreuses visions sacrées des dakinis. À un moment donné, certaines dakinis l'ont encouragé à partir en disant : « À l'est se trouve Tilopa. Va devant lui et tu atteindras le grand siddhi ! »

Naropa cherche son maître Tilopa

Il voyagea à l'est et chercha Tilopa partout, mais il était introuvable. Un jour, Naropa se trouvait dans un monastère de la région orientale. Alors que dans la cuisine du monastère, un vieil homme vil et sale est entré et a rôti de nombreux poissons vivants dans le feu rougeoyant. Naropa était incapable de le persuader de ne pas rôtir le poisson vivant, et les autres moines se levèrent d'un bond et commencèrent à courir vers le vieil homme pour l'empêcher de tuer. Le vieil homme a répondu: «Si vous ne l'aimez pas, jetez simplement ces restes de poisson rôti dans l'eau!» En mettant les restes de poisson rôti dans l'eau, ils ont pris vie et ont nagé dans toutes les directions.

Naropa sut alors que le vieil homme était un siddha réalisé. Après lui, il se prosterna à ses pieds et le pria d'enseigner. Le vieil homme se mit en colère et frappa Naropa sans rien dire. Alors Naropa s'est dit : «Est-ce que ce yogi est Tilopa ?» le vieil homme répondit : «Oui ! Oui!» Quand Naropa s'est dit «Est-ce que ce yogi est quelqu'un d'autre que Tilopa ?» le vieil homme répondit : «Non ! Non!» À ce moment-là, il s'est rendu compte que ce vieil homme était Tilopa.

Tilopa se manifestait parfois comme un yogi en accomplissant des actes yogiques et semblait parfois être un simple fou. Pendant toutes ces périodes, Naropa n'avait aucune pensée conceptuelle ni aucun doute sur la réalisation de Tilopa.

Développer la dévotion de Naropa

Une fois, Naropa a reçu beaucoup de légumes lors d'une célébration de mariage et il les a offerts à Tilopa. Tilopa en demanda plus et ainsi Naropa retourna à la réception de mariage, pensant que cela plairait à son Gourou. En Inde, ce n'est pas la coutume d'aller deux fois à un banquet dans la même journée, alors Naropa a volé tout le pot de légumes et l'a emporté. Les gens du mariage l'ont surpris en train de voler et l'ont battu avec des bâtons et des pierres, mais Naropa a réussi à s'accrocher au pot et à apporter les légumes à son gourou.

À un autre moment, Tilopa et Naropa rencontrerent une princesse assise dans un palyanka (palanquin) sur la route. Tilopa a dit: «Attrapez la princesse et amenez-la ici!» Naropa se transforma en brahmane et, prononçant des paroles de bon augure, il mit des fleurs sur la tête de la jeune fille. Il l'a alors attrapée et s'est enfui avec elle; les serviteurs de la princesse le rattrapèrent cependant et battirent Naropa au sol jusqu'à ce qu'il soit comme un cadavre. Naropa a ensuite récupéré grâce aux bénédictions et aux moyens habiles de son gourou.

Une fois de plus, Tilopa et Naropa ont rencontré la femme de quelqu'un, cette fois mariée à un ministre. Tilopa la voulait comme épouse et a dit à Naropa de faire comme il l'avait fait auparavant. Naropa a payé à ses parents le prix d'une fille de haute caste et l'a emmenée avec lui. Il pensait qu'il l'offrirait à son gourou le matin, mais Naropa est tombé très malade et a été malade pendant plusieurs jours. Pendant ce temps, son gourou a récité des mantras et Naropa a rapidement récupéré complètement. A cette époque, Naropa offrit la fille à Tilopa. Cependant, la jeune fille était tellement attirée par Naropa qu'elle lui lança des regards amoureux. Voyant cela, Tilopa s'est mis très en colère et a dit à la fille: «Tu ne m'aimes pas mais au lieu de cela, tu l'aimes bien.» Il a ensuite battu à la fois Naropa et la fille.

