Sunday, 27 March 2022

Peut-être dangereuse la méditation ? par Mingyur Rinpoche

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La méditation est-elle dangereuse ?

De nombreuses personnes me demandent s'il y a des effets secondaires à la méditation. Certaines personnes l'appellent, le côté obscur de la méditation.

De nos jours, de nombreuses personnes enseignent la méditation et, dans certains cas, ces enseignants n'ont pas une compréhension approfondie de la méditation et, bien qu'ils ne soient pas des experts, écrivent un livre sur la méditation. A mon avis, si vous apprenez la méditation uniquement à partir d'un livre ou d'un enseignant inexpérimenté [en personne ou à partir de ses livres], il peut parfois y avoir des effets secondaires. En particulier, si vous méditez en cherchant à ne penser à rien, à bloquer les pensées, à bloquer les émotions, à vider votre esprit, à vider votre cerveau.

En premier lieu, ce genre de méditation est impossible. Vous ne pouvez pas bloquer vos pensées et vos émotions ; vous ne pouvez pas avoir un esprit vide ou un cerveau vide. C'est impossible. Il y a toujours des pensées, l'esprit est toujours en mouvement, il change constamment.

Et si vous ne savez pas comment accepter cela, vos pensées deviennent vos ennemis, les émotions deviennent vos ennemis, le bruit devient votre ennemi, les affaires deviennent votre ennemi, le stress devient votre ennemi. Ainsi, à la fin, grâce à la méditation, votre esprit ne devient pas calme et paisible, mais devient plus sensible et agité.

Par conséquent, cette instruction est fausse et vous ne devriez pas essayer de méditer de cette façon. Vous ne devriez pas essayer de vous débarrasser de vos pensées et de vos émotions, de bloquer vos pensées et vos émotions.

Deuxièmement, certaines personnes pensent que la méditation consiste à rechercher la paix, le calme et la joie. Et puis ils méditent en pensant "paaaaaix...", c'est ce que nous appelons le désir. Lorsque vous avez trop d'attentes à propos de la méditation et que vous êtes attaché à [votre idée de ce qui devrait être] l'expérience de la méditation, le besoin de paix, etc., alors la méditation devient difficile. Lorsque vous recherchez la paix, la paix dit : « Je suis occupée. Vous devez prendre rendez-vous [un autre moment]. »

Normalement, notre esprit fait le contraire [de ce que nous voulons]. Vous pouvez essayer de vous dire «ne pense pas à une pizza ». Ce qui se passe, c'est que vous penserez à la pizza. Et quand vous avez vraiment besoin de penser, « Oh, je suis à l'examen, je dois me souvenir de tout », votre esprit devient vide. C'est ce que fait l'esprit normal, ce que nous appelons inflexible, ou inopérant.

La méditation consiste à développer notre esprit pour le rendre fonctionnel et flexible. Et le véritable objectif de la méditation est de le relier à notre bonté intérieure fondamentale. Nous avons les qualités fondamentales de notre esprit, de notre conscience [ou présence], de notre amour, de notre compassion et de notre sagesse.

Ces trois [qualités] sont à l'arrière-plan de toutes nos pensées, émotions, hauts et bas de la vie, hauts et bas des sentiments. Ils sont à l'arrière-plan de tout. Nous pouvons comparer notre conscience au ciel et les pensées, les émotions, les sentiments sont comme des nuages.

Grâce à la méditation, nous pouvons nous connecter avec les qualités profondes de nous-mêmes. Et quand nous faisons cela, alors il y a plus de liberté, plus de ce que nous appelons la libération. À l'heure actuelle, notre esprit fait le contraire [de ce que nous voulons]. Mais quand on regarde plus en profondeur, tout va bien. Le vrai bonheur est lorsque nous nous connectons avec notre conscience [ou présence], notre amour, notre compassion et notre sagesse, nous devenons capables d'obtenir un vrai bonheur.

Par conséquent, dans ma lignée de style de méditation, l'accent est mis sur la conscience [ou présence], pas sur l'objet [de la méditation]. [S'il y a] des pensés c'ést bien, pas de pensés c'est bien; des émotions c'est bien et pas d'émotions c'est bien; erreur c'est bien, pas d'erreur c'est bien; bien c'est bien, mal c'est bien; [si je suis] heureux, c'est bien, pas heureux, c'est bien ; [si ça] monte c'est bon, descend c'est bon. Pourquoi? Parce que tout c'est des nuages.

Au niveau fondamental, vous ne pouvez pas vous tromper. Vous ne pouvez pas. Il n'y a pas d'erreur dans la conscience [ou présence]. Il n'y a pas d'erreur dans l'amour et la compassion, [ni] dans la sagesse.

Donc, [nous devons être] orientés vers la conscience [ou présence], c'est vraiment important. [Nous préférons ne pas méditer] orientés vers l'objet. Nous ne nous basons pas sur les nuages, nous nous basons sur le ciel lui-même.

C'est un message particulièrement important. Surtout au début, si vous recherchez la méditation, ne pensez pas que la méditation arrête les pensées et les émotions. Ne pensez pas que la méditation ne recherche que la paix, le calme et la joie. Ce que la méditation fait vraiment, c'est vous connecter à vos qualités plus profondes qui résident en vous, qui sont la conscience, l'amour, la compassion et la sagesse.

Transcribed from the video Can Meditation Be Dangerous with Yongey Mingyur Rinpoche

English version

Is meditation dangerous?

Numerous people ask me if there are any side effects of meditation.  Some people call it, the dark side of the meditation.

Nowadays there are many people teaching meditation, and in some cases these teachers don't have deep understanding of meditation, and despite not being experts write a book on meditation.  For me, if you learn meditation just only from a book, or from an unexperienced teacher [in person or from their books] sometime there might have side effects.  In special, if you meditate looking to think on nothing, to block thoughts, to block emotions, to empty your mind, to empty your brain.

In the first place, that kind of meditation is impossible.  You cannot block your thoughts and emotions; you cannot have an empty mind or an empty brain.  It is impossible.  There are always thoughts, the mind is always moving, it is constantly changing.

And if you don't know how to embrace that, your thoughts become your enemies, emotions become your enemies, noise become your enemy, business become your enemy, stress become your enemy. So, in the end, through the meditation, your mind does not become calm and peaceful, instead it become more sensitive and agitated.

Therefore, this instruction is wrong, and you should not try to meditate in that way.  You should not try to get rid of your thoughts and emotions, to block your thoughts and emotions.

Second, some people they think meditation is to look for peace, calm, and joy.  And then they meditate thinking “peeeeace…,” that is what we call craving.  When you have too much expectation about meditation and you are attached to [your idea of what should be] the experience of meditation, craving for peace and so on, then meditation become difficult.  When you look for peace, peace says “I'm busy. You must make appointment.”

Normally, our mind does the opposite [of what we want].  You can try telling yourself “Don’t think about pizza.”  What happen is that you will think about pizza.  And when you really need to think, “Oh, I'm in the exam, I have to remember everything” your mind become empty.  That is what normal mind does, what we call and unpliable, or not workable.

Meditation is to develop our mind to make it workable and pliable.  And the real goal of meditation is to connect it with our basic inner goodness.  We have the fundamental qualities of our mind, awareness, love and compassion, and wisdom.

These three [qualities] are in the background of all our thoughts, emotions, ups and downs of life, ups and downs of feelings.  They are the background of everything.  We can compare our awareness to the sky and thoughts, emotions, feelings are like clouds.

Through meditation, we can connect with the deeper qualities of ourselves.  And when we do that, then there is more freedom, more, of what we call, liberation.  At present, our mind does the opposite [of what we want].  But when we look deeper, everything is okay.  The real happiness is when we connect with our awareness, love and compassion, and wisdom, we become able to get real happiness.

Therefore, in my meditation style lineage, the focus is awareness, not the object [of meditation].  [If there is] thought it is okay, not thought it is okay; emotion it is okay and no emotion it is okay; mistake it is okay, no mistake it is okay; right it is okay, wrong it is okay; [if I’m] happy it is okay, not happy it is okay; [if it goes] up it's okay, down it is okay.  Why?  Because all these are clouds.

