Wednesday, 28 December 2022

Et si vous m'expliquiez le bouddhisme ? - L'histoire des filles du roi Krika

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L'histoire des sept filles du roi Krika montre des exemples de personnes médiocres, qui ne s'intéressent qu'à leur propre paix.

Leur histoire se déroule ainsi :

À l'époque de Bouddha Kashyapa, il y avait un roi nommé Krika de nature très gentille. Il avait toutes de qualités excellentes et une confiance imperturbable en le Bouddha. Ce roi avait sept filles avec de qualités des déesses. Par leur grande accumulation de vertus dans leurs vies précédentes, elles avaient réalisé pleinement que toute richesse et tout bonheur temporaires du samsara n'ont pas d'essence, sont très temporaires et de la même nature que le samsara. Elles avaient une grande dévotion et un grand respect pour leurs parents.

Un jour, elles s'approchèrent du roi, leur père, et se prosternèrent à ses pieds. « S'il vous plaît, » dirent-elles, « accordez-nous votre permission pour aller dans un endroit solitaire et éprouver des difficultés afin que nous puissions renoncer au samsara, qui est une souffrance grande sans fin. » En raison de sa grande affection pour ses filles, le père-roi ne pouvait pas comprendre qu'elles voulaient se rendre dans un endroit effrayant et solitaire pour éprouver des difficultés et il refusa sa permission.

Les filles lui dirent : « Toi, père, tu as toujours une grande compassion et penses au bien-être et au bénéfice de tous les êtres. Pourquoi pas aussi pour nous ? Même si nous restons avec toi maintenant, il est sur que sans choix un jour nous devrons nous séparer. Par conséquent, afin que nous réalisions l'état ultime de paix, donnez-nous s'il vous plaît la permission d'y aller. » En raison du grand amour et affection pour ses filles, le père devint très triste. En les regardant, il dit : « Pourquoi voulez-vous aller au cimetière, un endroit effrayant, et renoncer à tout confort luxueux du royaume ? Pourquoi voulez-vous éprouver des difficultés en renonçant à vos parents aimants et compatissants ? »

Toutes les filles lui dirent : « Ces parents et cette famille aimants et compatissants demeurent dans l'état relatif. Vous n’êtes pas au-delà de la souffrance du samsara. Pourquoi devrions-nous nous attacher à la famille, aux parents et aux amis ? Toute la richesse et le confort du samsara sont comme une illusion ou un rêve. Nous ne les admirons pas et ne nous y attachons pas. S'il vous plaît, essayez de ne pas rompre notre engagement à atteindre la paix ultime. »

Leur père leur dit : « Ce n'est pas le moment d'aller dans ces endroits. D'abord, profitez de tout le confort et de la richesse du royaume et plus tard, vous pourrez rencontrer ces épreuves. » Comme ça, il donna sa bénédiction. Les jeunes filles étaient très malheureuses. Bien que leur père leur avait dit de profiter de la richesse, du luxe et du confort du royaume, elles les considéraient comme du poison. Alors encore une fois, elles supplièrent : « Si vous avez beaucoup d'amour et de compassion, s'il vous plaît, permettez-nous d'atteindre la paix indomptable, la paix ultime. S'il vous plaît, permettez-nous d'y aller. »

Même s'il n’aimait pas la position de ses filles, il pensait qu'il n'était pas juste d'entraver leur confiance et leur dévotion pour l'enseignement du Bouddha. Finalement, le roi leur donna sa permission et les filles dévernirent très heureuses. Elles enlevèrent tous leurs ornements et guirlandes, parfums et bijoux, tous leurs vêtements luxueux et s’habillèrent seulement avec des haillons. Très apaisées, elles se dirigèrent vers le cimetière.

Après un long voyage, elles arrivèrent dans un cimetière effrayant et glacial. Il y avait des cadavres partout, dont certains étaient secs, d'autres frais. Les vautours et les corbeaux dévoraient les corps, arrachant les yeux, la bouche et le ventre. Toute la crasse sortait des corps, pleins d'asticots. Les charognards mangeaient les intestins, les tirant par ici et par là. Il y avait du sang partout et l'odeur de crasse était omniprésente. Il y avait des centaines, des milliers de cadavres. Différents animaux comme les hiboux faisaient un bruit effrayant ; les serpents, les grenouilles et les loups se promenaient partout. C'était un endroit effrayant et très dangereux où d'habitude personne supportait y rester. Mais quand les filles arrivèrent, elles étaient très heureuses de s'y installer.

Indra était très heureux de les voir méditer et apparut devant elles en disant : « Comme c'est merveilleux que vous toutes les sœurs ayez renoncé au royaume comme s'il s'agissait d'un tas d'herbe et que vous pratiquiez la méditation à travers les épreuves comme le faisaient les grands maîtres du passé. Comme c'est merveilleux ! S'il vous plaît, faites-moi savoir si vous avez besoin du luxe ou du confort du royaume divin. »

Toutes les filles dirent : « Nous n'admirons pas la richesse du samsara. Toutes ces choses sont assujetties au changement et à la dissolution. Ce sont de la nature du samsara. Nous les avons abandonnées afin d'atteindre la paix ultime, libérée de la souffrance de la naissance, de la vieillesse, de la mort et d'autres souffrances. Nous suivons le chemin des grands pratiquants du passé, persévérant dans les épreuves. Si vous, Indra, pouvez nous donner des réalisations, alors donnez-nous la réalisation suprême qui ne peut pas être détruite. »

Indra était très impressionné. Les poils de son corps se dressèrent quand il pensa : « Comme c'est merveilleux et étonnant ! Elles n'ont aucun attachement à la richesse et ni au confort. » Il continua ainsi : « Je n'ai pas la capacité de vous donner la réalisation suprême. Mais, si vous me dites simplement quelles choses je peux vous donner, elles vous seront accordées sans effort. »

Les filles n'étaient pas si contentes de ça. « Toi qui as mille yeux, ton esprit est attaché au désir. Toi et ce que tu peux donner sont deux choses différentes. Comment peux-tu dire que tu accordes des réalisations ? Comment un homme saisi par le fort courant d'un fleuve peut-il en libérer d'autres qui sont pris par le fleuve ? Vos mots ne sont que ceux de l'ignorance. » Elles dirent cela et plus encore. Avec un sentiment de grand émerveillement, Indra retourna au Royaume Divin des Trente-trois.

