Svaha!
« Par conséquent, il faut savoir que la Compréhension
Parfaite est un grand mantra, le plus élevé des mantra,
le mantra sans égal, le destructeur
de toute souffrance, l’incorruptible
vérité. Un mantra de Prajñaparamita doit
donc être proclamé. C’est le mantra : Gate gate paragate parasamgate bodhi svaha. »
Un mantra est
quelque chose que vous prononcez quand votre corps, votre esprit et votre souffle sont à l’unisson
en profonde concentration. Lorsque vous
demeurez dans cette profonde concentration, vous regardez dans les choses et vous les
voyez aussi clairement que vous voyez une
orange que vous tenez dans
la paume de votre main. En regardant profondément dans les cinq skandhas, Avalokitésvara a vu la nature de l’inter-être et a dépassé toute
souffrance. Il est devenu complètement libéré. C’est dans cet état
de profonde concentration, de
joie, de libération, qu’il a prononcé quelque chose d’important. C’est pourquoi sa parole est un mantra.
Quand deux jeunes s’aiment, mais que le jeune homme
ne l’a pas encore dit, la jeune femme attend peut-être trois mots très importants. Si le jeune homme est
une personne très responsable, il veut sans doute être sûr de ses sentiments, et il peut attendre longtemps avant de les dire. Puis un jour, assis
ensemble dans un parc, alors que
personne d’autre n’est à proximité
et que tout est calme, après qu’ils
se soient longtemps tus tous les deux,
il prononce ces trois mots. Lorsque la
jeune femme entend cela, elle tremble car c’est une déclaration si importante. Quand vous dites
quelque chose comme ça avec tout votre
être, pas seulement avec votre
bouche ou votre intellect,
mais avec tout votre être, cela peut
transformer le monde. Une
déclaration qui a une telle puissance de
transformation est appelé un mantra.
Le mantra d’Avalokitésvara est « Gate gate paragate parasamgate bodhi svaha. »
Gate signifie parti. Parti de la souffrance à la libération de la souffrance. Parti de l’oubli à
la pleine conscience. Parti de la dualité à la non-dualité. Gate gate signifie parti, parti. Paragate signifie parti jusqu’à l’autre rive. Donc ce mantra est dit
d’une manière très forte. Parti,
parti, complètement parti jusqu’à l’autre rive.
Dans parasamgate, sam signifie tout le monde, la Sangha, l’ensemble
de la communauté des êtres. Tout le
monde, parti jusqu’à l’autre rive. Bodhi est la lumière à l’intérieur, l’illumination ou l’éveil. Vous la voyez et
la vision de la réalité vous libère.
Et svaha est un cri
de joie ou d’émotion, comme « Bienvenue ! » ou « Alléluia ! »
« Parti, parti, complètement parti jusqu’à l’autre rive, tout le monde est
parti jusqu’à l’autre rive, illumination, svaha ! »
C’est ce que le bodhisattva a prononcé.
Quand nous écoutons ce mantra, nous devrions
nous mettre dans cet état d’attention,
de concentration, de sorte que nous puisons recevoir
la force émanée par le Bodhisattva
Avalokitésvara. Nous ne récitons pas le Soutra du Cœur comme si nous
chantions une chanson ou seulement
avec notre intellect. Si vous pratiquez
la méditation sur la vacuité, si vous pénétrez
la nature de l’inter-être avec tout
votre cœur, votre corps et votre esprit, vous réaliserez
un état qui est assez concentré. Si vous dites
alors le mantra avec tout
votre être, le mantra aura du
pouvoir et vous serez en mesure d’avoir une communication réelle, une communion réelle avec Avalokitésvara,
et vous serez en mesure de
vous transformer dans la direction de l’illumination. Ce texte n’est
pas seulement fait pour être chanté ou
pour être mis sur un autel pour
le culte. Il nous a été donné
comme un outil de travail
pour nous libérer, pour la libération
de tous les êtres. C’est comme un
outil pour l’agriculture qui est donné pour
que nous puissions cultiver.
C’est le don que nous fait Avalokita.
Il existe trois sortes de dons. Le premier est
le don de ressources matérielles. Le second est le don du savoir-faire, le don
du Dharma. Le troisième, le type le plus élevé de don, est le don de la non-peur. Le Bodhisattva Avalokitésvara est quelqu’un qui peut nous
aider à nous libérer de la peur. C’est le
cœur de la Prajñaparamita.