In the fundamental level you cannot be wrong.  You cannot.  There is no mistake in awareness.  There is no mistake in love and compassion, [neither] in wisdom.

So, [we must be] awareness oriented, this is really important.  [We prefer not to meditate] object oriented.  We don’t base on the cloud, we base on the sky itself.

This is a particularly important message.  Specially at the beginning, if you are looking for meditation, don't think that meditation is stopping thoughts and emotions.  Don't think that meditation only looks for peace, calm, and joy.  What meditation really does, is connect you to your deeper qualities abiding within yourself, which are awareness, love and compassion, and wisdom.

Saturday, 26 March 2022

Le coeur de la compréhension - Annexe. Les douze maillons de la coproduction conditionée

Les douze maillons (nidanas) de la coproduction conditionnée représentent l’application du principe philosophique du bouddhisme général de conditionnalité universelle au processus de renaissance. La renaissance n’est pas un des aspects du bouddhisme qui tend à attirer le plus les gens de nos jours. Elle a toutefois une très grande importance, en particulier une importance historique ; elle fait partie intégrante de la totalité des enseignements bouddhiques. Des aspects différents du bouddhisme sont d’un grand intérêt à différentes périodes ; nous devrions néanmoins essayer d’atteindre un équilibre entre ces différents aspects. Ce n’est possible que si nous devenons nous-même psychologiquement et spirituellement équilibré. Si nous remarquons qu’un aspect nous attire très fortement, c’est généralement parce qu’il y a en nous un déséquilibre : un certain besoin en nous, auquel correspond cet aspect de l’enseignement. Alors que nous devenons de plus en plus équilibré, nous remarquons que c’est de moins en moins tel ou tel aspect particulier de l’enseignement qui nous attire (plus ou moins) exclusivement, mais que c’est plutôt sa totalité.

La co-production conditionnée

Le pratitya-samutpada, ou coproduction conditionnée, traite de production ou d’origine, et consiste en douze nidanas, ou maillons, en série ou en chaîne. Chacun de ces douze maillons apparaît en dépendance du précédent, ou est conditionné par celui-ci. Voilà pourquoi l’on parle de coproduction conditionnée, ou d’origine en dépendance de ces maillons, se succédant l’un après l’autre, dans la séquence.

Nous allons voir la particularité de chacun de ces nidanas. Mais, avant tout, il me faut observer que certains textes dénombrent cinq nidanas et que d’autres textes dénombrent dix nidnas, quoique douze soit le nombre normal. Nous ne devrions pas oublier l’existence de ces énumérations en cinq ou dix parties, car elles servent à nous rappeler que les listes de cette sorte ne doivent pas être prises trop littéralement. Vous ne devez penser à aucun sujet comme étant littéralement divisé en un certain nombre de parties. Vous ne devriez pas réellement penser au « chemin octuple » comme consistant très littéralement en huit parties distinctes. Ces divisions ne sont là que par commodité. Dans le cas présent, en étudiant les douze nidanas, nous devrions, grâce à eux et avec leur aide, essayer de comprendre l’esprit de la conditionnalité, plutôt que le fixer dans un cadre particulier.

L’ignorance

Le premier nidana est l’avidya (en pali : avijja), ou l’ignorance. Ce nidana est d’une certaine façon le plus important de tous les nidanas. L’avidya n’est pas tant l’ignorance dans le sens intellectuel que le manque ou la privation de la prise de conscience spirituelle, voire de la conscience spirituelle et de l’être spirituel. L’avidya, dans ce sens, est l’antithèse directe de la Bodhi, de l’Éveil. La Bodhi est le but de tout le processus de l’évolution, et particulièrement tout le processus de l’évolution supérieure. De la même façon, l’avidya représente tout ce qui s’étend derrière nous, ou en dessous de nous, dans ce processus d’évolution. Si l’Éveil représente le but, alors l’ignorance représente les profondeurs d’où nous venons. Si l’Éveil représente le sommet de la montagne, alors l’ignorance représente les vallées dont nous émergeons progressivement, et qui dorment, plongées dans l’obscurité.

Plus spécifiquement, l’avidya est faite de diverses vues fausses. Un certain nombre d’entre-elles sont spécifiées dans les textes canoniques. Il y a par exemple la vue fausse qui consiste à voir le conditionné en tant qu’Inconditionné — penser que toute chose phénoménale peut durer pour toujours. Ce n’est bien sûr pas une conviction intellectuelle, mais une supposition inconsciente : nous nous comportons comme si certaines choses allaient durer pour toujours ; nous nous y attachons donc, et sommes malheureux quand, finalement, nous devons y renoncer.

Une autre vue fausse est la croyance en un Dieu personnel, un être suprême. Le bouddhisme, comme la psychanalyse, tend à considérer la personne de Dieu comme une sorte de personne projetée du père, une représentation glorifiée du père de notre enfance, de l’aide duquel nous dépendons lorsque nous sommes en difficulté. Le bouddhisme tend à considérer une croyance de cette sorte, une dépendance de cette sorte, comme une manifestation d’immaturité spirituelle.

Qu’elles soient ou non rationalisées, diverses croyances en l’efficacité d’actions purement externes sont considérées comme étant basées sur une vue fausse. En ce qui concerne la plupart des lecteurs, dire ceci peut sembler une perte de temps et d’énergie. Mais ayant passé vingt ans en Inde, et ayant vu tant d’hindouisme populaire, je ne crois pas que dans d’autres parties du monde le dire soit une telle perte de temps et d’énergie. De nos jours encore il y a de très nombreux hindous qui, véritablement, croient que les eaux du Gange, par exemple, ont vraiment un effet purificateur. Si vous plongez dans ces eaux, alors vos péchés seront vraiment lavés. Des hindous très intelligents et très éduqués, certains ayant reçu une éducation occidentale, défendent très sérieusement et très honnêtement cette croyance.

Cela me rappelle une petite histoire au sujet de Ramakrishna, le grand mystique hindou de la fin du siècle dernier. On lui demanda un jour : « Est-il vrai, comme le disent les orthodoxes, que lorsque vous plongez dans le Gange, tous vos péchés sont lavés ? » Il n’aimait pas offenser les sentiments des orthodoxes et, en même temps, il ne voulait pas s’engager dans la croyance orthodoxe. Il dit donc à celui qui l’avait questionné : « Oui, il est bien vrai que lorsque vous plongez dans le Gange sacré, tous vos péchés sont lavés. Mais quand vous vous enfoncez dans l’eau, vos péchés prennent la forme de corbeaux et se posent sur les arbres du voisinage, et quand vous sortez de l’eau ils reviennent. » C’est ainsi qu’il se sortit de cette difficulté. Cet exemple reflète la tendance des gens à attacher de l’importance aux actes externes.

On pourrait dire que toute la Réforme inaugurée par Luther a réellement tourné autour de cette question : savoir si les observances externes ont une valeur en elles-mêmes. Dans ce cas la question était celle des indulgences et de tout l’aspect sacramentel de la religion. À cette époque, l’un des enseignements de l’Église (je pense que cela existe toujours dans l’Église catholique) était que les péchés du prêtre ne diminuent en rien l’efficacité du sacrement. Le prêtre peut pécher autant que vous pouvez l’imaginer, mais lorsqu’il administre un sacrement, l’efficacité de celui-ci n’est pas diminuée, parce que le prêtre prononce certains mots d’une certaine façon. Luther protesta contre cette sorte de vue externe de la religion.

Cette vue externe de la religion est toujours forte dans certains milieux. Il y a peu de temps, j’ai lu plusieurs comptes-rendus des réunions du récent concile du Vatican. Il est très clair que deux groupes de pères participaient à ce concile. Un groupe, plus petit, il faut l’admettre, voulait s’attacher à toutes les bonnes vieilles façons mécaniques, externes et ritualistes de considérer la religion, et l’autre groupe de pères, plus progressistes, voulait les abolir, ou au moins les modifier. Il semble que ceci soit un élément permanent du caractère religieux : essayer de traiter les choses externes, les actions, les cérémonies, les rituels et les sacrements, comme possédant une efficacité et une valeur en elles-mêmes, bien distincte de l’état d’esprit dans lequel elles sont faites. Cette sorte de croyance, quoique ostensiblement religieuse, fait réellement partie de l’absence de prise de conscience spirituelle, l’avidya.