Ces actions et bien d'autres similaires ont été accomplies afin de développer la foi de Naropa. Pendant tous ces événements que Naropa a traversés, sa dévotion et sa foi sont restées fermes et n'ont pas été ébranlées, même légèrement. Non seulement il n'a pas diminué ; en fait, sa foi et sa dévotion se sont développées. De cette façon, Naropa sa servi son gourou Tilopa pendant douze ans et bien qu'il ait traversé de nombreuses épreuves, Tilopa ne lui a même jamais dit un seul bon mot.

La célèbre sandale transmission de chez Tilopa

Finalement, lorsqu'ils furent dans une plaine déserte, Tilopa dit : «Maintenant, fais une offrande de mandala afin que je puisse te donner l'upadesha (instructions clés).» Naropa regarda autour de lui et dit : « Il n'y a pas de fleurs ni d'eau ici pour faire une offrande de mandala.» Tilopa répondit : «Votre corps n'a-t-il pas du sang et des doigts ?» alors Naropa se coupa et aspergea le sol de son propre sang ; il se coupa alors les doigts et les arrangea comme s'il s'agissait de fleurs. Tilopa l'a ensuite frappé avec une sandale boueuse et l'a assommé. Quand il s'est réveillé, il a pu voir la réalité des choses telles qu'elles sont. Naropa a été complètement guéri et a reçu tous les upadeshas et d'autres instructions. Naropa est devenu l'un des plus grands yogis et Tilopa lui a dit: «Maintenant, ne discute pas, n'enseigne à aucun étudiant - si tu agis ainsi, tu atteindras rapidement l'état le plus élevé.»

Lorsque Naropa résidait au monastère de Phullahari, il s'est engagé dans une méditation non conceptuelle. Cependant, les événements l'ont forcé à un débat avec un Tirthika, moment auquel Tilopa est apparu et a aidé Naropa. Ainsi, il n'a pas entièrement respecté les instructions, ce qui lui a causé quelques obstacles sur le chemin.

Naropa est resté principalement à Phullahari, près de Nalanda et il a également erré dans divers endroits en dirigeant des abhishekas, en enseignant des tantras, en donnant des upadeshas et en s'engageant également dans de grandes activités au profit de nombreux êtres sensibles. Naropa atteignit la réalisation de la Réalité et devint l'un des mahasiddas les plus renommés de l'Inde.

Naropa avait de nombreux étudiants, dont Shantipa, Atisha et de nombreux autres maîtres qui étaient des panditas gardiens de porte. Parmi ses étudiants, il y avait huit disciples extraordinaires, quatre qui ont été appris dans les tantras du père et quatre qui ont appris dans les tantras de la mère et ont détenu la lignée des instructions orales. Au premier rang de ses disciples se trouvait le Tibétain Marpa, le grand traducteur, qui a amené la lignée de Naropa au Tibet et l'a poursuivie à travers son grand disciple, Milarépa. Le principal étudiant et héritier de la lignée de Naropa était Marpa.

Marpa le traducteur (source: kagyuoffice.org)

Marpa Chökyi Lodrö, est née à Lhodrak Chukhyer dans une famille aisée. Il commença à étudier à un jeune âge et était sauvage et indompté par rapport aux autres enfants. Marpa avait d'abord reçu une formation de trois ans à Mangkhar avec Drokmi Shakya Yeshe et maîtrisa la langue sanskrite. Il décida de se rendre en Inde pour étudier le dharma avec des maîtres bouddhistes indiens renommés. Marpa rentra chez lui à Lhodrak et convertit tout son héritage en or pour ses frais de voyage et pour faire des offrandes à ses gourous indiens pour les enseignements demandés.

Les voyages de Marpa en Inde

Marpa entreprit son voyage en Inde. Arrivé d'abord au Népal, il étudia avec Paindapa et Chitherpa, deux célèbres élèves de Naropa.