Comme auparavant, les filles ont médité dans ces rudes conditions avec la paix et le calme qui arrivent en renonçant à tout attachement pour l’entièreté du samsara. En raison de ces épreuves, de leur confiance et de leur non-attachement, elles ont finalement été libérées de l'océan de souffrance du samsara.

(*) Traduit du « THE JEWEL ORNAMENT OF LIBERATION » édition en anglais par Khenpo Konchog Gyaltsen Rinpoche

The Story of King Krika's Daughters

The story of seven daughters of King Krika shows examples of mediocre people, who are interested only in their own peace. 

Their story goes this way:

During the time of Buddha Kashyapa, there was a King Krika who was naturally gentle.  He had all excellent qualities and indivisible confidence in Buddha.  That king had seven daughters whose qualities were like those of goddesses.  Due to their great accumulation of virtue in their previous lifetimes, they fully realized that all temporary wealth and happiness in samsara have no essence, are very momentary, and are not beyond the nature of samsara.  They had great devotion and respect for their parents.

One day they approached the king, their father, and did prostrations to his feet.  "Please," they said, "grant us permission to go to a solitary place and experience hardship so we can renounce the nature of samsara, which is great and endless suffering." Because of his great affection for his daughters, the father-king could not comprehend their going to a fearful, solitary place for hardship and refused his permission.

The daughters said, "You, father, always have great compassion in your mind for the welfare and benefit of all sentient beings.  Why not for us also?  Even if we stay with you for the time being, it is definite that one day we will have to separate without choice.  Therefore, in order for us to realize the ultimate state of peace, please give us permission to go." Because of his great love and affection for his daughters, the father was depressed.  Looking at them, he said, "Why do you want to go to the cemetery, a fearful place, and give up all the luxurious comfort of the kingdom?  Why do you want to face hardships by giving up your loving and compassionate parents?"

All the daughters said, "These loving, compassionate parents and family just abide in the relative state.  They are not beyond the suffering of samsara.  Why should we attach to family, relatives, and friends?  All the wealth and comforts of samsara are like an illusion or dream.  We do not admire or attach to them.  Please try not to break our commitment to achieve the ultimate peace."

Their father said, "For now, it is not the time to go to those places.  First, enjoy all the comforts and wealth of the kingdom and later you can practice hardship." With that, he gave his blessing.  The young daughters were completely unhappy.  Though their father told them to enjoy the wealth, luxuries, and comfort of the kingdom, they saw them as poison.  So again, they begged, "If you have great love and compassion, please allow us to attain indomitable peace, ultimate peace.  Please allow us to achieve that."

Even though he was not happy with his daughters' position, he also thought that it was not right to hinder their confidence in and devotion for the Buddha's teaching.  Finally, the father gave his permission, and the daughters were very happy.  They removed all their ornaments and garlands, fragrances, and jewel ornaments, all their luxurious clothes and just wore rags.  In a peaceful manner they proceeded to journey to the cemetery.

After a long trip, they arrived in a fearful, chilly cemetery.  There were dead bodies all over the place, some of which were dry, some fresh.  Vultures and crows were eating the bodies, picking out the eyes, mouths, and stomachs.  All the filth was coming out of the bodies, which were full of maggots.  Scavengers were eating the intestines, drawing them here and there.  There was blood everywhere and the smell of filth pervaded.  There were hundreds and thousands of dead bodies.  Different animals like owls made a chilling sound; snakes, frogs, and wolves wandered around.  It was a place full of fear and danger where usually one could not stand to be.  But when the daughters arrived, they were very pleased to settle in that place.

Indra was very pleased to see them mediating and appeared in front of them saying, "How wonderful that all you sisters have renounced the kingdom like it was a heap of grass and that you are practicing meditation through hardship in accordance with the previous great masters.  How wonderful this is!  Please let me know if you need any luxuries or comforts from the god realm."

All the daughters said, "We do not admire the wealth of samsara.  These things are all subject to change and dissolution.  These are of the nature of samsara.  We have dropped these in order to achieve the ultimate peace free from the suffering of birth, aging, death, and other sufferings.  We follow the path of the previous great practitioners, persevering in hardship.  If you, Indra, can give us achievements, then give us the supreme achievement that cannot be destroyed."

Indra was very impressed.  The hairs of his body stood on end as he thought, "How wonderful and amazing!  They have no attachment to such great wealth and comfort." He continued this way, "I do not have the ability to give you the supreme attainment.  But, if you just tell me what things I can give you, they will be granted without effort."

The girls were not so happy with that.  "You who have a thousand eyes, your mind is attached to desire.  You and what you can give are two different things.  How can you say you grant attainments?  How can a man seized by a river's strong current liberate others who are taken by the river?  Yours are just the words of ignorance." They said this and more.  With a feeling of marvelous amazement, Indra went back to the God Realm of the Thirty-three.

As before, the daughters meditated in hardship with the peace and calm that come by renouncing all attachment for samsara's entirety.  Because of their hardship, confidence, and nonattachment, they were eventually freed from the ocean of suffering of samsara.


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