Par-dessus tout, l’absence de prise de conscience spirituelle inclut l’ignorance de la loi de la conditionnalité universelle elle-même.

Les activités formatrices

Selon la formule trouvée dans les textes, en dépendance de l’ignorance apparaissent les activités formatrices (en sanskrit : samskaras ; en pali : sankharas). Samskara signifie littéralement « préparation » ou « mise en place ». Le mot veut dire volitions ou actes de volonté. Dans ce contexte le mot est utilisé pour signifier l’agrégat des conditions mentales qui, selon la loi du karma, sont responsables de la production, ou de la préparation, ou de la mise en place, du premier moment de conscience dans une « nouvelle » vie. Dans ce contexte le mot samskaras est souvent traduit par « activités formatrices » ; lorsqu’il apparaît dans le contexte des cinq skandhas (les cinq agrégats), il est habituellement traduit par « volitions ».

Les samskras sont essentiellement des actes de volonté liés à différents états d’esprit. Ces états d’esprit peuvent être soit « favorables », soit « défavorables » (le bouddhisme, dans ses textes originaux, évite généralement les mots comme bon et mauvais ; au lieu de ceux-ci il utilise favorable et défavorable). Les états mentaux défavorables sont ceux qui sont dominés par l’avidité, par la haine et par la confusion mentale. Les états mentaux favorables sont dominés par la générosité, l’amour et la clarté d’esprit. Tous ces actes de volonté peuvent être exprimés par le corps, par la parole et par l’esprit.

Les actes de volonté qui prennent leurs racines dans des états mentaux défavorables ont pour résultat ce qui est appelé de façon populaire une « mauvaise renaissance » ; ceux qui prennent leurs racines dans des états favorables ont pour résultat une « bonne renaissance ». Il est cependant important de noter que le bouddhisme les considère toutes deux comme prenant en fin de compte leur source dans l’ignorance. Le bouddhisme dirait que le désir d’une bonne renaissance, ou même l’effort en vue d’une bonne renaissance, est autant un produit de l’ignorance dans le sens spirituel que les actions qui mènent à une mauvaise renaissance, car le but du bouddhisme n’est pas la renaissance, pas même une bonne renaissance. Le but du bouddhisme est l’émancipation complète du cycle de l’existence conditionnée lui-même, du cycle de la naissance, de la mort et de la renaissance.

Le Bouddha donne une comparaison très pertinente de la relation entre ignorance et activités formatrices. Il dit que l’état d’ignorance est comme l’état d’ébriété, et que les samskaras sont comme les actions que vous accomplissez dans cet état. En fait, il dit que la plupart des gens, dans leurs actions quotidiennes ordinaires et même dans leurs actions religieuses conventionnelles, ne sont pas mieux, d’un point de vue spirituel, que des hommes ou des femmes ivres se comportant sottement de diverses manières. Ceci est réellement l’état de la plupart d’entre-nous. Nous sommes ivres car nous sommes « dépassés » par cette absence de prise de conscience spirituelle, et tout ce que nous faisons, disons ou pensons est d’une façon ou d’une autre le produit de cette absence de prise de conscience spirituelle. Quand un homme est soûl, tout ce qu’il fait et tout ce qu’il pense peut lui sembler clair et sage, mais n’est en fait que l’expression de son état d’ébriété ; exactement de la même façon, nous pouvons faire, dire et penser toutes sortes de choses, nous pouvons nous complaire dans toutes sortes d’activités charitables, dans toutes sortes de pratiques religieuses conventionnelles, mais tout cela est à la base l’expression d’une absence de prise de conscience spirituelle.

La conscience.

En dépendance des activités formatrices apparaît la conscience (en sanskrit : vijñana ; en pali : viññana). Ce n’est pas la conscience en général, mais la conscience dans le sens spécifique de « conscience re-liante ». Elle est appelée ainsi car elle re-lie la personne, ou la psyché, à l’organisme psychophysique de la nouvelle vie.

Selon le bouddhisme, pour que la conception d’un être humain prenne place, trois facteurs sont nécessaires. Tout d’abord, il doit y avoir une relation sexuelle. Ensuite, cela doit pour la femme être la bonne période. Enfin, il doit y avoir ce que les textes décrivent de façon populaire comme « l’être à renaître ». « L’être » représente ici le dernier moment de la conscience appartenant à l’existence précédente — en d’autres termes, la conscience re-liante. Selon l’école Théravada, il n’y a pas d’intervalle entre la mort et la renaissance suivante. Mais d’autres écoles, les Sarvastivadins, et à leur suite, les Tibétains, enseignent qu’il y a entre les deux un état intermédiaire (ceci est décrit dans Le livre tibétain des morts).

À ce point apparaît une question très importante : qui, ou qu’est-ce qui, renaîté ? C’est une question souvent posée. Les gens aiment poser des questions difficiles et, en particulier lorsque vous avez parlé de l’anatman (en pali : anatta, la doctrine du non-soi ou de la non-âme), ils pensent qu’ils sont très malins lorsqu’ils demandent : « S’il n’y a pas de soi, qui ou qu’est-ce qui renaît ? » Il y a deux extrêmes à éviter. Un extrême est de maintenir que la personne dans la vie précédente et la personne dans la vie présente sont la même personne ; si quelqu’un renaît c’est le même Thomas, Richard, Harry, Gertrude ou Marie que celui que l’on avait avant, c’est toujours le même esprit dans un nouveau corps. Ce genre de croyance est par exemple exprimé dans la Bhagavad-Gita où Sri Krishna dit : « Qu’est-ce que la renaissance ? C’est comme un changement de vêtements. Tout comme, lorsque vous vous levez le matin, vous décidez de porter de nouveaux vêtements, vous laissez de côté le vieux corps et en prenez un nouveau. » Vous vous-même, si l’on peut dire, restez inchangé.

L’autre extrême est de maintenir que la personne dans la vie précédente et la personne dans la vie présente sont des personnes très différentes. Selon cette position, le conditionnement venant du corps est si fondamental que vous ne pouvez pas parler de la même personne : c’est une personne entièrement différente. Les deux extrêmes sont donc que la personne qui renaît est la même que celle qui est morte, ou bien qu’elle est différente de celle qui est morte.

Ces deux extrêmes sont liés, historiquement, à un débat de l’Inde ancienne concernant la nature de la causalité. Il y avait (il y a en fait toujours) en Inde deux écoles. L’une, l’école Satkaryavada, soutient que la cause et que l’effet sont identiques. Ceux qui suivent cette école disent que lorsque ce que l’on appelle un effet se produit, tout ce qui s'est réellement passé, c’est que la cause a changé de forme. Ils disent, par exemple, que si l’on suppose que l’on a un tas d’or (la cause), que l’on transforme en ornements (l’effet), c’est le même or, qu’on l’appelle la cause ou l’effet : il ne fait qu’un, c’est le même, il n’est pas interrompu. L’école Asatkaryavada, elle, dit que la cause est une chose et que l’effet en est une autre. Si on les approfondit logiquement, ces deux vues, la vue Satkaryavada et la vue Asatkaryavada, rendent la causalité impossible. Si la cause et l’effet sont vraiment identiques, vous ne pouvez pas du tout parler vraiment de cause et vraiment d’effet. Si, d’un autre côté, la cause et l’effet sont tout à fait différents, quelle relation pouvez-vous faire entre eux ? Dans ce cas aussi il n’y a pas de causalité. Le bouddhisme évite toute cette discussion, la considérant comme découlant de prémisses erronées. Le bouddhisme n’enseigne ni la Satkaryavada, l’identité de la cause et de l’effet, ni l’Asatkaryavada, la différence entre la cause et l’effet, mais il enseigne le pratitya-samutpada, la conditionnalité. Il dit, de façon symbolique ou abstraite, qu’en dépendance de A apparaît B. Il dit que la relation entre les deux termes, A et B, ne peut pas être décrite en termes d’identité et ne peut pas être décrite en termes de différence : ces deux catégories, simplement, ne conviennent pas.