Plus tard, Paindapa accompagna Marpa à Pullahari, près de l'Université de Nalanda, où Naropa enseignait. Marpa passa douze ans à recevoir des abhishekas, des instructions et à étudier avec Naropa et d'autres grands gourous indiens auxquels Naropa l'envoya pour étudier ou recevoir des instructions. Au bout de douze ans, Marpa offrit un ganachakra et chanta son premier chant de réalisation à son gourou, Naropa. Peu de temps après, il entreprit son voyage de retour au Tibet, où il enseigna et poursuivit ses activités de dharma.

Par la suite, Marpa voyagea en Inde deux fois de plus et a étudié avec Naropa et d'autres grands mahasiddhas de l'Inde. Parmi ceux-ci, ses principaux gourous étaient Naropa et Maitripa. Au total, il a voyagé trois fois en Inde et quatre fois au Népal. Lors de sa troisième visite, Marpa traversa une aventure pour trouver Naropa, car Naropa, ayant déjà adopté la conduite tantrique, était introuvable. Cependant, avec détermination, confiance et dévotion, Marpa a réussi à trouver Naropa et reçut ses derniers enseignements et instructions. À ce moment-là, Naropa prophétis qu'une lignée familiale ne continuerait pas pour Marpa, mais que sa lignée serait poursuivie par des disciples -- en particulier un avec l'apparence d'un moine et la réalisation intérieure du Mahayana. Cette prophétie annonçait l'arrivée du Seigneur Gampopa.

Apporter le Dharma complet au Tibet

Marpa avait maintenant reçu les transmissions complètes, alors Naropa a officiellement déclaré que Marpa était son successeur du dharma. Marpa a ramené les enseignements et les lignées du vajrayana et du mahamoudra au Tibet.

Naropa eut sept disciples majeurs dont Paindapa, Chitherpa, Shri Shantibhadra ou Kukuripa et Maitripa. Son disciple et détenteur de la lignée le plus connu était le Marpa, le traducteur.

À son retour au Tibet, Marpa passa de nombreuses années à traduire les écritures bouddhistes et a contribué à l'effort d'apporter le bouddhadharma complet au Tibet. Beaucoup de ses traductions font partie du Kagyur et du Tangyur.

Marpa continua à pratiquer et à donner des enseignements, des abhishekas et des transmissions à de nombreux étudiants au Tibet. Après sa troisième visite en Inde, Mila Thöpaga ou Milarepa devint son disciple, qui hérita intégralement de sa lignée. Marpa avec sa femme, Dakmema et leurs fils vivaient à Lhodrak dans la partie sud du Tibet.

Marpa avait de nombreux disciples. Les quatre étudiants les plus remarquables étaient connus sous le nom de «Quatre Piliers»: 1) Ngok Chöku Dorje, qui est devenu l'étudiant principal pour recevoir les transmissions et maîtriser les explications des tantras, 2) Tsurtön Wanggi Dorje, qui est devenu l'étudiant principal pour recevoir les transmissions et maîtriser la pratique de Phowa [transfert de conscience], 3) Meytön Chenpo, qui est devenu l'étudiant principal pour recevoir les transmissions et maîtriser la pratique d'Ösal [luminosité], et 4) Milarepa, qui est devenu l'étudiant principal pour recevoir les transmissions complètes et maîtriser la vue, la méditation et la conduite.

Marpa a donné la pleine transmission de sa lignée à Milarépa, qui est devenu son héritier spirituel et a continué la lignée de Naropa. Le principal étudiant et héritier de la lignée de Marpa était Milarepa.

Le yogi Milarepa (source: kagyuoffice.org)

Milarépa nait à Gungthang. Son père était MilaSherap Gyaltsen et sa mère, Nyangtsa Kargyen. Il avait une sœur cadette, Peta Paldron. Il s'appelait Mila Thöpaga, ce qui signifie «Mila qui fait plaisir à entendre.»