La Prajñaparamita nous donne un terrain solide pour faire la paix avec nous-mêmes, pour transcender la peur de la
naissance et de la mort, de la dualité
de ceci et cela. À la lumière
de la vacuité, tout est tout
le reste, nous inter-sommes, tout le monde est
responsable de tout qui se passe dans
la vie. Lorsque vous générez la
paix et le bonheur en vous-même, vous commencez
à générer la paix pour le monde entier. Avec le sourire
que vous produisez en vous-même,
avec la
respiration consciente que vous établissez,
vous commencez
à travailler pour la paix dans le
monde. Sourire n’est pas que sourire pour vous-même ; le monde va changer à cause de votre sourire. Lorsque vous pratiquez la méditation assise, si vous l’appréciez ne fut-ce qu’un instant, si
vous établissez la sérénité et
le bonheur à l’intérieur de vous, vous fournissez
au monde une base solide pour la
paix. Si vous n’êtes pas en paix,
comment pouvez-vous la partager avec les autres ? Si vous ne
commencez pas le travail de paix avec vous-même, où le commencerez-vous ? S’asseoir, sourire, regarder
les choses et les voir vraiment, voilà la base du travail pour la paix.
Hier, dans notre retraite, nous avons fait une
soirée mandarine. Chacun s’est vu offrir une mandarine. Nous mettions la
mandarine sur la paume de notre main
et la regardions, en respirant de telle façon
que la mandarine est devenue réelle. La
plupart du temps quand nous mangeons une mandarine, nous ne la regardons
pas. Nous pensons à beaucoup d’autres choses. Regarder une
mandarine est voir la fleur se
transformant en fruit, voir la lumière du soleil et la pluie. La
mandarine dans notre paume est la merveilleuse
présence de la vie. Nous pouvons vraiment voir cette mandarine
et sentir sa fleur et la terre chaude et humide. Au fur et à mesure que la mandarine devient réelle, nous devenons
réels. La vie à ce moment-là devient
réelle.
En pleine conscience, nous avons commencé à éplucher notre mandarine et à sentir son
parfum. Nous avons pris soigneusement chaque quartier de la mandarine
et l’avons mis sur notre
langue, et nous avons senti que c’était une vraie
mandarine. Nous avons mangé chaque partie
de la mandarine en pleine conscience jusqu’à nous ayons fini tout le fruit.
Manger une mandarine de cette façon est très important car à la fois la mandarine et le mangeur de la mandarine deviennent réels. Cela, aussi, est
le travail de base pour la
paix.
Dans la méditation bouddhiste, nous ne luttons
pas pour le genre d’illumination qui se produira dans cinq ou dix ans. Nous pratiquons
pour que chaque instant de notre vie devienne une vraie vie. Et, par conséquent, lorsque nous méditons, nous nous asseyons pour nous asseoir
; nous ne nous asseyons pas pour autre chose. Si nous
restons assis vingt minutes,
ces vingt minutes devraient nous apporter
joie, vie. Si nous pratiquons la méditation en marchant, nous marchons juste pour marcher, pas pour arriver. Nous devons être vivants à chaque pas, et si
nous le sommes, chaque pas nous
ramène la vraie vie. Le
même genre de pleine conscience peut être
pratiqué lorsque nous mangeons notre petit déjeuner ou lorsque nous portons un enfant dans nos bras. Se prendre dans les bras est une coutume occidentale mais nous les
orientaux voudrions y ajouter la pratique
de la respiration consciente. Lorsque vous tenez un enfant dans vos bras, ou embrassez votre mère ou votre mari ou votre ami,
inspirez et expirez trois fois et votre bonheur
sera multiplié par au moins dix. Et
quand vous regardez quelqu’un, regardez-le vraiment avec la pleine conscience et pratiquez la respiration consciente.
Au le début de chaque
repas, je recommande que vous regardiez votre assiette et
récitez en silence, « Mon assiette est
vide maintenant, mais je sais qu’elle sera remplie d’aliments
délicieux dans un instant. » Tout en attendant d’être servi ou de vous servir vous-même, je suggère que vous preniez trois respirations et regardiez encore plus profondément : « En
ce moment, beaucoup, beaucoup de gens autour du monde
tiennent également une assiette mais la leur sera vide
pendant longtemps. » Quarante mille
enfants meurent chaque jour à cause du manque de nourriture. Et je parle seulement des enfants. Nous pouvons être très heureux d’avoir une nourriture délicieuse, mais nous souffrons aussi parce que nous sommes capables de voir. Mais quand nous voyons de cette façon, cela nous rend sains d’esprit parce
que la voie devant nous est claire — la manière de vivre afin que nous
puissions faire la paix avec nous-mêmes et avec le monde. Lorsque nous voyons
le bien et le mal, les merveilles et la souffrance profonde, nous devons vivre
de telle manière que nous puissions faire la paix avec nous-mêmes et avec le
monde. La compréhension est le fruit de la méditation. La compréhension est la
base de tout.
Chaque respiration que nous prenons, chaque pas que nous faisons, chaque sourire
que nous réalisons est une contribution positive à
la paix, un pas nécessaire vers la paix du
monde. À la lumière de l’inter-être, la paix et le bonheur dans votre vie quotidienne signifient la paix et le
bonheur dans le monde.
Merci d’être si attentif. Merci d’avoir écouté
Avalokitésvara. Parce que vous êtes là, le Sutra du Cœur est devenu très
facile.
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