La même idée est aussi appliquée à la notion de renaissance. Le bouddhisme dit qu’il est inutile de se demander si c’est la même personne ou si c’est une personne différente qui renaît. Celle qui renaît n’est ni la même ni différente de celle qui est morte. Pour le dire de façon paradoxale, la position bouddhique réellement strictement orthodoxe, c’est qu’il y a une renaissance mais que personne ne renaît.

C’est pour cette raison que le bouddhisme évite les termes tels que réincarnation. L’incarnation, c’est l’entrée dans un corps ; la réincarnation, c’est l’entrée dans un corps, à nouveau. Le terme réincarnation implique, comme dans le cas du passage de la Baghavad-Gita auquel je me suis référé, que vous avez une petite âme (ou un soi fixe) qui saute dans un corps après l’autre, elle-même restant inchangée. Le terme bouddhique correct est punarbhava (en pali : punabhava), qui veut dire « devenir à nouveau », ou « re-devenir » — et pas même « renaissance ».

Le nom-et-forme

En dépendance de la conscience apparaît le nom-et-forme (nama-rupa). Ici, le nama-rupa signifie simplement le corps physique (et tout d’abord le corps physique embryonnaire) et les trois autres agrégats mentaux de sensation (vedana), perception (samjñ) et volitions (samskaras).

Les six bases

En dépendance du nom-et-forme apparaissent les six bases (en sanskrit : sadayatana ; en pali : salayatana). Les six bases sont simplement les cinq organes physiques des sens et l’esprit (qui est traité comme une sorte de sixième sens, voire de sixième organe des sens). Elles sont appelées les six bases parce qu’elles constituent les bases de notre expérience du monde extérieur.

Le contact

En dépendance des six bases apparaît le contact (en sanskrit : sparsa ; en pali : phassa). Ceci représente l’impact mutuel entre l’organe et l’objet approprié. L’œil, par exemple, entre en contact avec une forme visuelle, ce qui donne naissance au contact de l’œil. De la même façon les cinq autres sens entrent en contact avec leurs objets des sens respectifs.

La sensation

En dépendance du contact apparaît la sensation (vedana). En ce qui concerne son origine, la sensation a six formes, selon qu’elle provient du contact de l’œil, du contact de l’oreille, etc. À son tour, chacune de ces sensations a trois formes, à savoir plaisante, douloureuse ou neutre (ni plaisante ni douloureuse).

L’avidité

En dépendance de la sensation apparaît l’avidité (en sanskrit : trsna ; en pali : tanh)a. La trsna, l’avidité ou la soif, est de trois sortes : la kama-trsna, la bhava-trsna, et la vibhava-trsna. La kama-trsna est l’avidité d’expériences sensuelles. La bhava-trsna est l’avidité de la continuation de l’existence, en particulier de la continuation de l’existence au paradis, après la mort. La vibhava-trsna est l’avidité de l’annihilation ou de la mort. Cette étape particulière, dans laquelle l’avidité apparaît en dépendance des sensations, est une étape très importante, voire l’étape cruciale de toute la série, car c’est là, si l’on est capable de ne pas réagir à la sensation par l’avidité, que la chaîne peut être brisée.

L’appropriation

En dépendance de l’avidité apparaît l’appropriation (upadana). Il est intéressant de noter qu’il y a quatre sortes d’appropriation. Généralement nous ne pensons qu’en termes d’appropriation des choses matérielles, des plaisirs et des possessions. Ceci est en fait la première sorte d’appropriation : l’appropriation des plaisirs sensuels, c’est-à-dire l’appropriation des expériences plaisantes venant par l’œil, par l’oreille, par le nez, etc. Nous savons tous ce qu’elles sont, et il n’y a pas besoin d’entrer dans les détails.

Mais ensuite, en deuxième place, il y a l’appropriation des drstii. Drsti signifie littéralement « vues », mais signifie aussi opinions, spéculations, croyances, incluant toutes sortes d’opinions philosophiques et religieuses. Ceci est très significatif. Le bouddhisme représente l’appropriation de nos propres croyances et convictions comme étant malsaine. Ce n’est pas que vous ne deviez pas avoir des croyances, mais vous ne devez pas y être attaché. Vous pourriez demander : « Comment pouvez-vous dire si vous êtes attaché à vos croyances ? » C’est en fait assez facile à dire. Très souvent, lorsque vous êtes engagé dans une discussion avec quelqu’un et que vous contestez ce qu’il dit — vous refusez de l’accepter, vous voulez le discuter, pour vous ce n’est pas axiomatique — il se sent vexé ou se met même en colère. Si quelqu’un se comporte ainsi, ce n’est pas que ses opinions soient intrinsèquement ou objectivement justes ou fausses, mais c’est qu’il y est attaché. C’est cette appropriation qui est mauvaise. L’appropriation est une entrave qui nous lie à la roue de la naissance et de la mort. C’est une chose qu’il est très salutaire de se rappeler. Bien sûr, acceptez les « Trois Refuges », acceptez le karma et la renaissance, acceptez l’enseignement des cinq agrégats, acceptez l’enseignement du Bouddha au sujet de la méditation et du nirvana. Oui, acceptez tout cela. Essayez de le mettre en pratique. Mais ne vous y attachez pas : ne vous y cramponnez pas d’une manière telle que si quelqu’un vous questionne ou vous conteste, vous vous sentiez menacé et vous réagissiez d’une façon hostile et froide.

Troisièmement, il y a l’appropriation du sila et des vrata. sila veut dire éthique, et vrata observances religieuses. Une fois encore, ce n’est pas que ces choses soient nécessairement mauvaises en elles-mêmes, ce n’est pas que vous ne deviez pas vous comporter de manière éthique, que vous ne deviez pas pratiquer les « cinq préceptes ». Mais ne vous y cramponnez pas ; ne vous attachez pas à votre propre pratique des préceptes, ne pensez pas que c’est un but en soi, ne pensez pas qu’en les pratiquant vous vous différenciez des autres gens. Les pratiques elles-mêmes sont bonnes, tout comme l’étaient les croyances et les convictions, mais l’appropriation de ces pratiques, la partialité psychologique en leur faveur n’est pas bonne : c’est tout à fait mauvais.

Et, quatrièmement, il y a l’appropriation de la croyance en un soi permanent non changeant, ou âme (dans le sens chrétien orthodoxe), existant séparément des cinq agrégats.

Le devenir

En dépendance de l’appropriation apparaît le devenir (bhava). Bhava est la vie, ou l’existence, à n’importe quel niveau, en tant que conditionnée par notre appropriation.

La naissance

En dépendance du devenir apparaît la naissance (jati).

La décrépitude et la mort

En dépendance de la naissance apparaissent la décrépitude et la mort (jara-marana). Une fois que vous êtes né, rien sur cette terre ne peut vous empêcher de tomber en décrépitude, et finalement de mourir.

Voici les douze nidanas, les douze maillons de la coproduction conditionnée. Ils forment une série d’exemples concrets du principe bouddhique universel de la conditionnalité, en particulier lorsque ce principe est appliqué au processus de la renaissance.

Source: https://archive.wikiwix.com/cache/index2.php?url=http%3A%2F%2Fwww.centrebouddhisteparis.org%2FBouddha%2FLe_Dharma_du_Bouddha_%2FLes_douze_maillons%2Fles_douze_maillons.html#federation=archive.wikiwix.com

The parable of the poisoned arrow - The Shorter Instructions to Malunkya

La version française est disponible plus bas.

Often we get caught in speculation, but Buddha teachings only aim to lead us into the path of enlightenment.  This sutra illustrate this.

Thích Nhất Hạnh comments on the way the parable of the poisoned arrow illustrates Gautama Buddha's anti-metaphysical views:

The Buddha always told his disciples not to waste their time and energy in metaphysical speculation. Whenever he was asked a metaphysical question, he remained silent. Instead, he directed his disciples toward practical efforts. Questioned one day about the problem of the infinity of the world, the Buddha said, "Whether the world is finite or infinite, limited or unlimited, the problem of your liberation remains the same." Another time he said, "Suppose a man is struck by a poisoned arrow and the doctor wishes to take out the arrow immediately. Suppose the man does not want the arrow removed until he knows who shot it, his age, his parents, and why he shot it. What would happen? If he were to wait until all these questions have been answered, the man might die first." Life is so short. It must not be spent in endless metaphysical speculation that does not bring us any closer to the truth.