Très jeune, il perdit son père et le domaine familial est passé entre les mains du frère de son père, l'oncle de Mila Thöpaga, qui, avec sa femme,  pratiquement asservit la mère et la famille de Mila, les faisant travailler dans les champs. Lui, ainsi que sa mère et sa sœur, traversèrent d'énormes souffrances à cause des mauvais traitements infligés par son oncle et sa tante.

Une incursion dans la magie

À la demande de sa mère, lorsque Mila grandit, il étudia la magie auprès de deux maîtres différents afin de se venger en utilisant des pouvoirs magiques. Par un sortilège, il tua trente-sept personnes, dont la famille de son oncle, et détruisit la plupart des récoltes du village. Après cela, de grands remords s'élevèrent en lui pour les lourdes conséquences karmiques qu'il s'était causées, et son esprit se tourna vers le dharma sacré.

Mila s'est d'abord rendue dans la région de Tsang et étudia avec le grand maître Rongtön Lhaga. Ce dernier finalement conseilla à Mila d'aller étudier avec Marpa. À l'âge de trente-huit ans, il se rendit à Lhodrak pour trouver Marpa. Avant son arrivée, Marpa eut un rêve dans lequel un yidam prophétisa l'arrivée de Milarépa.

Milarépa étudie avec Marpa

Mila a passé plus de six ans à étudier avec Marpa, qui a fait construire à Mila la célèbre tour de neuf étages dans le cadre de son voyage sur le chemin. À la fin, il a reçu l'abhisheka de Chakrasamvara de Marpa au cours de laquelle il a reçu le nom secret, Shepa Dorje, qui signifie «Vajra qui rit». Marpa a également conféré à Milarépa les transmissions complètes, les instructions et les abhishekas du Tantra, ainsi que la lignée du Mahamudra -- tout ce que Marpa avait reçu des mahasiddhas indiens Naropa et Maitripa.

L'illumination en une vie de Milarépa

Après avoir pratiqué très assidûment pendant douze ans sous Lord Marpa, Milarépa a atteint l'état inséparable de vajradhara (l'état complet d'illumination) dans cette vie même. Il est alors devenu connu sous le nom de Milarépa, ce qui signifie la «Mila, celle vêtue de coton». («Repa» est la désignation donnée à de nombreux yogins tantriques car ils portent une robe blanche.) À l'âge de quarante-cinq ans, il a commencé à pratiquer à Drakar Taso (Dent de cheval de roche blanche), et d'autres grottes bien connues et a également commencé errer et enseigner à divers endroits.

Chansons et poèmes de Milarépa

Milarepa est surtout célèbre pour ses chansons et ses poèmes, dans lesquels il exprime la profondeur de sa réalisation du dharma avec une clarté et une beauté extraordinaires. De nombreuses compositions poétiques de Milarepa ont été traduites dans de nombreuses autres langues.

Les étudiants de Milarepa

Milarépa eut d'innombrables disciples tels que Rechung Dorje Drakpa, Gampopa ou Dhakpo Lhaje, les fils aux huit cœurs, et bien d'autres. Parmi eux, son successeur spirituel qui a continué sa lignée et est devenu l'un des principaux maîtres de la lignée dans la tradition de Milarépa était Gampopa.

Thursday, 5 May 2022

Et si vous m'expliquiez le bouddhisme? - Ringu Tulku et Gampopa

Mathieu Ricard (extrait de matthieuricard.org)

Matthieu Ricard, né en France en 1946 et fils du philosophe français Jean-François Revel et de l'artiste peintre Yahne Le Toumelin, est moine bouddhiste, humanitaire, auteur de livres, traducteur et photographe. Après un premier voyage en Inde en 1967 où il rencontre de grands maîtres spirituels tibétains, dont ses principaux Maîtres, Kangyur Rinpoché et Dilgo Khyentsé Rinpoché, il termine son doctorat en génétique cellulaire en 1972, et part s'installer définitivement dans la région de l'Himalaya où il vit maintenant depuis plus de 50 ans.


Ringu Tulku (extrait de bodhicharia.org)

Ringu Tulku Rinpoche est un maître bouddhiste tibétain de l'ordre Kagyu. Il a été formé dans toutes les écoles du bouddhisme tibétain auprès de nombreux grands maîtres tels que SS le 16ème Gyalwa Karmapa et SS Dilgo Khyentse Rinpoché. Il a fait ses études à l'Institut Namgyal de tibétologie, Gangtok et Sampurnananda Sanskrit University, Varanasi, Inde et a été professeur de tibétologie au Sikkim pendant 17 ans. Sa thèse de doctorat portait sur le mouvement œcuménique au Tibet.

Depuis 1990, il voyage et enseigne le bouddhisme et la méditation dans plus de 50 universités, instituts et centres bouddhistes en Europe, aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Asie. Il participe également à divers dialogues interreligieux. Il est l'auteur de plusieurs livres sur le bouddhisme ainsi que de livres pour enfants en langues tibétaine et européenne.


Video: The lazy lama

Gampopa (1074-1153 de notre ère) (extrait de kagyuoffice.org)

Gampopa Sönam Rinchen est né à Nyal au Tibet central. Son père était Nyiwa Sangye Gyalpo et sa mère était Shomo Zatse. Il s'appelait Dharma Drak.

La vie de Gampopa en tant que médecin

Son père a commencé l'éducation de son fils à l'âge de cinq ans. Pendant plus de huit ans et demi, à partir de l'âge de sept ans, il a étudié les sciences médicales et reçu une formation de médecin auprès de Kyeme, un médecin indien, d'Usil, un médecin de la région de Tsang au Tibet central, et de Viji, un Népalais. médecin. Pendant de nombreuses années, il a poursuivi sa formation médicale, étudiant auprès de treize autres médecins de Chine et du Tibet. Il est devenu l'un des meilleurs médecins de l'époque et était connu sous le nom de Dakpo Lhaje, le médecin de Dakpo.

Il s'est également intéressé au dharma et a commencé à étudier dans la lignée Nyingma du maître Bar-rey, et dans la tradition Kadam avec Sharpa Yonten Drak.

Frappé par une épidémie

À l'âge de seize ans, Dharma Drak épousa la fille de Chim Jose Dharma Ö. Ils ont eu deux enfants. Il a vécu comme chef de famille et en tant que médecin hautement qualifié, il a reçu un grand respect de la communauté. À l'âge de vingt-cinq ans, sa femme et ses enfants sont morts d'une maladie épidémique, ce qui l'a amené à tourner complètement son esprit vers le dharma.

À l'âge de vingt-six ans, Gampopa a reçu l'ordination entièrement monastique de Guéshé Loden Sherap de l'ordre Kadam. À l'âge de vingt-huit ans, il rencontra Nyukrumpa Tsöndru Gyaltsen et reçut de nombreux enseignements kadampa. Il a pratiqué leurs enseignements pendant de nombreuses années.

La rencontre historique de Gampopa avec son maître Milarépa

En entendant la renommée du Seigneur des Yogins, Milarépa, il décida de le rechercher. Après un voyage long et difficile, Gampopa arriva à Trode Tashigang, où il apparaissait que Milarépa l'attendait déjà. Lui et ses disciples reçurent le moine Gampopa avec beaucoup de respect et d'hospitalité. En raison de la fierté de Gampopa, cependant, son audience avec Milarépa a été retardée de deux semaines.