Sangharakshita notes that "The important thing is to get rid of the arrow, not to enquire where it came from."

The parable is considered a teaching on being practical and dealing with the situation at hand.[4][5]

Cula Malunkyovada Sutta - The Shorter Instructions to Malunkya

Translated from the Pali by Thanissaro Bhikkhu

I have heard that on one occasion the Blessed One was staying near Savatthi at Jeta's Grove, Anathapindika's monastery. Then, as Ven. Malunkyaputta was alone in seclusion, this train of thought arose in his awareness: "These positions that are undisclosed, set aside, discarded by the Blessed One -- 'The cosmos is eternal,' 'The cosmos is not eternal,' 'The cosmos is finite,' 'The cosmos is infinite,' 'The soul and the body are the same,' 'The soul is one thing and the body another,' 'After death a Tathágata exists,' 'After death a Tathágata does not exist,' 'After death a Tathágata both exists and does not exist,' 'After death a Tathágata neither exists nor does not exist' -- I don't approve, I don't accept that the Blessed One has not disclosed them to me. I'll go ask the Blessed One about this matter. If he discloses to me that 'The cosmos is eternal,' that 'The cosmos is not eternal,' that 'The cosmos is finite,' that 'The cosmos is infinite,' that 'The soul and the body are the same,' that 'The soul is one thing and the body another,' that 'After death a Tathágata exists,' that 'After death a Tathágata does not exist,' that 'After death a Tathágata both exists and does not exist,' or that 'After death a Tathágata neither exists nor does not exist,' then I will live the holy life under him. If he does not disclose to me that 'The cosmos is eternal'... or that 'After death a Tathágata neither exists nor does not exist,' then I will renounce the training and return to the lower life."

Then, when it was evening, Ven. Malunkyaputta arose from seclusion and went to the Blessed One. On arrival, having bowed down, he sat to one side. As he was sitting there he said to the Blessed One, "Lord, just now, as I was alone in seclusion, this train of thought arose in my awareness: 'these positions that are undisclosed, set aside, discarded by the Blessed One... I don't approve, I don't accept that the Blessed One has not disclosed them to me. I'll go ask the Blessed One about this matter. If he discloses to me that "The cosmos is eternal"... or that "After death a Tathágata neither exists nor does not exist," then I will live the holy life under him. If he does not disclose to me that "The cosmos is eternal"... or that "After death a Tathágata neither exists nor does not exist," then I will renounce the training and return to the lower life.'

"Lord, if the Blessed One knows that 'The cosmos is eternal,' then may he disclose to me that 'the cosmos is eternal.' If he knows that 'The cosmos is not eternal,' then may he disclose to me that 'The cosmos is not eternal.' But if he doesn't know or see whether the cosmos is eternal or not eternal, then, in one who is unknowing and unseeing, the straightforward thing is to admit, 'I don't know. I don't see.'... If he doesn't know or see whether after death a Tathágata exists... does not exist... both exists and does not exist... neither exists nor does not exist,' then, in one who is unknowing and unseeing, the straightforward thing is to admit, 'I don't know. I don't see.'"

"Malunkyaputta, did I ever say to you, 'Come, Malunkyaputta, live the holy life under me, and I will disclose to you that 'The cosmos is eternal,' or 'The cosmos is not eternal,' or 'The cosmos is finite,' or 'The cosmos is infinite,' or 'The soul and the body are the same,' or 'The soul is one thing and the body another,' or 'After death a Tathágata exists,' or 'After death a Tathágata does not exist,' or 'After death a Tathágata both exists and does not exist,' or 'After death a Tathágata neither exists nor does not exist'?"

"No, lord."

"And did you ever say to me, 'Lord, I will live the holy life under the Blessed One and [in return] he will disclose to me that 'The cosmos is eternal,' or 'The cosmos is not eternal,' or 'The cosmos is finite,' or 'The cosmos is infinite,' or 'The soul and the body are the same,' or 'The soul is one thing and the body another,' or 'After death a Tathágata exists,' or 'After death a Tathágata does not exist,' or 'After death a Tathágata both exists and does not exist,' or 'After death a Tathágata neither exists nor does not exist'?"

"No, lord."

"Then that being the case, foolish man, who are you to be claiming grievances/making demands of anyone?

"Malunkyaputta, if anyone were to say, 'I won't live the holy life under the Blessed One as long as he does not disclose to me that "The cosmos is eternal"... or that "After death a Tathágata neither exists nor does not exist,"' the man would die and those things would still remain undisclosed by the Tathágata.

"It's just as if a man were wounded with an arrow thickly smeared with poison. His friends and companions, kinsmen and relatives would provide him with a surgeon, and the man would say, 'I won't have this arrow removed until I know whether the man who wounded me was a noble warrior, a priest, a merchant, or a worker.' He would say, 'I won't have this arrow removed until I know the given name and clan name of the man who wounded me... until I know whether he was tall, medium, or short... until I know whether he was dark, ruddy-brown, or golden-colored... until I know his home village, town, or city... until I know whether the bow with which I was wounded was a long bow or a crossbow... until I know whether the bowstring with which I was wounded was fiber, bamboo threads, sinew, hemp, or bark... until I know whether the shaft with which I was wounded was wild or cultivated... until I know whether the feathers of the shaft with which I was wounded were those of a vulture, a stork, a hawk, a peacock, or another bird... until I know whether the shaft with which I was wounded was bound with the sinew of an ox, a water buffalo, a langur, or a monkey.' He would say, 'I won't have this arrow removed until I know whether the shaft with which I was wounded was that of a common arrow, a curved arrow, a barbed, a calf-toothed, or an oleander arrow.' The man would die and those things would still remain unknown to him.

"In the same way, if anyone were to say, 'I won't live the holy life under the Blessed One as long as he does not disclose to me that 'The cosmos is eternal'... or that 'After death a Tathágata neither exists nor does not exist,' the man would die and those things would still remain undisclosed by the Tathágata.

"Malunkyaputta, it's not the case that when there is the view, 'The cosmos is eternal,' there is the living of the holy life. And it's not the case that when there is the view, 'The cosmos is not eternal,' there is the living of the holy life. When there is the view, 'The cosmos is eternal,' and when there is the view, 'The cosmos is not eternal,' there is still the birth, there is the aging, there is the death, there is the sorrow, lamentation, pain, despair, and distress whose destruction I make known right in the here and now.

"It's not the case that when there is the view, 'The cosmos is finite,' there is the living of the holy life. And it's not the case that when there is the view, 'The cosmos is infinite,' there is the living of the holy life. When there is the view, 'The cosmos is finite,' and when there is the view, 'The cosmos is infinite,' there is still the birth, there is the aging, there is the death, there is the sorrow, lamentation, pain, despair, and distress whose destruction I make known right in the here and now.

"It's not the case that when there is the view, 'The soul and the body are the same,' there is the living of the holy life. And it's not the case that when there is the view, 'the soul is one thing and the body another,' there is the living of the holy life. When there is the view, 'The soul and the body are the same,' and when there is the view, 'The soul is one thing and the body another,' there is still the birth, there is the aging, there is the death, there is the sorrow, lamentation, pain, despair, and distress whose destruction I make known right in the here and now.

"It's not the case that when there is the view, 'After death a Tathágata exists,' there is the living of the holy life. And it's not the case that when there is the view, 'After death a Tathágata does not exist,' there is the living of the holy life. And it's not the case that when there is the view, 'After death a Tathágata both exists and does not exist,' there is the living of the holy life. And it's not the case that when there is the view, 'After death a Tathágata neither exists nor does not exist' there is the living of the holy life. When there is the view, 'After death a Tathágata exists'... 'After death a Tathágata does not exist'... 'After death a Tathágata both exists and does not exist'... 'After death a Tathágata neither exists nor does not exist,' there is still the birth, there is the aging, there is the death, there is the sorrow, lamentation, pain, despair, and distress whose destruction I make known right in the here and now.