Lorsque Gampopa rencontra pour la première fois Milarépa, ce dernier offrit à ce nouveau disciple un bol de chang (bière tibétaine). Bien que Gamapopa ait d'abord hésité à le boire parce que ce serait une violation de son vœu monastique, il l'a fait quand même, ce qui a démontré qu'il recevrait les enseignements complets de la lignée du mahamoudra et du tantra de Milarepa. Ce fut un moment historique. Après cette réunion importante, Gampopa a pratiqué avec une grande diligence et a enduré de nombreuses épreuves sous son gourou; il a eu de nombreuses expériences et a finalement atteint une grande réalisation. Il est devenu le disciple le plus important et le détenteur de la lignée de Milarepa.

Fondation de l'ordre monastique Kagyu

Gampopa était le fondateur de l'ordre monastique de l'école Kagyu et les lignées qui en découlent sont connues sous le nom de Dhakpo Kagyu. Il a fondé le monastère Dhaklha Gampo où il a poursuivi ses activités d'enseignement, de méditation et de bienfait des êtres. Gampopa est l'auteur d'un livre des plus célèbres, Le precieux ornement de la libération, et de bien d'autres. Ses œuvres complètes comprennent trois ou quatre volumes.

Gampopa détenait les deux lignées des Kadampa ainsi que les traditions mahamoudra et tantrique de Milarépa. Depuis son temps; la tradition Kagyu a contenu les deux lignées ensemble et est devenue riche en méthodes pour conduire les disciples à la réalisation. Gampopa conduisit d'abord ses propres étudiants à travers la voie mahayana commune des enseignements de la lignée Kadampa, puis à travers la voie peu commune du mahamudra et du tantra des instructions de la lignée Kagyu de Milarepa.

Parmi les nombreux disciples de Gampopa, les disciples les plus connus et les plus proches étaient : Gampo Tsultrim Nyingpo, Karmapa Düsum Khyenpa, Phakmo Trupa, Saltong Shogam, Barom Dharma Wangchuk et Zhang Drowae Gönpo. L'héritier de la lignée du Rosaire d'Or de Gampopa était le Premier Karmapa, Düsum Khyenpa.

Le précieux ornement de la libération

Est un texte clé de la tradition kagyu du bouddhisme tibétain dont on dit qu'il capture l'essence des lignées Kadampa et Kagyüpa des enseignements du Mahayana.

Gampopa, à la fois moine kadampa et étudiant vajrayana du célèbre yogi Milarépa, a basé ce texte sur la La lampe pour la voie de l'éveil d'Atisha. Khunu Lama Rinpoché a déclaré qu'il s'agissait du premier texte de lamrim écrit au Tibet et que tous les grands textes de lamrim ultérieurs étaient basés sur Le joyau de l'ornement de la libération. C'est un texte extrêmement important à étudier comme base pour la retraite traditionnelle de trois ans.

Gampopa a déclaré: "Pour quiconque souhaite me voir, étudier Le Précieux Ornement de la Libération et La Précieuse Guirlande de la Voie Sublime équivaut à me rencontrer." Ce texte contient la forme complète du bouddhisme Mahayana - du point de départ de la nature de bouddha jusqu'à l'illumination.

Structure du texte

  • La cause première : la nature de bouddha.
  • Le support : la précieuse existence humaine.
  • La cause contributive : le maître spirituel.
  • Les méthodes de pratique.
  • Le résultat : la bouddhéité parfaite.
  • Les activités du Bouddha.

Traductions

  • The Jewel Ornament of Liberation, Herbert V. Günther
  • The Jewel Ornament of Liberation, Khenpo Konchog Gyaltsen
  • Ornament of Precious Liberation, Ken Holmes
  • Le Précieux Ornement de la Libération, Christian Bruyat et le comité de traduction Padmakara 

Commentaires

  • Et si vous m'expliquiez le bouddhisme, Ringu Tulku
  • Enseignements orales disponibles sur bodhicharya.org

In love in the world - 10. If You See Something, Say Something

Contributors

Chloé, Christophe

Key points of previous chapter

  • Gaps between thoughts allow us to glimpse the naked mind, not obscured by perceptions and or memory
    • Gap = bardo
  • “Emotions themselves are not the problem. It’s how we relate to them.”
  • Dukkha = suffering, the mental disturbances arising when we substitute reality as-it-is for what we wish it to be

Summary of this chapter

This is a short and profound chapter.  It addresses two points from an experiential point of view:
  • impermanence,
  • the sense of self.
The chapter starts by reminding us that “we embody moment by moment physical changes, traverse various realms of affliction each day, and live through continuous, never-ending changes in our daily lives.”  We also notice changes in our states of mind.  From waking up to going to sleep, our minds can go from joy to sadness, going through aversion, jealousy, judgments, hope, irritation,…

Despite the fact that change is pervasive in out lives, we often do not know how to “put it into service for the enrichment of our lives and others.”  Often, we resist change.  This “puts us at odd with reality, and this creates never-ceasing dissatisfaction.”  This resistance comes from the fact that our minds are bound with phenomena, we are too tight.  We are attached to how things should be, to situations, roles and concepts that we use to define ourselves.  As Mingyur Rinpoche says, our identities take up residence in out body often more subtly and more deeply than we imagine.  Our strong reactions to situations point to the fact that we misperceive ourselves.  That makes us easy targets.  “The more rigid our sense of self, the more surface we provide for the arrow to hit.”
 
What’s the solution?  To understand our situation, we have to examine it.  That’s why awareness is important.  That’s how we see how our beliefs color our perceptions.  That’s how we see that what we call “self” is solely a designation of a compound of interrelated parts, that it is a concept recreated moment to moment that points to no ever-lasting reality.  And in gaps (or bardos), when all conceptual commentary is stopped, we can start to get in touch with our primordial nature, with a “mind beyond words, beyond concepts.”

Videos:

Questions

  • How might meditation and a healthy sense of self work together to make us happier?
  • How do you understand “the more rigid our sense of self, the more surface we provide for the arrows to hit”?  How can we loosen that rigid send of self?

Meditations

Impermanence and the Sense of Self

Sunday, 1 May 2022

In love with the world - 8. Varanasi rail station

Contributors

Ann, Jean-Jacques

Summary of the chapter (extract)

In the literal description of the bardos, in-between describes an insubstantial, nonmaterial state of being that is in the process of seeking to return to substance. It seeks to resolidify, and to once again become some-body. From within our material forms, we already know that generally the experience of ourselves as no-thing and no-body is simply unbearable. We humans actually cannot stand this possibility—unless we wake up and realize that this transient and fluid state is our true home.

Yet we are always in a state of not-knowing and of uncertainty. That’s the nature of existence. As a daily life experience, the bardo of becoming expresses a heightened state of displacement, of falling apart, of not knowing what’s happening. These are the underlying conditions of those times when we experience certainty and when we do not ever really change. The shift comes from our perceptions. When I entered the taxi in Bodh Gaya, the anxiety of dislocation subsided, though hurtling through the night at a speed that far surpassed the limit was hardly safe. When I was standing on the train platform, I anticipated that getting onto the train would diminish some anxiety. But the time spent flattened against the door by a human wall instead provoked more anxiety. I assumed that things would be better when I found a place to sit on the floor, but the continuous contact with strangers falling against me made me feel isolated and agitated. I thought it would be more comfortable when I found a place on the bench, but shortly after, I had panicked at the sound of the train whistle.

For the sake of social sanity and discourse, we speak of beginnings and endings. We start and end a train ride, a phone call, a day. We begin an exercise program and end a vacation or a relationship. We speak of the bardo of this life and the bardo of dying, followed by the dreamlike passage called the bardo of dharmata, and then the bardo of becoming, yet when we move past the convenience of language and categories, every second manifests the bardo of becoming. Becoming and becoming. All phenomena always just become. That’s how reality works. When we sensitize ourselves to the subtle transitions of emotions, or of bodily change, or shifts in social circumstances, or environmental transformations such as differences in landscape and light, or developments in language, art, or politics—we see that it’s all always changing, dying, and becoming.