"So, Malunkyaputta, remember what is undisclosed by me as undisclosed, and what is disclosed by me as disclosed. And what is undisclosed by me? 'The cosmos is eternal,' is undisclosed by me. 'The cosmos is not eternal,' is undisclosed by me. 'The cosmos is finite'... 'The cosmos is infinite'... 'The soul and the body are the same'... 'The soul is one thing and the body another'... 'After death a Tathágata exists'... 'After death a Tathágata does not exist'... 'After death a Tathágata both exists and does not exist'... 'After death a Tathágata neither exists nor does not exist,' is undisclosed by me.

"And why are they undisclosed by me? Because they are not connected with the goal, are not fundamental to the holy life. They do not lead to disenchantment, dispassion, cessation, calming, direct knowledge, self-awakening, Unbinding. That's why they are undisclosed by me.

"And what is disclosed by me? 'This is stress,' is disclosed by me. 'This is the origination of stress,' is disclosed by me. 'This is the cessation of stress,' is disclosed by me. 'This is the path of practice leading to the cessation of stress,' is disclosed by me. And why are they disclosed by me? Because they are connected with the goal, are fundamental to the holy life. They lead to disenchantment, dispassion, cessation, calming, direct knowledge, self-awakening, Unbinding. That's why they are disclosed by me.

"So, Malunkyaputta, remember what is undisclosed by me as undisclosed, and what is disclosed by me as disclosed."

That is what the Blessed One said. Gratified, Ven. Malunkyaputta delighted in the Blessed One's words.

Source: https://www.dhammatalks.org/suttas/MN/MN63.html

Cūḷa Māluṅkya Sutta — Le petit récit de Mâlunkya

Traduction du Pali par Christian Maës

Ainsi ai-je entendu.

En ce temps-là le Seigneur séjournait près de Sâvatthi, dans le bois de Jéta, au jardin d’Anâthapiṇḍika.

Or le vénérable Mâlunkyâputta qui s’était retiré dans la solitude se mit à réfléchir ainsi :

—Il y a des opinions que le Seigneur n’explique pas, qu’il laisse de côté, qu’il repousse : “le monde est éternel” et “le monde est temporaire”, “le monde est fini” et “le monde est infini”, “le principe vital” ) et le corps sont identiques” et “le principe vital et le corps sont distincts”, “le Tathâgata existe encore après la mort”, “le Tathâgata n’existe plus après la mort”, “le Tathâgata à la fois existe et n’existe pas après la mort” et “le Tathâgata ni n’existe ni n’existe pas après la mort”. Le Seigneur ne m’explique pas ces opinions, et cela ne me plaît pas qu’il ne me les explique pas, cela ne me satisfait pas. Je vais donc aller trouver le Seigneur pour lui demander ce qu’il en est.

Si le Seigneur m’explique que le monde est éternel ou qu’il est temporaire, qu’il est fini ou qu’il est infini, que le principe vital et le corps sont identiques ou qu’ils sont distincts, qu’après la mort le Tathâgata existe encore, qu’il n’existe plus, qu’il existe et n’existe pas, ou ni qu’il existe ni qu’il n’existe pas, dans ce cas je continuerai à mener la vie sainte auprès du Seigneur.

Mais si le Seigneur ne m’explique rien de tout ça, j’abandonnerai l’entraînement et retournerai à la vie inférieure des laïcs.

Le vénérable Mâlunkyâputta sortit vers le soir de sa retraite et rendit visite au Seigneur. Il le salua et s’assit convenablement. Une fois bien assis, le vénérable Mâlunkyâputta raconta au Seigneur :

—J’étais retiré dans la solitude, Seigneur, quand je me mis à réfléchir comme suit : “Il y a ces opinions que le Seigneur n’explique pas… Si le Seigneur m’explique ceci ou cela, je continuerai à mener la vie sainte auprès du Seigneur. Mais s’il ne me répond pas, j’abandonnerai l’entraînement et retournerai à la vie inférieure des laïcs.

Si le Seigneur sait que le monde est éternel, qu’il m’explique que le monde est éternel. Si le Seigneur sait que le monde est temporaire, qu’il m’explique que le monde est temporaire. Mais si le Seigneur ne sait pas si le monde est éternel ou temporaire, puisqu’il ne le sait pas et ne le voit pas, il devrait dire honnêtement qu’il ne le sait pas et ne le voit pas.

Si le Seigneur sait que le monde est fini…

Si le Seigneur sait que le principe vital et le corps sont identiques…

Si le Seigneur sait que le Tathâgata existe encore après la mort… »

—T’ai-je jamais dit : “ Viens, Mâlunkyâputta, vis la vie sainte auprès de moi et je t’expliquerai si le monde est éternel ou temporaire… ?”

—Non, Seigneur.

—M’as-tu jamais dit, toi : “Je vivrai la vie sainte auprès du Seigneur et le Seigneur m’expliquera si le monde est éternel ou temporaire… ?”

—Non, Seigneur.

—Donc, Mâlunkyâputta, je ne t’ai pas dit : “ Viens, Mâlunkyâputta, vis la vie sainte auprès de moi et je t’expliquerai si le monde est éternel ou temporaire…” et tu ne m’as pas davantage dit : “Je vivrai la vie sainte auprès du Seigneur et le Seigneur m’expliquera si le monde est éternel ou temporaire…” Ceci étant, qui es-tu, homme d’illusions, pour rejeter qui ?

Si quelqu’un disait qu’il ne vivra pas la vie sainte auprès du Seigneur tant que celui-ci ne lui aura pas expliqué si le monde est éternel ou temporaire…, il pourrait finir sa vie avant que le Tathâgata ne le lui explique.

« Prenons l’exemple, Mâlunkyâputta, d’un homme blessé par une flèche puissamment empoisonnée. Ses amis, relations, connaissances et parents lui trouvent un chirurgien, mais il dit : “Je ne retirerai pas cette flèche avant de savoir si l’homme qui m’a blessé est un noble, un brahmane, un artisan ou un serviteur ”.

Il dit aussi : “Je ne retirerai pas cette flèche avant de connaître le nom et le clan de l’homme qui m’a blessé”.

Et : “ Je ne retirerai pas cette flèche avant de savoir si l’homme qui m’a blessé a la peau noire, brune ou dorée”.

Et encore : “Je ne retirerai pas cette flèche avant de savoir dans quel hameau, village ou ville se trouve l’homme qui m’a blessé”.

Et aussi : “Je ne retirerai pas cette flèche avant de savoir de quel type est l’arc qui m’a blessé”.

Et encore : “Je ne retirerai pas cette flèche avant de savoir si la corde de l’arc qui m’a blessé est faite d’, de roseau, de tendon, de chanvre ou de plante aux feuilles laiteuses”.

Et aussi : “Je ne retirerai pas cette flèche avant de savoir si la tige de la flèche qui m’a blessé est faite de roseau sauvage ou de roseau cultivé”.

Et encore : “Je ne retirerai pas cette flèche avant de savoir si l’empenne de la flèche qui m’a blessé est en plumes de vautour, de héron, de faucon, de paon ou de mâchoire-pendante”.

Et aussi : “Je ne retirerai pas cette flèche avant de savoir si la flèche qui m’a blessé est cerclée de tendons de vache, de buffle, de daim ou de singe”.

Et enfin : “Je ne retirerai pas cette flèche avant de savoir si la flèche qui m’a blessé est une flèche simple ou un trait plus perfectionné”.

Un tel homme va finir sa vie dans l’ignorance.

De même, si quelqu’un disait qu’il ne vivra pas la vie sainte auprès du Seigneur tant que celui-ci ne lui aura pas expliqué si le monde est éternel ou temporaire…, il pourrait finir sa vie avant que le Tathâgata ne le lui explique.

« Faut-il vivre la vie sainte, Mâlunkyâputta, parce qu’on croit que le monde est éternel ? Non. Faut-il vivre la vie sainte parce qu’on croit que le monde est temporaire ? Pas davantage. Mais que l’on croie que le monde est éternel ou temporaire, il y a la naissance, le vieillissement, la mort, le chagrin, les lamentations, la douleur, l’insatisfaction et le désespoir dont je montre l’anéantissement dans la vie présente.

Faut-il vivre la vie sainte parce qu’on croit que le monde est fini… qu’il est infini… que le principe vital et le corps sont identiques… qu’ils sont distincts… qu’après la mort le Tathâgata existe encore… qu’il n’existe plus… qu’il existe et n’existe pas… ni qu’il existe ni qu’il n’existe pas ? Non, Mâlunkyâputta. Mais que l’on croie ceci ou cela, il y a la naissance, le vieillissement, la mort, le chagrin, les lamentations, la douleur, l’insatisfaction et le désespoir dont je montre l’anéantissement dans la vie présente.

Par conséquent, Mâlunkyaputta, tiens pour inexpliqué ce que je n’ai pas expliqué, et pour expliqué ce que j’ai expliqué.

Que n’ai-je pas expliqué ? Je n’ai pas expliqué si le monde est éternel ou temporaire… Pourquoi ne l’ai-je pas expliqué ? Parce que ce n’est pas utile pour atteindre le but, que ce n’est pas le départ de la vie sainte, que cela ne mène pas au désenchantement, au détachement, à la cessation, à l’apaisement, à la connaissance directe, à la pleine réalisation ni au Dénouement. Voilà pourquoi je ne l’ai pas expliqué.

Et qu’ai-je expliqué ? J’ai expliqué “ceci est le malheur”, “ceci est la source du malheur”, “ceci est la cessation du malheur” et “ceci est le chemin qui mène à la cessation du malheur”. Pourquoi l’ai-je expliqué ? Parce que c’est utile pour atteindre le but, que c’est le départ de la vie sainte, que cela mène au désenchantement, au détachement, à la cessation, à l’apaisement, à la connaissance directe, à la pleine réalisation et au Dénouement. Voilà pourquoi je l’ai expliqué. »

Ainsi parla le Seigneur.

Le vénérable Mâlunkyâputta fut satisfait des paroles du Seigneur et il s’en réjouit.

Source: https://www.buddha-vacana.org/fr/christian/mn063.html

Le cœur de la compréhension - 10. Svaha!

Svaha!

« Par conséquent, il faut savoir que la Compréhension Parfaite est un grand mantra, le plus élevé des mantra, le mantra sans égal, le destructeur de toute souffrance, l’incorruptible vérité. Un mantra de Prajñaparamita doit donc être proclamé. C’est le mantra : Gate gate paragate parasamgate bodhi svaha. »

Un mantra est quelque chose que vous prononcez quand votre corps, votre esprit et votre souffle sont à l’unisson en profonde concentration. Lorsque vous demeurez dans cette profonde concentration, vous regardez dans les choses et vous les voyez aussi clairement que vous voyez une orange que vous tenez dans la paume de votre main. En regardant profondément dans les cinq skandhas, Avalokitésvara a vu la nature de l’inter-être et a dépassé toute souffrance. Il est devenu complètement libéré. C’est dans cet état de profonde concentration, de joie, de libération, qu’il a prononcé quelque chose d’important. C’est pourquoi sa parole est un mantra.

Quand deux jeunes s’aiment, mais que le jeune homme ne l’a pas encore dit, la jeune femme attend peut-être trois mots très importants. Si le jeune homme est une personne très responsable, il veut sans doute être sûr de ses sentiments, et il peut attendre longtemps avant de les dire. Puis un jour, assis ensemble dans un parc, alors que personne d’autre n’est à proximité et que tout est calme, après qu’ils se soient longtemps tus tous les deux, il prononce ces trois mots. Lorsque la jeune femme entend cela, elle tremble car c’est une déclaration si importante. Quand vous dites quelque chose comme ça avec tout votre être, pas seulement avec votre bouche ou votre intellect, mais avec tout votre être, cela peut transformer le monde. Une déclaration qui a une telle puissance de transformation est appelé un mantra.

Le mantra d’Avalokitésvara est « Gate gate paragate parasamgate bodhi svaha. » Gate signifie parti. Parti de la souffrance à la libération de la souffrance. Parti de l’oubli à la pleine conscience. Parti de la dualité à la non-dualité. Gate gate signifie parti, parti. Paragate signifie parti jusqu’à l’autre rive. Donc ce mantra est dit d’une manière très forte. Parti, parti, complètement parti jusqu’à l’autre rive. Dans parasamgate, sam signifie tout le monde, la Sangha, l’ensemble de la communauté des êtres. Tout le monde, parti jusqu’à l’autre rive. Bodhi est la lumière à l’intérieur, l’illumination ou l’éveil. Vous la voyez et la vision de la réalité vous libère. Et svaha est un cri de joie ou d’émotion, comme « Bienvenue ! » ou « Alléluia ! » « Parti, parti, complètement parti jusqu’à l’autre rive, tout le monde est parti jusqu’à l’autre rive, illumination, svaha ! »

C’est ce que le bodhisattva a prononcé. Quand nous écoutons ce mantra, nous devrions nous mettre dans cet état d’attention, de concentration, de sorte que nous puisons recevoir la force émanée par le Bodhisattva Avalokitésvara. Nous ne récitons pas le Soutra du Cœur comme si nous chantions une chanson ou seulement avec notre intellect. Si vous pratiquez la méditation sur la vacuité, si vous pénétrez la nature de l’inter-être avec tout votre cœur, votre corps et votre esprit, vous réaliserez un état qui est assez concentré. Si vous dites alors le mantra avec tout votre être, le mantra aura du pouvoir et vous serez en mesure d’avoir une communication réelle, une communion réelle avec Avalokitésvara, et vous serez en mesure de vous transformer dans la direction de l’illumination. Ce texte n’est pas seulement fait pour être chanté ou pour être mis sur un autel pour le culte. Il nous a été donné comme un outil de travail pour nous libérer, pour la libération de tous les êtres. C’est comme un outil pour l’agriculture qui est donné pour que nous puissions cultiver. C’est le don que nous fait Avalokita.

Il existe trois sortes de dons. Le premier est le don de ressources matérielles. Le second est le don du savoir-faire, le don du Dharma. Le troisième, le type le plus élevé de don, est le don de la non-peur. Le Bodhisattva Avalokitésvara est quelqu’un qui peut nous aider à nous libérer de la peur. C’est le cœur de la Prajñaparamita.

La Prajñaparamita nous donne un terrain solide pour faire la paix avec nous-mêmes, pour transcender la peur de la naissance et de la mort, de la dualité de ceci et cela. À la lumière de la vacuité, tout est tout le reste, nous inter-sommes, tout le monde est responsable de tout qui se passe dans la vie. Lorsque vous générez la paix et le bonheur en vous-même, vous commencez à générer la paix pour le monde entier. Avec le sourire que vous produisez en vous-même, avec la respiration consciente que vous établissez, vous commencez à travailler pour la paix dans le monde. Sourire n’est pas que sourire pour vous-même ; le monde va changer à cause de votre sourire. Lorsque vous pratiquez la méditation assise, si vous l’appréciez ne fut-ce qu’un instant, si vous établissez la sérénité et le bonheur à l’intérieur de vous, vous fournissez au monde une base solide pour la paix. Si vous n’êtes pas en paix, comment pouvez-vous la partager avec les autres ? Si vous ne commencez pas le travail de paix avec vous-même, où le commencerez-vous ? S’asseoir, sourire, regarder les choses et les voir vraiment, voilà la base du travail pour la paix.

Hier, dans notre retraite, nous avons fait une soirée mandarine. Chacun s’est vu offrir une mandarine. Nous mettions la mandarine sur la paume de notre main et la regardions, en respirant de telle façon que la mandarine est devenue réelle. La plupart du temps quand nous mangeons une mandarine, nous ne la regardons pas. Nous pensons à beaucoup d’autres choses. Regarder une mandarine est voir la fleur se transformant en fruit, voir la lumière du soleil et la pluie. La mandarine dans notre paume est la merveilleuse présence de la vie. Nous pouvons vraiment voir cette mandarine et sentir sa fleur et la terre chaude et humide. Au fur et à mesure que la mandarine devient réelle, nous devenons réels. La vie à ce moment-là devient réelle.