I had thought that overnight I could become a sadhu, a wandering yogi, and drop all the outer roles at once; but I had not properly assessed the ways that these identities had become embedded in my body. I still had faith in the plan to add wood to the fire, and to know rebirth through burning up the grasping self’s influence on the senses. Without faith in the capacity to regenerate, we cannot make the most of dying every day. As I considered where to sit down, I did not even hold the illusion of locating a safe space to reassemble myself. I would find a place to sit, but it would not be a refuge. I continued to circle the station, all the while telling myself—while noting the paradox—that the cycle of samsara is not predetermined and that we are not fated to unhappy repetition.

Question

  • Can you gave an example of one of your outer roles which has become an identity embedded in your body?
  • What does it feel like to imagine letting go of this identity?

Meditation

  • Body Scan
  • Using breath to notice gaps, particularly at end of inhale, to intensify our sensitivity to change, transition.  [For added thoughts, read paragraph in Chapter 7, beginning at bottom of page 59, ending on page 60; also in Chapter 8, the 3rd paragraph on page 71.]

In love with the world - 9. Emptiness, not nothingness

Contributors

Carlo, Carles

Key points of chapter 8

  • Notice that obstacles are not what Rinpoche expected (shyness, oddness)
  • Trying to fix sensations
    • Stress to get in the taxi, but once in, it run too fast
    • Stress to get in the train, but once in it was too crowded and disconformable
    • Sitting in the station, but he became too anxious
  • The problem is trying to fix looking outside instead of turning look inside
  • At every step Rinpoche is in between something (monastery and taxi, the road, in the station, in the train..), so actually we are always in between
  • It is necessary to drop the fear of failure, in order to go thru the experiences
  • Rinpoche thing he "is working on it", adding wood to the fire
  • Use of body scan, to settle mind when sitting in the station
  • Realize he is maybe odd, as he was too clean and well dressed compared to the other low class travellers

Summary

1. Mind the gap, 6 floor department store:

  • Hell realm: Steam Pipes, Pistons no exit signs.
  • God realm: Pink Marble Floors, nice plants, luxurious.
  • In between: escalator and stairs represent the gap where we can decide and change direction, up or down.

2. Natural State of mind: Mind appears as a sky with clouds, When gaps appear between the clouds and the sun can shine through è this is the natural state of the mind

American lady story: we tend to forget naked awareness, naked awareness provided us a taste of freedom, wakefulness which was with him in the Gaya Station and in former god realms.

3. Mingyur Rinpoche takes a step back è  no playing superman, books himself a room, too much effort to sustain a picture

4. Nagasena story: He says he is not his hair, blood, intestines, excrement etc. but a designation => Quote: (p.79) „The monk now asked the King how he had arrived at his spot(…)“ Is [the chariot] the axel, the hub, or the reins? The King replies the chariot is just a denotation for something, Nagasena agrees. Mingyur Rinpoche is not his robes, meditations, titles etc. either 

Ultimately there is no person to be found at all.

5. Emptiness: empty minds, empty bodies, empty emotions but not nothingness.  If we allow to let come empty waves of feelings and invite them, we have empty water being poured into the empty ocean è No problem.

Mingyur Rinpoche criticize we say our dreams are not real but we say our emotions and afflictions are real. We should all relate differently and then there would be no problem with our emotions. If we watch the emotion, it dissolves into emptiness

6. „Dukkha“ To realize that everything is change we just have to look at the circumstances, which are always changing. If we don’t see it, we suffer.  In a different chapter he refers to the Buddha explaining we have to accept that everything is impermanent, if we mistake impermanence for permanence, this causes „Dukkha“

-we learn this lesson again and again

7. Nubri-Mingyur Rinpoche-ca—coo story: Broken branch, playing in the grove è book! grandmother, trust for the branch, broken phone

Question

How is it we say our dreams are not real, and we have so difficult to do the same with our emotions?

Meditation

Emptiness