En pleine conscience, nous avons commencé à éplucher notre mandarine et à sentir son parfum. Nous avons pris soigneusement chaque quartier de la mandarine et l’avons mis sur notre langue, et nous avons senti que c’était une vraie mandarine. Nous avons mangé chaque partie de la mandarine en pleine conscience jusqu’à nous ayons fini tout le fruit. Manger une mandarine de cette façon est très important car à la fois la mandarine et le mangeur de la mandarine deviennent réels. Cela, aussi, est le travail de base pour la paix.

Dans la méditation bouddhiste, nous ne luttons pas pour le genre d’illumination qui se produira dans cinq ou dix ans. Nous pratiquons pour que chaque instant de notre vie devienne une vraie vie. Et, par conséquent, lorsque nous méditons, nous nous asseyons pour nous asseoir ; nous ne nous asseyons pas pour autre chose. Si nous restons assis vingt minutes, ces vingt minutes devraient nous apporter joie, vie. Si nous pratiquons la méditation en marchant, nous marchons juste pour marcher, pas pour arriver. Nous devons être vivants à chaque pas, et si nous le sommes, chaque pas nous ramène la vraie vie. Le même genre de pleine conscience peut être pratiqué lorsque nous mangeons notre petit déjeuner ou lorsque nous portons un enfant dans nos bras. Se prendre dans les bras est une coutume occidentale mais nous les orientaux voudrions y ajouter la pratique de la respiration consciente. Lorsque vous tenez un enfant dans vos bras, ou embrassez votre mère ou votre mari ou votre ami, inspirez et expirez trois fois et votre bonheur sera multiplié par au moins dix. Et quand vous regardez quelqu’un, regardez-le vraiment avec la pleine conscience et pratiquez la respiration consciente.

Au le début de chaque repas, je recommande que vous regardiez votre assiette et récitez en silence, « Mon assiette est vide maintenant, mais je sais qu’elle sera remplie d’aliments délicieux dans un instant. » Tout en attendant d’être servi ou de vous servir vous-même, je suggère que vous preniez trois respirations et regardiez encore plus profondément : « En ce moment, beaucoup, beaucoup de gens autour du monde tiennent également une assiette mais la leur sera vide pendant longtemps. » Quarante mille enfants meurent chaque jour à cause du manque de nourriture. Et je parle seulement des enfants. Nous pouvons être très heureux d’avoir une nourriture délicieuse, mais nous souffrons aussi parce que nous sommes capables de voir. Mais quand nous voyons de cette façon, cela nous rend sains d’esprit parce que la voie devant nous est claire — la manière de vivre afin que nous puissions faire la paix avec nous-mêmes et avec le monde. Lorsque nous voyons le bien et le mal, les merveilles et la souffrance profonde, nous devons vivre de telle manière que nous puissions faire la paix avec nous-mêmes et avec le monde. La compréhension est le fruit de la méditation. La compréhension est la base de tout.

Chaque respiration que nous prenons, chaque pas que nous faisons, chaque sourire que nous réalisons est une contribution positive à la paix, un pas nécessaire vers la paix du monde. À la lumière de l’inter-être, la paix et le bonheur dans votre vie quotidienne signifient la paix et le bonheur dans le monde.

Merci d’être si attentif. Merci d’avoir écouté Avalokitésvara. Parce que vous êtes là, le Sutra du Cœur est devenu très facile.


Wednesday, 23 March 2022

In love with the World - 5. Letting Wisdom Arise

Contributors

Chloé, Paolo

Change and awareness

  • The inherent nature of everything is change. It’s our preoccupation with a problem that nails it in place.
  • Awareness is the essence of our existence, it is always within reach, but we don’t always recognize that.
  • A Tibetan legend tells the story of a poor family who lived in a mud hovel. One day a treasure hunter came to their house and saw that the rocks they had in their fire pit were laced with diamond crystals. They became wealthy landowners – they had been rich all along but had not known it. “Our awareness is our greatest treasure and we already have it, but we do not know it.
  • Right here right now is where the suffering arises. Between the sound and the projection, between things as-they-are and things as-we-want-them-to-be. This is what the Buddha taught: To misperceive reality is to suffer.

Ego

  • Ego is not an object, but a process— tendency for grasping, for holding on to fixed ideas and identities - what we call ego is really an ever-changing perception – it is NOT a THING
    • Don’t want or need to be in combat with ego— just strengthens the illusion that it exists – it never existed in the first place
    • The ego self is a process, roles we grow into and we need to grow out of 
    • Parts of ego = healthy— intuitive sense of right and wrong
  • Deepening understanding of emptiness → “dropping from the intellectual head to the experiential, feeling heart”
  • The unpleasant experience on the train is an opportunity to go into a meditation starting with simply breathing first than contemplative reflection and accepting change and just letting it be ….
  • Being able to observe and have perspective of “waves”/disturbances of the ocean without being afraid, threatened — a dynamic equilibrium of sorts

Questions

  • Which roles and ideas contribute most to form an impression of solid, enduring, unchanging identity in your ego?   
  • Can you explain if and how you perceive that you are not “the size and shape of your worries”?

Meditation

Impermanence


Saturday, 19 March 2022

Le cœur de la compréhension - 9. Liberté

 Liberté

« Parce qu’il n’y a pas d’accomplissement, les bodhisattvas, soutenus par la Perfection de la Compréhension, ne trouvent aucun obstacle dans leurs esprits. N’ayant aucun obstacle, ils dépassent la peur, se libèrent à jamais de l’illusion et réalisent le Nirvana parfait. Tous les bouddhas du passé, du présent, et l’avenir, grâce à cette Compréhension Parfaite, arrivent à l’Éveil complet, juste et universel. »

Ces obstacles sont nos idées et concepts concernant la naissance et la mort, la souillure, l’immaculât, la croissance, la décroissance, au-dessus, en dessous, à l’intérieur, à l’extérieur, Bouddha, Mara, et ainsi de suite. Une fois que nous voyons avec les yeux de l’inter-être, ces obstacles sont supprimés de notre esprit et nous dépassons la peur, et ainsi nous sommes libérés à jamais de l’illusion et nous réalisons le Nirvana parfait. Une fois que la vague réalise qu’elle est seulement de l’eau, qu’elle n’est rien d’autre que l’eau, elle se rend compte que la naissance et la mort ne peuvent lui faire aucun mal. Elle a transcendé tous les types de peurs et le Nirvana parfait est l’état de non-peur. Vous êtes libéré, vous n’êtes plus soumis à la naissance et à la mort, à la souillure et à l’immaculât. Vous êtes libre de tout cela.


Tuesday, 15 March 2022

In love with the world - 4. Impermanence and Death

Contributors

Carmela, Christophe

Reminder of chapter 3 key points

Break through our conditioning and confront old habits.

Content of the session

Key points

  • Impermanence & emptiness (Chiwa mitakpa!)
  • Interpretive mind & grasping
  • Small deaths & fluidity
Impermanence: everything is constantly changing. Chiwa mitakpa! Apply the certainty of impermanence to ourselves.

Emptiness: things are not as solid and real as they seem. Keep the view as vast as space. Keep your actions as fine as flour.

Interpretive mind & grasping
  • Getting hooked by a story means that we have lost touch with awareness.
  • Holding misconceptions in place with a rigid mind is the same as grasping.
The body is home of the grasping mind

Small deaths & fluidity
  • For transformation to occur at the deepest levels, we do not just acknowledge the continuity of change; we recognize that the process of dying and regeneration underlies the truth of impermanence.
  • The death of the small self cannot be accomplished in a lasting or effective way if we deny or circumvent the fear of physical death.

Nothing endures but change, and accepting this has the potential to transform the dread of dying into joyful living.

Questions

  1. Can you recollect a situation where you clearly saw that your interpretive mind/your grasping mind was shaping your reality?
  2. Can you identify some small deaths in your own life? How did you or how can you use these to become a more open and compassionate person?

Meditation

Five aspects of impermanence